[Film] La Famille Asada, de Nakano Ryôta (2020)

Dans la famille Asada, chacun a un rêve secret : le père aurait aimé être pompier, le grand-frère pilote de formule 1 et la mère se serait bien imaginée en épouse de yakuza ! Masashi, lui, a réalisé le sien : devenir photographe. Grâce à son travail, il va permettre à chacun de réaliser que le bonheur est à portée de main.


Avis de Rick :
Tourné en 2020 pour une sortie au Japon en Octobre de la même année, La Famille Asada nous sera finalement arrivé en France en Janvier 2023. Mieux vaut tard que jamais. Pauvre cinéma Japonais souvent délaissé. La Famille Asada, c’est l’adaptation de la vie de Asada Masashi, personnage réel donc, photographe, et le film va en particulier s’axer sur deux éléments importants de sa vie, dont l’un mettant en scène un élément qui aura marqué le Japon, et le monde même de manière générale, celui du fameux mois de Mars 2011. Vous voulez rire ? C’était le mois où je prévoyais de partir au Japon avec une amie pour la première fois… La Famille Asada pourrait donc partir dans le drame pur et dur, le film larmoyant. Mais non, loin de là, nous sommes là clairement devant un feel good movie. Découpé en deux parties, la première nous montrera les premiers pas de notre photographe, Masashi, jusqu’à la sortie de son premier album, mettant en vedette… sa propre famille. Car Masashi, il a l’œil, mais pour pouvoir bosser correctement, il lui faut du contexte, il lui faut l’étincelle. Et sa première étincelle, il l’aura véritablement lorsqu’il commencera à mettre en scène sa propre famille, en prenant des clichés mettant en avant les rêves des uns et des autres. Le père rêvait d’être pompier, la mère trouvait les yakuzas et autres chefs de clans cool, et voilà que les photos s’enchaînent, avec humour, ou plutôt avec légèreté, et le récit nous embarque avec cette famille durant deux heures. Ou du moins, pendant la première heure, qui évolue dans un ton très léger, mais sans grossir le trait, restant crédible, nous mettant vraiment aux côtés de cette famille Japonaise typique, avec ses valeurs, ses traditions, et les petits riens qui rappellent que oui, nous sommes bien au Japon.

On trouve cette famille qui reste unie quoi qu’il arrive, avec les enfants qui restent vivre chez leurs parents, on trouve ces personnages effrayés ou du moins surpris en voyant Masashi et ses deux bras tatoués comme s’il venait d’un clan yakuza. Et il y a cette relation, simple, amusante, presque touchante, platonique, mais réaliste et crédible entre Masashi et son amie d’enfance, chez qui il s’installera en délocalisant à Tokyo, en espérant que la chance tourne et qu’il puisse enfin se lancer dans la photographie de manière plus sérieuse. Ce qui arrivera donc avec la publication d’un livre de photos, quelques prix, et fatalement… le drame, alors que Masashi avait trouvé sa voie, pouvait enfin gagner sa vie en prenant des photos de familles originales, voilà que Mars 2011 apparaît, et change le pays et ses habitants, en traumatise certains, en endeuille d’autres… On aurait pu craindre que le film aille alors dans le drame larmoyant facile ou manque encore une fois de recul pour mettre ses événements en avant (Himizu de Sono Sion incluait l’événement de manière plutôt artificielle, Fukushima 50 était sympathique mais trop académique). Mais étonnement, La Famille Asada évite tout ça, car s’il ne recule pas devant le drame, avec l’exploration de quelques villes détruites, des aides aux plus démunis, avec ses familles déchirées et autres pertes humaines, il n’en oublie pas sa ligne de conduite, et n’en oublie pas qu’il est un film optimiste avant tout autre chose. Et grand bien lui en a pris. Voir Masashi alors mettre sa vie en pause pour faire du bénévolat et aider les habitants victimes de l’événement à se relever, et à se souvenir de ce qui compte pour eux, en retrouvant et nettoyant les photos laissées derrière le tsunami, tout cela a quelque chose d’inspirant.

Cette envie d’aider son prochain, de redonner le sourire via des photos, et donc par extension via des souvenirs. Oui c’est inspirant. Le film n’en fait jamais trop, les moments purement comiques fonctionnent et s’insèrent très bien dans le récit, et l’on croit facilement à la relation entre les différents personnages, que ce soit l’amitié plus ou moins amoureuse de longue date entre Masashi et Wakana, où l’amitié naissant un peu par hasard entre Masashi et Yosuke Ono, tout deux venus aider à leur niveau la population. Et puis bien entendu, il y a le reste de la famille Asada, avec les parents, toujours positifs et souriants, et le grand frère, Tsumabuki Satoshi que l’on voit un peu partout depuis des années, dans It Comes, Museum, Villain, For Love’s Sake, et même à Taïwan dans le soporifique The Assassin. Enfin, pour ce que je me souviens du film, mais son nom y est ! Les acteurs se donnent à fond, sont crédibles, et parviennent à rendre toute cette galerie de personnages pourtant si simple oh combien attachante. Non, vraiment, La Famille Asada n’invente rien, on ne criera jamais au chef d’œuvre de mise en scène, au scénario qui changera votre perception de la vie, mais on y passe un excellent moment, léger, et au bout de ses deux heures, on se sent bien tout simplement. On pourra certes se dire que parfois, tout le monde se met en quatre pour Masashi et que ça en devient absurde, mais ça aussi, on l’accepte, à moins de faire une fixation dessus. Et on a limite envie de se mettre à la photo après coup !

LES PLUS LES MOINS
♥ Un film feel good
♥ Une galerie de personnages attachante
♥ Ça n’en fait jamais trop dans le drame
♥ Amusant sans jamais paraitre forcé
♥ Un excellent casting
⊗ Il est vrai que le parcours de Masashi est limite trop facile
note6
Si La Famille Asada ne révolutionne rien et a quelques facilités, on ne peut pas lui retirer son côté léger et attachant qui rend les péripéties de notre photographe savoureuses, et on sort de la séance avec un sourire.


Titre : La Famille Asada – 浅田家! – Asada-ke!
Année : 2020
Durée :
2h07
Origine :
Japon
Genre :
Comédie Dramatique
Réalisation :
Nakano Ryôta
Scénario :
Nakano Ryôta et Kanno Tomoe
Avec :
Ninomiya Kazunari, Fubuki Jun, Tsumabuki Satoshi, Hirata Mitsuru, Kuroki Haru, Suda Masaki, Watanabe Makiko, Kitamura Yukiya et Nonami Maho
The Asadas (2020) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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