[Film] Initial D, de Andrew Lau et Alan Mak (2005)


Takumi Fujiwara est un jeune livreur de tofu qui se découvre des aptitudes au pilotage dans les routes sinueuses de montagne. Les pilotes confirmés du coin ne tardent pas à le défier.


Avis de Laurent :
Andrew Lau n’est pas un novice dans le film motorisé. En effet, son sympathique (mais un peu mou) Legend of Speed datant de 1999 marquait les rares incursions des cinéastes de Hong Kong dans un genre très codifié. Que ce soit les Moment of Romance ou Legend of Speed, ces films s’appuient essentiellement sur le côté sentimental et les situations romantiques plutôt que sur l’aspect mécanique. Initial D (adaptation d’un manga et d’un animé japonais à succès) remet les pendules à l’heure en concurrençant directement les Fast & Furious ainsi que leurs ersatz dans l’utilisation de tous les stéréotypes du genre. Un casting branché, une bande son teintée R n’B, des effets de montages épileptiques … Initial D est typiquement le genre de blockbuster à mettre sur la touche un public exigent. Pour apprécier ce type de film à sa juste valeur, mieux vaut se mettre dans la peau du spectateur visé par la production.

Vous voilà donc jeune ado de 14 ans éventuellement propriétaire d’un magnifique 103SP tuné. Initial D raconte les aventures de Takumi Fujiwara (Jay Chou), jeune livreur de tofu qui se découvre des capacités de pilotage hors du commun. Takeshi Nakazato (Shawn Yue) et Ryousuke Takahashi (Edison Chen) ne vont pas tarder à le défier pour enfin savoir qui est l’as du volant sur les routes de montagnes. Voilà le type de scénario qui ne fait pas particulièrement dans la dentelle. On retrouve pour transposer tout ça à l’écran le fameux duo Andrew Lau et Alan Mak reconnus mondialement dans leur miraculeuse série des Infernal Affairs. Andrew Lau est probablement l’homme de la situation. En effet, sa filmographie plaide pour lui dans ce type de projets pour teenagers. La série des Young and Dangerous a montré son talent (ou non-talent) à imposer ses jeunes acteurs plus ou moins insupportables dans l’industrie de Hong Kong. On pense de suite à Ekin Cheng et son jeu monoexpressif … Edison Chen et Shawn Yue en sont les héritiers directs. Ils seront associés pour la première fois à l’écran à Jay Chou superstar de la pop taïwanaise qui propose un jeu pour le moins limité mais correspondant à son personnage timide et introspectif. Tout à l’opposé, le rôle de son père Bunta est interprété par le monstre Anthony Wong toujours aussi cramé du ciboulot et alcoolique à ses heures perdues. Rien à ajouter, sans forcer son talent (faut bien cachetonner de temps en temps), il reste toujours aussi nonchalant mais c’est bien pour ça qu’on l’aime. Dommage qu’il ne prépare pas son tofu avec le même amour que ses buns dans Ebola Syndrome. Le reste du casting alterne le correct et l’insupportable (Chapman To est abominable de cabotinage).

Au niveau de la réalisation, le duo Andrew Lau et Alan Mak nous livre une overdose d’effets de montage (ralentis, cuts, arrêts sur image, accélération, etc. …) qui restent parfaitement dans l’esprit du film avec une utilisation adaptée des effets spéciaux numériques. Si vous êtes allergiques à tous ces cinéastes qui ont fait école dans l’univers du clip musical, vous pouvez passer votre chemin au risque de terminer avec un mal de crâne sans commune mesure. Les autres, à condition de jouer le jeu du spectateur préado, vous apprécierez cette débauche d’énergie dans les très nombreuses scènes de courses avec une très bonne utilisation de l’univers sinueux de ces routes montagneuses. En effet, le résultat est plutôt très bon dans son genre et paraît-il très fidèle au manga et à l’animé qui ont inspiré cette adaptation live. Le gros point négatif concerne l’immersion du spectateur dans cet univers japonais campé par des acteurs hongkongais et taïwanais avec des têtes de hongkongais et taïwanais, et surtout qui parlent cantonais ! Même l’actrice japonaise Anne Suzuki est doublée en cantonais. Bref, une impression bien désagréable qui gâche en partie le plaisir.

LES PLUS LES MOINS
♥ Mise en scène énergique…
♥ Anthony Wong
♥ Les scènes de course
⊗ …mais très clipesque
⊗ Cliché sur cliché
⊗ Jeu limité de certains acteurs
Bref un film à voir si vous avez moins de 16 ans. Les autres passeront leur chemin…



Titre : Initial D / 頭文字D
Année : 2005
Durée : 1h45
Origine : Hong Kong
Genre : Action / Romance
Réalisateur : Andrew Lau, Alan Mak
Scénario : Felix Chong

Acteurs : Jay Chou, Chapman To, Suzuki An, Anthony Wong, Kenny Bee, Edison Chen, Shawn Yu, Jordan Chan, Tsumura Kazuyuki, Abe Tsuyoshi, Tanaka Chie

 Initial D (2005) on IMDb


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Auteur : Laurent

Un des membres les plus anciens de HKmania. N'hésite pas à se délecter aussi bien devant un polar HK nerveux, un film dansant de Bollywood, qu'un vieux bis indonésien des années 80. Aime le cinéma sous toutes ses formes.
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