[Film] Hellraiser, de David Bruckner (2022)

Une jeune femme aux prises avec une dépendance entre en possession d’une ancienne boîte à puzzle, ignorant que son but est d’invoquer les cénobites, un groupe d’êtres surnaturels sadiques d’une autre dimension.


Avis de Rick :
Hellraiser et moi, c’est une longue histoire d’amour, qui a débutée alors que j’étais sans aucun doute bien trop jeune pour prendre pleinement conscience de tout ce qui se déroulait devant mes petits yeux innocents. Oui, alors qu’à six ou sept ans, les enfants sont traumatisés par la mort de la mère de Bambi, moi je voyais Julia ramener des hommes pour que Frank retrouve une peau et puisse fuir les cénobites. Chacun son truc vous me direz. Et du coup, Hellraiser, au cinéma en tout cas, si on ne va pas se mentir car la série est dans le purgatoire des DTV depuis le quatrième opus (qui date de 1996 hein, quand même, et que j’avais réussi à voir en salles à l’époque), c’est un de mes univers favoris. En fait oui, voilà, plus que les films, car c’est souvent bien pourri depuis le troisième opus, c’est l’univers qui me passionne. Les cénobites oui, mais aussi la configuration des lamentations, le labyrinthe, Leviathan, ceux qui parviennent à revenir de l’enfer, et évidemment, Julia, cette garce que l’on adore suivre dans les deux premiers opus, un peu à l’image de Diana dans les téléfilms V au début des années 80. Hellraiser, ça a échappé à Clive Barker dés le troisième opus, et entre les mains de Dimension Films et des frères Weinstein, c’est tombé dans l’enfer des DTV et surtout dans l’enfer des films fauchés qui débarquent tous les cinq ans juste pour s’assurer qu’ils conservent les droits. L’idée d’un remake ou d’un reboot, elle n’est pas nouvelle, elle date même du milieu des années 2000, les réalisateurs se sont succédés, Clive Barker lui-même avait écrit une version du scénario, mais au final, oui, rien. Jusqu’au scandale Weinstein, que les droits soient récupérés par Spyglass Pictures, que l’annonce d’un reboot soit là, et que le tout ne soit officiellement scellé par un Hulu Originals. Et donc, chez nous, un film Disney + sans doute bientôt, tout comme Prey durant le mois d’Août. L’ironie de tout ça, c’est qu’au milieu des années 90, lorsque Dimension Films produisait Hellraiser 4, Halloween 6 ou Scream, ça avait fait scandale, puisque Dimension appartenait à Miramax, qui appartenait jusqu’au début des années 2000 à Disney.

Bon, c’était long, mais on peut enfin parler de ce reboot de Hellraiser, cette version 2022 estampillée Hulu, qui avait fait peur à beaucoup de monde, car en effet, pour un film sortant le 7 Octobre, la bande annonce ne débarqua que deux ou trois semaines avant la sortie, et les photos étaient rares. On pouvait craindre un film boiteux dont tout le monde a honte, mais pourtant, avec David Bruckner à la mise en scène, dont j’avais beaucoup aimé son film The Ritual, la perspective d’un Pinhead différent et joué par Jamie Clayton (dans le fond, une idée intelligente pour empêcher la comparaison avec Doug Bradley), et donc ce trailer, qui laissant penser à un film Hellraiser qui ressemble enfin à un vrai film, j’étais confiant. Et malgré sa durée de deux heures, et quelques défauts évidents, et bien on ne va pas se mentir, on a là clairement le meilleur opus depuis le second. Comme pour Predator et Prey tiens ! Surtout car on a là un film déjà respectueux de l’univers créé, qui veut s’inscrire dans le lore existant et le développer à sa manière, afin de plaire aux anciens fans mais aussi pouvoir être accessible aux nouveaux spectateurs. Mais aussi surtout car on a un film qui est cohérent envers lui-même (oui, on n’est pas dans Hellraiser Revelations), et qui, comme je le disais, ressemble à un film, avec un réalisateur qui a une vision, qu’on y adhère ou pas. Pourtant, on se doute, le budget n’a pas dû être énorme, il suffit de voir que le film a majoritairement été tourné en Serbie et qu’une énorme partie de l’équipe technique est Serbe. Preuve que rebooter Hellraiser, oui, les producteurs le voulaient, ils voulaient le faire bien, mais que pour avoir un film qui a de la gueule, il a bien fallu faire des économies quelque part, et un tournage en Serbie aide. La bonne idée de ce reboot déjà, d’entrée de jeu, c’est déjà de ne pas être un remake de Hellraiser. Techniquement, cela pourrait très bien être juste une suite, une extension de son univers. Ce qu’il est en réalité, jamais le métrage n’efface clairement les anciens films de la saga, enfin, du moins, le peu de bons opus.

Nouvelle intrigue, nouveaux personnages, et de nouveaux concepts en ce qui concerne la boite, et l’enfer et ces cénobites. Tout en étant fidèle, en plaçant quelques clins d’œil sans pour autant en devenir lourd. Nous suivons donc Riley, ancienne junky sobre depuis six mois, en couple avec Trevor, et qui a une relation conflictuelle avec son frère. Lorsque Trevor lui propose de voler le contenu mystère d’un entrepôt pour se faire un peu d’argent, voilà la jeune femme propriétaire d’une boite bien connue des fans, qu’elle ouvrira. Premier point, et très bon point, la boite, décrite comme un puzzle depuis le premier film, est ENFIN un vrai puzzle, avec six configurations différentes. Six configurations qui ne sont pas anodines, puisque dans son extension de la mythologie déjà établie, les six configurations sont donc là pour six sacrifices, six âmes pour les cénobites, avant de pouvoir enfin obtenir une récompense de la part du dieu Leviathan. Simple, mais une idée pour étendre l’univers sans le trahir intéressante. Et je n’en dirais pas plus. Visuellement, le film a clairement de la gueule. On sent une vraie envie de bien faire, et une vraie mise en scène de cinéma, ce qui manquait depuis un bon bout de temps dans la saga. Le casting est plutôt bon, que ce soit niveau humains ou cénobites. Jamie Clayton est, comme beaucoup l’auront déjà dit, convaincante en Prêtre de l’enfer (car oui, Pinhead, ça n’a jamais été un nom officiel), et les personnages humains, s’ils ne sont pas non plus exceptionnels, sont loin, très loin d’être les pires de la saga. En réalité, s’ils ne brillent pas, ils sont suffisamment développés pour avoir de la substance et ne pas juste être des personnages que l’on suit juste pour les voir souffrir. Au niveau sonore, c’est aussi du bon boulot, avec de bonnes nouvelles compositions, et la reprise des thèmes les plus emblématiques composés par Christopher Young il y a plus de trente ans de ça. Autant dire que ça fait plaisir aux oreilles.

Hellraiser oblige, le film contient du gore et du sexe. Sans pour autant se sentir obligé en réalité d’en faire trop, ce qui aurait pu faire tomber le tout dans le ridicule. C’est sanglant, sans jamais être complaisant ou trop gore, sans jamais insister, mais sans jamais non plus se faire sentir comme de l’auto-censure, même si au final, j’aurais bien aimé un peu plus. Par contre, la plus grande réussite du métrage, c’est la compréhension de l’univers par son réalisateur et ses deux scénaristes. La présence de Clive Barker comme vrai producteur du film a dû clairement aider. Oui, les cénobites ont perdus en cuir, pour un design plus charnel, et au final, ça fonctionne bien. Leviathan et le labyrinthe, malheureusement peu présents, enfin, pas assez à mon goût, sont représentés avec respect et surtout donnent envie d’en voir plus. Les personnages sont certes des jeunes plus classiques mais leurs liens et certaines thématiques sont clairement compatibles avec l’univers de Clive Barker. Et justement, le film a enfin compris que le cœur de Hellraiser, c’est son univers, et les personnages humains qui se retrouvent confrontés à cet univers (Julia et Kirsty dans les deux premiers films), et non pas les cénobites (coucou Hellraiser 3 et 4) ou des enfers trop bibliques (coucou Hellraiser 5 et 6). Ainsi, le lore est là, l’univers s’étend, mais les cénobites ne bouffent pas l’écran, et ne sont pas là pour juger les personnages suivant nos critères, mais les leurs. Hellraiser fait de nombreux choix, certains excellents, mais l’un d’eux m’aura, et cela reste subjectif, pas du tout plu (et en dire plus serait spoiler) ! De même, si le film m’a conquis dans ses grandes lignes, il faut rappeler que ça dure deux heures, et que 15 minutes de moins n’aurait pas fait de mal au film, même si là, pour le coup, j’ai envie de voir une suite possible.

LES PLUS LES MOINS
♥ Enfin un look professionnel
♥ Le nouveau Pinhead, différent et convaincant
♥ Un film qui explore énormément son univers
♥ Beaucoup d’idées
♥ Le film n’est pas un remake
♥ Certains nouveaux cénobites
⊗ Une poignée d’idées pourraient (et vont) diviser
⊗ Un poil trop long
note6
S’il y a bien une saga qui parvient à faire son grand retour en 2022, c’est Hellraiser. Non pas que l’on soit face à un grand film ou un chef d’œuvre, mais un film respectueux, qui ne refait pas la même chose, et surtout qui ressemble enfin à un vrai film, soit beaucoup de qualités dont certaines manquaient à la saga depuis 1992, soit le piteux Hellraiser 3.


Titre : Hellraiser
Année : 2022
Durée :
2h01
Origine :
Etats Unis
Genre :
Horreur
Réalisation :
David Bruckner
Scénario :
Ben Collins et Luke Piotrowski
Avec :
Odessa A’Zion, Jamie Clayton, Adam Faison, Drew Starkey, Brandon Flynn, Aoife Hinds, Jason Liles, Yinka Olorunnife et Selina Lo

 Hellraiser (2022) on IMDb


Galerie d’images :

0 0 votes
Article Rating

Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
S’abonner
Notifier de
guest

2 Commentaires
le plus ancien
le plus récent le plus populaire
Inline Feedbacks
View all comments