[Film] Demon Wind, de Charles Philip Moore (1990)

Californie, 1991. Après le suicide de son père, Cory, désireux d’éclaircir son passé, retourne dans la ferme familiale où vivaient autrefois ses grands-parents, mystérieusement disparus soixante ans plus tôt. Dans cette expédition, le jeune homme s’entoure de sa copine Elaine et de quelques amis. Une fois sur place, Cory et ses camarades sont bientôt assaillis par une horde de démons.


Avis de John Roch :
Du B à tendance Z, Charles Philip Moore n’en sortira jamais. Il n’y a même jamais réellement brillé. Ses principaux méfaits : Kickboxer Cop, le film « aux 12 champions du monde de Kickboxing » que dit la jaquette, qu’il tourne pour Roger Corman et le script du remake de Not of This Earth qu’il écrit pour Corman également. Mais si je m’intéresse brièvement au bonhomme, c’est pour son premier long métrage : Demon Wind, qui possède un petit capital sympathie chez les amateurs de films d’horreur destinés aux étagères des vidéo-clubs, bien qu’il ne se soit jamais retrouvé sur celles de ma crèmerie. Pour la petite histoire, Charles Philip Moore a débuté dans le cinéma en se retrouvant parachuté sur le film Au-Delà du Cauchemar pour lequel il tourne des scènes additionnelles afin de rafistoler le métrage. C’est alors qu’on lui demande de rédiger un script qui pourrait se tourner sur le même lieu de tournage. Manque de bol, ledit lieu n’est plus disponible au moment de tourner Demon Wind. Rien de bien grave, il n’y a qu’à se perdre quelque part dans une vallée Californienne, construire deux décors imputés sur les 500.000 dollars de budget et le tour est joué. Dans la forme, Demon Wind ne révolutionne rien et est un sous Evil Dead aux maquillages qui renvoient au bis Italien tels que Demons et sa suite, déjà des Rip-off du film de Sam Raimi. Dans le fond, ben c’est pareil, Demon Wind n’a aucune autre prétention d’être un film du samedi soir qu’on louait au vidéo-club. Est suffisant pour en faire un bon film ? Non, mais il n’est pas interdit de prendre un petit plaisir coupable sur ce film perdu entre Evil Dead, le Bis Rital et même la saga Freddy pour ses scènes oniriques, pour qui aime les séries B des années 80, ce qu’est le métrage dont il est question ici daté à 1990 mais tourné au tout début de l’année 1989.

Demon Wind ne va pas chercher loin du côté de l’histoire. On y retrouve donc une bande de jeunes qui se retrouve dans la cabane d’une ferme perdue au milieu de nulle part, qui vont sans le vouloir faire apparaitre un démon qui va les posséder un à un. On nage donc en plein Evil Dead, à la différence près qu’il y a ici un semblant de background pas forcement utile pour justifier le tout. Un démon, tout comme dans Evil Dead, que l’on ne verra jamais. Sauf que chez Sam Raimi, il prenait vie via la caméra subjective du réalisateur, ici le démon prend la forme du vent. Question ne rien montrer et jouer la suggestion, Demon Wind se pose là. Tout juste il y a un peu de brume parfois pour renforcer la menace. De la vraie selon les informations trouvées ici et là, bien qu’à l’écran ça ressemble plus à une machine à fumée qui a échappé au contrôle d’un technicien. Du vent, c’est ce qu’est également le scénario du métrage, où il ne se passe rien si la petite armée de zombie levée par le démon n’est pas présente à l’écran. Scénario il est vrai peu aidé par des dialogues d’une banalité à dormir debout, que des acteurs tout sauf charismatiques récitent tant bien que mal en essayant de montrer de la conviction, sans y parvenir tant leur jeu est limité à bouger la mâchoire. Mais à défaut de bien jouer, ils articulent bien, c’est déjà ça de pris. Pourtant le casting n’est pas composé uniquement d’inconnus puisqu’on retrouve entre autre Lynn Clark qui aura eu sa petite heure de gloire dans la série Santa Barbara, Stephen Quadros (qui ressemble un peu à Kevin Bacon de loin), artiste martial qui deviendra par la suite un commentateur de sports de combat reconnu, l’actrice porno Tiffany Million qui vient troquer un chèque contre un plan nichon et cerise sur le gâteau : un certain Louis Gem Phips, pseudonyme sous lequel se cache Lou Diamond Phillips, alors en couple avec l’assistante réalisatrice du film, dans le rôle d’un démon. Ne cherchez pas trop cependant, les maquillages étant assez conséquent, son visage est bien trop bien caché pour ne serait-ce supposer où et quand il est présent.

Demon Wind se montre intéressant dès lors que l’action se pointe. Quoique classique, le métrage contentera les fans d’effets spéciaux à base de latex et de gore, quoiqu’il est par moments bien répétitif, notamment dans sa dernière partie qui part légèrement en vrille mais ne dépasse pas le stade du film de zombie où une maison est assiégée à la Nuit des Morts-vivants ou les impacts des coups de feu se ressemblent absolument tous. Reste que tout de même que Charles Philip Moore se lâche par moments et livre quelques scènes improbables. En dehors de quelques scènes bien saignantes, on retiendra : un karatéka qui jongle avec une canette de bière à coup de kicks bien placés, ce même karatéka qui décroche une tête à coup de reverse kick tout aussi bien placé ; un pompiste qui se trouve être un curé qui absorbe l’âme des démons pour devenir un genre de boss de fin qui va se fritter avec le héros qui se transforme aussi en une chose non identifiée ; une jeune demoiselle qui se transforme en poupée ; ou ce moment étrange où un démon est purifié et reprend forme humaine, puis celle d’un enfant, puis celle d’un bébé avent de s’envoler sous la forme d’une colombe… Quelques moments de fun bien présents mais trop rares. Demon Wind, c’est un peu comme un gars coincé qui se retrouve à une fête et se décide à se lâcher en allant sur la piste de danse, puis d’en disparaitre après avoir lever deux fois les bras en l’air et de repartir s’assoir dans son coin. C’est beaucoup trop timide dans ses délires et de fait le métrage ne décolle jamais vraiment. C’est dommage, car si Charles Philip Moore avait pleinement assumé ce côté what the fuck, Demon Wind aurait sans aucun doute eu plus d’intérêt. En l’état, le film ne décolle jamais mais fait le job pendant 1h30, ce n’est déjà pas si mal.

LES PLUS LES MOINS
♥ Des moments WTF…
♥ Quelques scènes gores sympa
♥ Des SFX qui globalement font le job
♥ La dernière demi-heure qui se lâche un peu
⊗ … Mais trop rares
⊗ Un film qui ne décolle jamais vraiment
⊗ Ça met du temps à démarrer
⊗ Les acteurs qui jouent mal

Pour les amateurs de séries B voire Z et les nostalgiques des films d’horreur destinés aux étagères des vidéos-club, Demon Wind fait le job. On regrettera cependant que le film n’assume pas entièrement sa part de délires présents mais trop rares et ne décolle jamais vraiment.



Titre : Demon wind / Demon wind: le souffle maudit
Année : 1990
Durée : 1h36
Origine : U.S.A
Genre : Vent des enfers
Réalisateur : Charles Philip Moore
Scénario : Charles Philip Moore

Acteurs : Eric Larson, Francine Lapensée, Jack Forcinito, Stephen Quadros, Sherry Leigh, Lynn Clark, Bobby johnston, Richard Gabai, Tiffany Million

 Demon Wind (1990) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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