[Film] Green Room, de Jeremy Saulnier (2016)

Au terme d’une tournée désastreuse, le groupe de punk rock The Ain’t Rights accepte au pied levé de donner un dernier concert au fin fond de l’Oregon… pour finalement se retrouver à la merci d’un gang de skinheads particulièrement violents. Alors qu’ils retournent en backstage après leur concert, les membres du groupe tombent sur un cadavre encore chaud et deviennent alors la cible du patron du club et de ses sbires, plus que jamais déterminés à éliminer tout témoin gênant…


Avis de Cherycok :
Anton Yelchin (Odd Thomas, Burying the Ex) nous a quitté le 19 juin 2016 à l’âge de 27 ans suite à un malencontreux accident de voiture. Une carrière bien trop courte pour cet acteur qui avait prouvé à plusieurs reprises ses nombreux talents, et ce dans des styles très différents. Quoi de plus normal donc de nous intéresser à son dernier rôle en date (même si d’autres films où il jouait sont actuellement en post-production) dans le film Green Room de Jeremy Saulnier qui nous avait déjà servi un très bon Blue Ruin (2013). D’autant que si on se balade un peu sur la toile, on s’aperçoit très rapidement de sa très bonne réputation, aussi bien au niveau des spectateurs que des critiques professionnels. Alors, disons-le tout de suite, Green Room va mettre vos nerfs à rude épreuve. Green Room va vous faire monter l’adrénaline. Oui, à n’en pas douter, Green Room est un bon film.

Green Room nous est vendu par son matériel promotionnel comme un film d’horreur. Or, Green Room n’en est pas un, c’est un thriller. Et ce qui est fort avec ce postulat, c’est qu’il arrive à être plus terrifiant que bon nombre de films d’horreurs sortant ces dernières années. Contrairement à beaucoup de bobines qui croient que pour faire peur, il faut balancer du jumpscare à répétition dans la tête du spectateur, Green Room fait monter la pression différemment. Il prend son temps, pose l’ambiance, s’attarde sur les personnages afin de mieux s’attacher à eux, amène petit à petit ses personnages au cœur de l’action, virant au huis-clos, avec une tension qui monte crescendo. Et soudain tout bascule, l’expression « être au mauvais endroit au mauvais moment » prend tout son sens lorsque les personnages principaux perdent tout contrôle de la situation. À partir de là, Green Room va devenir encore plus intense, plus centré sur l’action, avec une violence très sèche. Gorge arrachée par un chien, ventre ouvert au cutter, avant-bras mutilé,… (avec des effets spéciaux très souvent sans image de synthèse). Il pleut des morts mais le film ne va jamais verser dans l’hectolitre d’hémoglobine. Et c’est surtout en ça qu’il est effrayant. Le spectacle qu’il nous propose reste toujours crédible, réaliste, et le film nous prend aux tripes. On a peur pour eux, on souffre avec eux, et le talent des acteurs y est pour beaucoup.

Anton Yelchin, vraiment mort trop jeune, nous prouve une fois de plus l’étendue de ses talents. Mais c’est le casting de manière générale qui est impressionnant. Aidé par des dialogues très bien écrits, on ne dénote aucun faux pas dans l’interprétation. On sent l’angoisse et la peur sur les visages. Patrick Stewart (X-Men, Star Trek) n’aura jamais été aussi terrifiant, son calme et son coté monolithique rendent les scènes où il intervient encore plus glaçantes. Le travail sur le son est très intéressant, plus particulièrement en ce qui concerne la musique. Tantôt très « métal » et en raccord avec le lieu où se déroule le film, tantôt très calme et contrastant avec la tension omniprésente à l’image, elle accompagne la montée en puissance du scénario qui évite le piège de la critique grossière de l’idéologie nazie tout en montrant les dégâts qu’un groupuscule peut faire sur l’espèce humaine.
Tout comme pour son précédent film, Blue Ruin (2013), Jeremy Saulnier soigne sa mise en scène. C’est bien filmé, avec de très beaux plans sur les paysages verdoyants de l’Oregon, et le jeune réalisateur se paie même le luxe de rendre ses scènes sombres très compréhensibles. Le pari était pourtant difficile puisque une bonne partie de son film se déroule dans une unique pièce très peu éclairée (la fameuse Green Room, normalement une pièce dans les coulisses d’un théâtre où les acteurs peuvent se relaxer et avoir leur propre lieu de tranquillité). Il ose même des choses, comme cette caméra placée sur le dos d’un chien en perdition, et le résultat est efficace et réussi. A noter une petite touche d’humour se moquant du fameux cliché des films d’horreur où les protagonistes ne cessent de se séparer puisqu’à peine un des héros annonce cette idée qu’il crève lamentablement dans les deux secondes qui suivent.

LES PLUS LES MOINS
♥ La tension omniprésente
♥ Le casting excellent
♥ La mise en scène
⊗ La bande annonce qui en dévoile trop
Green Room est un pur film de genre qui fait le boulot de A à Z. Un très bon divertissement qui fait du bien par là où il passe, à voir ne serait-ce que pour le regretté Anton Yelchin.



Titre : Green Room
Année : 2016
Durée : 1h35
Origine : U.S.A
Genre : RIP Antop 🙁
Réalisateur : Jeremy Saulnier
Scénario : Jeremy Saulnier

Acteurs : Anton Yelchin, Joe Cole, Alia Shawkat, Callum Turner, David W. Thompson, Patrick Steward, Macon Blair, Imogen Poots, Eric Edelstein, Michael Draper, Brent Werzner

 Green Room (2015) on IMDb

















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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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