[Film] Fighting Darksider, de Huang Kai (2022)


Il y a vingt ans, le courageux général Zhang Chiyan s’est sacrifié, fusionnant avec le pouvoir d’une puissante épée pour tenter d’arrêter une invasion de forces obscures. Mais le temps passe et le sceau qui retient le chef des démons s’affaiblit. Lorsqu’il se libère, seul le fils du général Zhang Ke peut l’arrêter, mais le pouvoir de son père n’est pas encore éveillé, et il n’a pas le désir ardent de sauver le monde.


Avis de Cherycok :
L’avantage avec les DTV chinois, c’est que lorsqu’on a une furieuse envie de voir un film mais qu’on n’a même pas 1h20 devant nous, on a moult choix qui s’offrent à nous tant certains films peinent à arriver à l’heure et demi règlementaire. L’inconvénient, c’est que ces DTV sont tellement nombreux (il en sort plusieurs dizaines tous les mois) qu’il est difficile de s’y retrouver. Alors on y va un peu au pif, un peu à la jaquette, parfois parce qu’on en a déjà apprécié un du réalisateur. Ce coup-ci, j’ai choisi Fighting Darksider, certes pour sa durée de 1h10 générique compris, mais aussi parce que son héros était interprété par Tse Miu, un véritable artiste martial souvent signe de qualité, au moins dans les combats. Bon, eh bien ce n’est pas une science exacte parce que Fighting Darksider est très médiocre, et ses scènes d’action ne sont guère mieux. Heureusement que c’était court…

Zhang Ke, le fils du défunt général Zhang Chiyan, surnommé le God of War, est un jeune homme arrogant, qui se fiche de tout, qui veut prouver qu’il est le plus fort dans son domaine mais qui ne veut rien avoir affaire avec son défunt père. Sauf que lorsqu’on vient le chercher pour sauver l’humanité comme l’avait fait son père il y a de nombreuses années, il va devoir mettre son caractère de merde entre parenthèse et sauver le monde d’un danger imminent. On va donc suivre l’évolution du comportement et de la mentalité de cet anti-héros qui va devoir, par la force des choses, devenir un héros. Un schéma classique, certes, mais qui a plusieurs fois fait ses preuves dans le cinéma. Sauf qu’ici, ce schéma ne fonctionne pas très bien. La raison principale est que cet anti-héros sait bien qui il est, sait bien qui est son père et que son sacrifice a sauvé la race humaine par le passé. Mais il continue à détester son père. Cette conception donne à ce personnage l’image d’un homme qui ne sait pas distinguer le bien du mal, et il est clairement égoïste et intéressé. Du coup, difficile de s’attacher à ce personnage et c’est fort dommage car il est au centre de l’histoire. Le casting est malgré tout crédible. Shao Yun (King Serpent Island, Monkey King: The One and Only) est absolument sublime et on lui pardonne son jeu parfois approximatif ; le sidekick Long Yang-Yang n’est pas trop énervant (Monster Run, The Sword) ; Tse Miu (Mutant Tiger, Blind Sword) est charismatique à souhaits mais ses talents martiaux sont complètement sous-exploités. Parce qu’outre le fait que les scènes d’action ne sont pas terribles (on y reviendra), il ne se passe pas grand-chose dans le film, et ce malgré ses 1h10 au compteur, génériques compris. Les trois protagonistes principaux vont d’un lieu à un autre, d’un personnage à un autre, et vont énormément discuter de relations complexes entre divers clans.

Bien que l’intrigue ne soit pas compliquée et que les conflits entre les personnages soient clairs, la narration est assez chaotique. On change de lieu comme un cheveu sur la soupe, avec des personnages qui, alors qu’ils n’ont au final que peu de réelles interactions, semblent soudainement très proches, parfois comme s’ils étaient amoureux depuis longtemps (alors que rien n’a été construit autour de ce genre de relation). C’est parfois assez illogique et tout va beaucoup trop vite pour qu’on ait la possibilité de rentrer dans l’histoire. Au niveau de la mise en scène, on sent bien que Huang Kai, avant d’être réalisateur, est un directeur de la photo. On sent que le film a de l’ambition, visuellement tout du moins. Mais il n’a pas les moyens de ses ambitions. Autant lorsque les décors sont réels (l’arrivée dans le temple), ça en jette, autant quand ça veut trop en faire à base de CGI dans tous les sens, ça fait moche. Il y a des CGI partout et les incrustations de décors en fond vert soufflent le chaud et le froid. Un coup c’est ultra visible et très kitch, le plan suivant on a droit à un paysage superbe, qui fait certes cinématique de jeu vidéo, mais qui est très agréable à l’œil. Les CGI sont nombreux, trop nombreux, avec une fois de plus ce problème avec les animaux en CGI, ici des loups et, encore pire, un phœnix. Ils ont des yeux les mecs, ils voient bien le résultat comme nous, pourquoi ils continuent à en mettre ? Parce que là, le phœnix, c’est à pouffer de rire… Des CGI, y en a également à la pelle dans les scènes d’action et elles sont gâchées justement par des loups moches en CGI. Parce qu’autant dans un film tel que Mutant Tiger, les tigres étaient certes moyens mais s’intégraient correctement à l’image, ici, même pas. Les combats contre des humains passent un peu mieux sur le papier. Mais entre le découpage parfois trop haché et une fois de plus l’abus de CGI dans tous les sens étant donné que les personnages ont des pouvoirs magiques, on grince un peu des dents en termes de visibilité. Je ne parlerais pas du combat final semblant sortir d’une mauvaise adaptation live de Dragon Ball Z et qui finit par nous faire regretter définitivement l’heure dix qu’on vient de passer devant ce métrage.

LES PLUS LES MOINS
♥ Certains plans très jolis
♥ Le casting sympathique
⊗ Narration chaotique
⊗ CGI ratés à profusion
⊗ Un héros pas attachant
⊗ Des moments sortis de nulle part

Pari raté pour le directeur photo Huang Kai qui se met à la mise en scène avec Fighting Darksider. Son film est un wu xia pian fantasy médiocre dans tout ce qu’il entreprend et, malgré ses 1h10 au compteur, on ne passe pas un bon moment.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Certaines personnes accusent ouvertement les producteurs de ce film de s’en servir pour blanchir de l’argent. Parce qu’apparemment, le budget aurait été conséquent, et devant le résultat final, certains se posent la question « Où est passé l’argent ? ».



Titre : Fighting Darksider / 屠魔战神
Année : 2022
Durée : 1h10
Origine : Chine
Genre : Raté
Réalisateur : Huang Kai
Scénario : Yang Bin

Acteurs : Tse Miu, Shao Yun, Long Yang-Yang, Sun Yuan-Ning, Billy Li, Ji Jian-Qiao, Ma Lun, Lau Sek-Ming, Shi Guo-Hui, Li Kun, Peng Yun, Zhao Xu-Dong


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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