[Film] Fear, Inc. de Vincent Masciale (2016)

Joe est un jeune homme au chômage qui n’a plus peur de rien. Alors qu’il passe une soirée des plus agréables avec sa femme et un couple d’amis, entendez là alcool, drogue et jacuzzi, ils se retrouvent attaqués par ce qui semble être Fear, Inc., une association payée pour effrayer quiconque en manque de sensations fortes. Joe est la cible parfaite mais tout va bientôt virer au cauchemar.


Avis de Cherycok :
Présenté au Tribeca Film Festival de 2016, Fear, Inc. est l’œuvre de Vincent Masciale, le réalisateur, et Luke Barnett, le scénariste, qui adaptent ici un de leurs courts métrages du même nom. Le film serait inspiré de l’expérience de l’un des amis proches du scénariste qui aurait fait appel aux petits gars de The Blackout Experience qui propose, un peu comme dans le film, de vivre une expérience du même genre que les protagonistes du film (espérons en moins intense). Mixant allègrement comédie et horreur, ce premier film transpire la passion pour le cinéma horrifique de ses deux créateurs qui nous pondent ici un film des plus intéressants, même si pas dénué de défauts parfois assez gênants. Mais pour une fois qu’on a un petit film d’horreur qui sort des sentiers battus, ne boudons pas notre plaisir et essayons de le faire découvrir au plus grand nombre. Attention, cette critique est susceptible de comporter du spoiler, vous voilà donc prévenus.

Fear, Inc. propose effectivement quelque chose de différent en ces jours où le cinéma d’horreur s’est aseptisé de lui-même en proposant essentiellement le même genre de bobines, à savoir d’un côté du film qui n’a pour but que celui de faire sursauter de peur le spectateur sur son siège, et de l’autre du zombie qu’on essaie de décliner à toutes les sauces. Fear, Inc. va jouer sur les clichés avec un cynisme de tous les instants. Vincent Masciale et Luke Barnett sont clairement des fanas de tous ces classiques du cinéma d’horreur et ils n’hésitent pas à les citer ouvertement via le personnage central de l’histoire incarné par Lucas Neff (la série Raising Hope), un jeune garçon un peu blasé des films d’horreur, les connaissant tellement par cœur qu’il n’arrive même plus à avoir peur. Ca cite Vendredi 13, Halloween, Freddy, Scream, Saw, mais le film se rapproche à vrai dire plus de The Game (1997) de David Finscher dans son principe de « jeu » qui dérape. Les deux créateurs ne s’en cachent d’ailleurs pas puisque ce dernier film est également cité sans aucun problème. Là où Fear, Inc. se montre plus original que la moyenne, c’est donc grâce à cette incessante interrogation que le film veut maintenir. Est-ce que ce que vivent les quatre protagonistes principaux est réel ou est-ce que cela fait partie du jeu ? Avec d’un côté trois d’entre eux qui y croient dur comme fer et de l’autre un héros qui prend ça comme un jeu, à la rigolade, en balançant les références cinématographiques d’où sont tirées telles ou telles scènes du « jeu » et en se moquant de tous les clichés inhérents au genre (se séparer pour mieux se faire tuer, s’isoler dans une pièce sans issue,…). On nage dans une ambiance des plus cools qui va rapidement changer avec l’arrivée d’un premier twist en milieu de film. Un twist très intéressant en lui-même mais qui malheureusement va tirer une balle dans le pied au reste du film.

Car autant on se plonge volontiers dans ce que la première partie nous raconte et on croit au premier twist, autant le second sera bien plus prévisible. Car le film nous surprend une fois, mais à la deuxième c’est bien plus compliqué, surtout lorsque le 2ème est le même que le premier. Du coup, la deuxième moitié bien plus noire nous perd parfois un peu. Certes ce côté plus sérieux, avec des acteurs qui se donnent bien plus dans la performance d’acteur, a des côtés très positifs. On assiste à quelques meurtres très bien sentis avec des effets gores et des maquillages qui tiennent bien la route (quasi sans numérique). Le rythme s’accélère avec un scénario qui dégénère et à aucun moment le film n’ennuie. Mais pourtant on sent bien que le film essaie de nouveau de nous la mettre à l’envers et on a beau se dire que non, ils ne vont pas oser nous ressortir le même retournement de situation. Et si, ils ont osé nous ressortir le même retournement de situation. Voilà qui vient un peu désacraliser l’ensemble car c’était bien plus attendu et l’effet de redondance ne fonctionne pas. Mention spéciale au troisième et tout dernier twist qui intervient dans les 10 dernières secondes, à l’utilité plus que douteuse, et qui sincèrement est de trop. A moins que le but était de laisser le spectateur à sa propre interprétation du film, mais il y avait bien d’autres manière de suggérer cela.
Heureusement, ces dernières 45 minutes un peu plus en demi-teinte sont compensées par une mise en scène qui tient la route du début à la fin. Le jeu des ombres / lumières est réussi et la photographie du plus bel effet malgré des scènes se déroulant quasi exclusivement de nuit (ca aussi un cliché du cinéma d’horreur ?). La musique pas ou peu mémorable vient pourtant bien englober un film malgré tout très divertissant.

LES PLUS LES MOINS
♥ S’amuse des clichés
♥ Bien mis en scène
♥ Très chouette première moitié
⊗ Trop de twists tue le twist
⊗ Deuxième moitié en deçà
Fear, Inc. n’est clairement pas la bobine de l’année. Pourtant, le film s’avère être au final une petite comédie horrifique sans prétention, originale et divertissante.



Titre : Fear, Inc.
Année : 2016
Durée : 1h30
Origine : U.S.A
Genre : Tu aimes les films d’horreur ?
Réalisateur : Vincent Masciale
Scénario : Luke Barnett

Acteurs : Lucas Neff, Caitlin Stasey, Chris Marquette, Stephanie Drake, Mark Moses, Abigail Breslin, Richard Riehle, Patrick Renna, Naomi Grossman, Leslie Jordan

 Fear, Inc. (2016) on IMDb











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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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