[Film] Erotic Nightmare, de Steve Cheng (1999)


Lok, un homme d’affaires prospère, dort mal, n’a pas de relations sexuelles avec sa femme et, de manière générale, n’est pas très heureux de sa vie, se considérant comme un perdant. Sa rencontre avec le mystérieux Fong change sa vie : grâce à lui, Lok fait des rêves érotiques dans lesquels il fait l’amour à la nymphette Bo-Bo. Cependant, chaque matin, après avoir fait ces rêves, Lok découvre qu’un de ses proches est mort…


Avis de Cherycok :
A la fin des années 90, à l’approche de la rétrocession mais surtout après celle-ci, le cinéma de Hong Kong est en crise. Plusieurs réalisateurs de talent sont partis aux States, les films ne font plus énormément de recettes au box-office, et on va voir fleurir tout un tas de productions lowcost faites à la va-vite dans lesquelles certaines acteurs de talent des années 90 vont venir se réfugier, comme par exemple Anthony Wong qui avant de revenir sur le devant de la scène avec Infernal Affairs a enchainé des dizaines et dizaines de productions fauchées, dont un certain nombre de Cat III dont il s’était fait une spécialité dans les années 90 (Untold Story, Ebola Syndrom, Daughter of Darkness, 3 Days of a Blind Girl, …). Après avoir subi quelques-unes de ces productions bas de gamme du genre les étrons que sont Evil Fade, Baroness ou encore Raped by an Angel 4, j’avoue que ça m’avait refroidi de continuer mon exploration de cette partie obscure de la filmographie de Wong. Mais avec l’arrivée du coffret Made in Hong Kong Volume 1 chez Vinegar Syndrom comprenant The Demon’s Baby, Erotic Nightmare et The Deadly Camp en blu-ray, tous trois avec notre bonhomme, je me suis dit que je n’avais peut-être pas pioché dans les bons films et que j’allais retenter l’expérience avec, au hasard, Erotic Nightmare. Bon, je n’aurais peut-être pas dû car, sans aller jusqu’à dire que c’était mauvais, ce n’était quand même pas terrible…

La première chose qui aurait dû me faire comprendre que je n’allais pas être devant un chef d’œuvre du 7ème art, c’est le réalisateur de ce Erotic Nightmare. La filmographie de Steve Cheng n’est en effet pas ce qu’on pourrait qualifier de très reluisante. Evil Fade, Bio-Cops, Fate Fighter, Horoscope 1 et 2, et bien d’autres bobines au mieux très moyennes, au pire très mauvaises. Mais revenons-en à Erotic Nightmare, un Cat III au titre qui annonce directement la couleur : on va voir du cul et de l’horreur, une production Wong Jing qui est décidément dans tous les bons coups dès qu’un film vire au graveleux. Du graveleux, on va en avoir dès la scène d’introduction avec un Anthony Wong qui fait des rêves érotiques et qui se réveille avec le pyjama tout mouillé au niveau de l’entrejambe. Voilà, ça plante le décor. C’est dans la première partie du film que sont concentrées les scènes érotiques, une à chaque fois que le personnage de Wong fait un rêve. Elles sont relativement longues, dans le ton de ce genre de production fauchée, mais surtout voyeuristes à 200%, avec un Anthony Wong qui, l’œil lubrique, mate comme un cochon sous les jupes et t-shirts, qui tripote dans tous les sens les poitrines et les fesses de jeunes demoiselles peu farouches, ou qui va copuler avec elles dans plein de positions. Le tout saupoudré par moment de quelques plans gores légers et d’un peu de magie noire. C’est shooté comme un téléfilm, sans grande inspiration, mais ça a le mérite de mettre la plastique de ces demoiselles bien en avant et de laisser Anthony Wong sur un de ses terrains favoris : le cabotinage. Dans la deuxième moitié, c’est la partie « nightmare » du titre qui va prendre le dessus, avec un film qui va virer vers l’horreur et la magie noire.

On va en apprendre un peu plus sur la façon de faire du sorcier Fong et avoir droit à tout le folklore classique de la magie noire made in Hong Kong : lézards, serpents, araignées, scorpions, poupées en bois, diverses invocations, … A partir de là, Erotic Nightmare part dans une autre direction avec quelques rebondissements et un changement de point de vue. Le sexe est relégué au second plan (bien qu’il refasse quelques petits coucous de temps à autres) et c’est l’horreur qui prend le relais jusqu’à un final qui pourra laisser réellement perplexe. Le film a clairement des idées, certaines plutôt bien trouvées, mais il ne sait jamais réellement les exploiter tant on a parfois l’impression qu’il ne sait pas quoi en faire. Des réalisateurs chevronnés dans le Cat III tels que Herman Yau ou Billy Tang auraient sans doute su quoi en faire, mais le tâcheron Steve Cheng semble les poser là où il peut sans jamais les développer. La faute peut-être à un budget qui semble très limité, à un tournage qui a sans doute dû être expédié (le réalisateur a sorti 4 films rien qu’en 1999), mais une chose est sure, c’est que Erotic Nightmare manque quand même un peu le coche. Si les scènes érotiques, nombreuses donc, ne vous lassent pas, le film sera rythmé et du haut de ses 1h23 générique compris, il passera tout seul. Pour les autres, il n’y a guère que la seconde moitié qui fait preuve d’un peu plus de folie et qui retiendra l’attention, bien qu’elle manque un peu de logique dans le sens où on a l’impression qu’elle a été torchée à la va-vite car le film n’avait plus grand-chose à raconter. Que sauve-t-on réellement de ce Erotic Nightmare ? Pas grand-chose à vrai dire si ce n’est Anthony Wong qui une fois de plus incarne très bien son personnage de voyeur très porté sur le sexe tout en essayant de prendre soin de sa famille le plus possible. Mais au final, difficile de conseiller le visionnage de ce Erotic Nightmare qui ne restera pas dans les mémoires.

LES PLUS LES MOINS
♥ Quelques bonnes idées…
♥ Anthony Wong
♥ De la fesse et des seins si on aime ça
⊗ … malheureusement pas exploitées
⊗ Mise en scène très pauvre
⊗ Une continuité étrange
⊗ Fauché comme les blés

On remercie Vinegar Syndrome de tenter de sortir en blu-ray des Cat III autres que les éternels The Untold Story ou Ebola Syndrome. Mais on les remercierait encore plus si c’était des bons Cat III. Car Erotic Nightmare, ce n’est quand même pas terrible…

LE SAVIEZ VOUS ?
• La carrière de Steve Cheng n’aura duré que 10 ans mais il aura réalisé pas moins de 19 films durant cette période.



Titre : Erotic Nightmare / 勾魂惡夢
Année : 1999
Durée : 1h23
Origine : Hong Kong
Genre : Boobs and magic
Réalisateur : Steve Cheng
Scénario : Chan Yiu-Fai

Acteurs : Anthony Wong, Eric Wan, Pinky Cheung, Berg Ng, Kei Heung, Mak King-Ting, Lam Siu-Cham, Sunny Luk, Le Rong-Rong, Wong Siu-Ling

Erotic Nightmare (1999) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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