[Film] Erotic Ghost Story 2, de Peter Ngor (1991)

Le démon Wu-Tung a enfin trouvé sa moitié. Le souci, c’est que la jeune femme est emmenée au bucher. Lors de son dernier souffle, elle parvient à transférer son âme dans le corps d’un bébé. 20 ans plus tard, Wu-Tung espère bien retrouver sa moitié, et demande à ce qu’on lui envoie souvent des vierges.


Avis de Rick :
Erotic Ghost Story en 1990, réalisé par le grand, l’unique, le sublime Nam Nai Choi (The Cat, Story of Ricky), ce n’était pas bon. Bien éclairé, mais filmé avec les pieds, chiant comme la lune, la plastique de ses trois héroïnes ne parvenait pas à sauver un film qui accumulait les scènes érotiques sans pour autant les rendre intéressantes. Mais le succès fut pourtant au rendez-vous. Soit car le film se voulait être une parodie d’Histoires de Fantômes Chinois et a donc intéressé le public qui s’y est frotté quitte à le décevoir, soit car au fond, nous sommes tous des pervers. En tout cas, le producteur a senti le bon filon, car dés 1991 débarque un Erotic Ghost Story 2. Nam Nai Choi ne rempile pas en tout cas, et on ne peut finalement qu’y gagner au change tant l’homme ne semble absolument pas concerné pour filmer des scènes érotiques. Ou que son talent est trop limité pour le genre en question. Bonne nouvelle donc, c’est Peter Ngor qui réalise. Si le monsieur signe ici son tout premier métrage d’une filmographie qui n’en comptera que quatre, il est reconnu comme directeur de la photographie, sur par exemple Mr Vampire, On the Run, Sex and Zen (tiens tiens) ou encore Full Contact. À noter qu’au départ, Nam Nai Choi était également directeur de la photographie, et signait également celle de son propre film. Mais en tout cas, il faut l’avouer, le changement a du bon ici, puisqu’après un rapide résumé des « nombreux » événements chiants du premier film, Erotic Ghost Story 2 enterre le premier film en l’espace de dix minutes seulement. Photographie appliquée, jolies actrices dénudées, mise en scène qui essaye de bien faire, et un démon Wu-Tung joué ce coup-ci par un Anthony Wong déchainé.

Il se lance dans un surjeu total, enchaîne les grimaces, les cris de rage, et se servira de sa langue non seulement pour faire plaisir aux dames en leur visant les zones sensibles, mais aussi… pour leur lécher les yeux. Il est déchainé Anthony Wong. Peu crédible, affublé d’une hideuse perruque et avec une seconde queue dans le bas du dos, mais déchainé. En dix minutes seulement, Peter Ngor nous offre mieux que le premier film sur 1h30. Plus de jolis plans, plus de rythme, et même plus d’histoire, et ça, ce n’est pas rien, vu que le premier n’en avait finalement pas du tout. Alors attention, Erotic Ghost Story 2 n’a rien qu’un grand film, mais il est plein de bonnes intentions et tente d’éviter un à un tous les pièges de son ainé. Que ce soit dans son rythme, dans son histoire, mince mais présente, mais aussi heureusement dans ses scènes érotiques, et dans ses scènes fantastiques. Un miracle ? Ou l’envie de bien faire d’un réalisateur qui signe son premier métrage et veut faire ses preuves ? Sans doute les deux ! Déjà, le film trouve un équilibre beaucoup plus intéressant entre les deux genres qu’il est supposé aborder. On ne va pas enchainer bêtement et sans histoires les scènes érotiques. Le film nous balance une histoire, aussi minimaliste soit-elle, et alterner les genres, avec des scènes érotiques d’un côté, et une histoire à base de démons, de malédiction et de village maudit avec ses cultes et croyances de l’autre. Outre cet équilibre mieux pensé, on peut parler justement des scènes érotiques du métrage, tout aussi nombreuses que le premier film certes, mais beaucoup mieux filmées. Peter Ngor essaye des choses, varie ses plans, utilise parfois son décor et divers éléments pour amener un petit plus visuellement. Une scène de sexe sous l’eau, l’usage de bulles pour amener un petit plus visuellement, les intentions sont clairement là.

Choix amusant, les actrices de cette première suite, malgré la très rapide présence d’Amy Yip, sont l’opposé des actrices du premier film. Pas de fortes poitrines ici, mais du naturel. Ce qui me convient parfaitement. Du plaisir pour les yeux donc, avec les actrices, avec des idées, avec une jolie photographie. Alors oui, entre deux ébats ou scènes folles, cela reste moins convaincant, parfois maladroit, ou en deçà de productions du genre niveau fantastique et fantaisie. Et parfois, le mauvais goût n’est jamais loin. Mais on salue l’effort, loin du premier film qui se contentait de plans fixes, ou de zoomer avec la caméra pour filmer les ébats. Et quand Anthony Wong est à l’écran, il devient fou, nous offre ces grimaces, ces grognements, et ça en fait un démon avec beaucoup plus de personnalité que celui du premier film. Peu crédible, mais plus fun à regarder. Il grogne même sous l’eau, il est fort. Il faut bien avouer que l’on ne s’y attendait pas du tout vu le premier film. C’est parfois bancal, grotesque, quelques scènes s’étirent malgré tout en longueur, notamment cette scène lesbienne qui se termine à trois, mais même là, difficile de lui en vouloir, lorsque tout à coup, il nous offre une scène de sexe acrobatique sur une balançoire avec bruitages abusés à la clé, ou encore une scène de sexe très « glissante », avant des scènes voulant nous rappeler Histoires de Fantômes Chinois, avec ses extérieurs sous la pluie plongés sous une lumière bleutée. Ou par la suite un palais de glace cheap mais surprenant. Le métrage n’échappe jamais au ridicule, a des ambitions sans doute trop hautes pour son budget, et parfois, il retrouve la folie de l’original, comme avec ce moine qui en tournant vite sur lui-même se transforme en boule de feu à tête chercheuse, (et oui), mais le métrage se fait généreux, et surtout mieux rythmé et mieux filmé. Et pour le spectateur qui n’a pas peur du genre, et bien ça fait du bien !

LES PLUS LES MOINS
♥ Visuellement plus travaillé et rythmé que l’original
♥ Anthony Wong en roue libre
♥ Un équilibre érotisme / Fantastique mieux géré
♥ Quelques belles images
♥ De belles actrices
⊗ Parfois bien ridicule
⊗ Des scènes parfois trop longues
⊗ Peut-être trop ambitieux par moment
note2
Une suite que personne ne voulait, et qui contre toute attente, malgré son côté bancal et parfois trop ambitieux pour son propre bien, est largement supérieure au premier film. On y trouve même du rythme et une vraie mise en scène !



Titre : Erotic ghost Story 2 – Liu Chai Yim Tam 2 : Ng Tung San

Année : 1991
Durée :
1h36
Origine :
Hong Kong
Genre :
Érotique
Réalisation : 
Peter Ngor
Scénario : 
Casey Chan, Amy Choi, Abe Kwong, Dai-Oh Lam, Peter Ngor et On Szeto
Avec :
Anthony Wong, Charine Chan, Amy Yip, Sayuri Ichijo, Yiu-Wah Kwok et King Man Chik

 Erotic Ghost Story II (1991) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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