[Film] Dune, de Denis Villeneuve (2021)


L’histoire de Paul Atreides, jeune homme aussi doué que brillant, voué à connaître un destin hors du commun qui le dépasse totalement. Car s’il veut préserver l’avenir de sa famille et de son peuple, il devra se rendre sur la planète la plus dangereuse de l’univers – la seule à même de fournir la ressource la plus précieuse au monde, capable de décupler la puissance de l’humanité. Tandis que des forces maléfiques se disputent le contrôle de cette planète, seuls ceux qui parviennent à dominer leur peur pourront survivre…


Avis de Rick :
Dire que Dune était attendu tel le messie, tel Paul Atreides donc, ce n’est pas exagéré. Déjà car il s’agît de la seconde adaptation, troisième si l’on compte un long téléfilm en 2000, de Dune, le fameux roman de Frank Herbert. Ensuite car Dune, c’est le nouveau film de Denis Villeneuve, réalisateur oh combien intéressant bien que forcément divisant malgré tout une partie du public (ces films sont lents), qui signe son troisième film de science fiction de suite après Premier Contact et Blade Runner 2049. Un sans faute donc, et ce malgré la tâche qui l’attend ici. Ensuite, car en terme de blockbusters, cette année 2021, qui voit donc tous les blockbusters de 2020 enfin sortir, et bien, ce n’était pas la joie. Godzilla VS Kong, Fast and Furious 9, Jungle Cruise… Il n’y a bien que The Suicide Squad, malgré des défauts, qui parvenait à remplir son contrat de divertissement. Mais The Suicide Squad était un film de super héros, ou de super vilains, un film divertissant, rigolo, sanglant, mais qui n’allait pas forcément plus loin. Dune, c’était le messie, le blockbuster d’auteur. Et dire du coup qu’avec son retard de quasi un an sur le planning, Dune est à la fois le film que j’ai le plus attendu de 2020 et puis de 2021, ça coule de source, puisque j’adore l’univers de Dune, j’avais dévoré le roman lorsque j’étais adolescent, j’aime l’adaptation de Lynch malgré ses gros défauts, ses raccourcis, ces coupes monstrueuses, et que de Enemy à Sicario, de Prisoners à Blade Runner 2049 en passant par Premier Contact, j’adore Denis Villeneuve. Et contrairement à Prisoners of the Ghostland de Sono Sion et avec Nicolas Cage, la hype était énorme mais n’a pas tué le film pour moi. Dune, ce fut ce que j’attendais de lui. Voir plus. Mais comme tout le monde le sait, et comme le film nous le rappelle d’emblée lors de l’apparition du titre, Dune n’est qu’une première partie, et ça par contre, c’est oh combien frustrant. Sans doute son plus grand défaut.

Mais reconnaissons le travail de titan achevé pour rendre justice à Dune. Car ce n’était pas une mince affaire, adapter un tel pavé, sans faire crier le fan comme l’adaptation de Lynch l’avait fait en 1984, mais sans perdre non plus le spectateur qui ne connaît rien à l’univers de Dune. Dune, avant de parler de son visuel, et bien forcément, il faut parler de son univers, de son intrigue, de ses personnages. Et l’on va faire vite, sinon ce paragraphe ferait 4 pages. C’est dense, complexe, les personnages sont nombreux (certains manquent à l’appel, comme l’empereur, dommage). Villeneuve parvient déjà sur le papier un pari totalement fou, celui de rendre Dune dense, à le retranscrire dans toute sa complexité, de nous abreuver de nombreuses informations, sans jamais ennuyer ni perdre le spectateur. Et ça, c’est assez exceptionnel pour le souligner. Pourtant, ça parle, les termes sont balancés les uns après les autres à l’écran, les personnages vont et viennent, on nous présente les Atreides (les gentils), les Harkonnens (les grands méchants), les Sardaukars (l’armée de l’empereur), les Fremmens (le peuple du désert), les Bene Gesserit (un ordre uniquement féminin), certains personnages ont un temps de présence très limité mais on parvient immédiatement à les identifier, à savoir qui ils sont. Et donc oui, c’est un exploit en soit, là où le film de Lynch tranchait dans le lard quitte à rendre l’ensemble incompréhensible sans connaissance de l’univers, et que le téléfilm de John Harrison était trop fidèle au roman et trop fauché pour passionner, rendant la moindre scène dans le désert cheap et ennuyante tant la magie ne pouvait pas opérer. Et puis, quitte à continuer sur les personnages, Villeneuve est un excellent directeur d’acteurs, et il le prouve une nouvelle fois ici, avec un casting 5 étoiles investis (peut-être juste Josh Brolin qui m’a semblé forcer un peu l’énervement au début). Mention spéciale à Rebecca Ferguson, excellente en Jessica, tiraillée entre ses obligations en tant que Bene Gesserit, en tant que concubine du Duc Leto et en tant que mère de Paul, peut-être futur élu d’une prophétie, et qui se montre tour à tour mortelle et fragile, sans pitié et apeurée.

Mais bien entendu, si vous êtes là pour voir certains personnages ou acteurs en particulier, vous serez déçu, Dune étant la première partie, Chani (Zendaya) n’est quasiment pas présente, certains choix ont du être fait malgré tout (le docteur Yueh, peu présent), et Villeneuve doit se concentrer sur certains éléments et en oublier d’autres (oubliez les navigateurs de la guilde organiques, une des grandes réussites du film de Lynch, absents ici). Heureusement, le reste du film suit, clairement. Déjà, car il faut le souligner, Hans Zimmer s’éloigne un peu de ce qu’il a l’habitude de faire et livre une fantastique bande son, à une ou deux sonorités près venant rappeler son travail passé. Mais lui qui a refusé Tenet pour faire ce projet de rêve, il a bien fait. Et maintenant, attaquons le gros, à savoir, le visuel. Et ben on ne va pas passer par 50 chemins, c’est sublime. Autant dans sa photographie que dans certains plans, dans cette manière que j’aurais pensé impossible il y a quelques années de marier au sein du même film et des mêmes plans le gigantisme (que Gareth Edwards adore) et le minimalisme. La photographie est sublime même si l’on pourra dire que le film est un peu trop « gris » (les quelques rêves prémonitoires de Paul annoncent une partie 2 plus orangée), la mise en scène est très belle et évite tout effet de style juste là pour impressionner et se met donc au service de l’histoire, le design général du film est réussi et parvient même sur certains points à surprendre, comme par exemple avec les vaisseaux sur Arrakis faisant penser à des libellules motorisées. Mais de manière générale, Dune fait un choix bienvenu, celui de tenter de rendre son univers fonctionnel. Nous n’aurons pas de design fantaisistes juste car ça claque, mais car ce design est plausible. Ça vaut pour les vaisseaux, les rapides visions d’autres planètes, ou tout simplement pour le gros morceau pas si présent dans le film, à savoir le fameux ver des sables.

Bref, un casting énorme, un visuel léché mais pas tape à l’œil, un scénario complexe, qui prend son temps pour un film de 2h30 quasi, mais qui n’ennuie pas un seul instant et se montre même rythmé bien comme il faut. Dune est l’événement tant attendu, qui peut autant faire frissonner face à des scènes dantesques que frustrer. Car malgré tout le bien que je dis de lui, Dune n’est qu’une partie 1, Dune n’est que le prologue d’une grande aventure. Et il est en ce sens très difficile de juger, ou plutôt d’être pleinement rassasié en sortant de la salle tant le film s’arrête tout naturellement en cours de route. Alors, soyons clair, je pense (connaissant donc le roman) que Villeneuve a coupé pile où il fallait. Sans pour autant parvenir à faire oublier que l’on veut la suite, et qu’aussi excellent soit-il, il est difficile de juger le film pour ce qu’il est. Car imaginons, dans le pire des cas, que la Warner ne valide pas la suite ? Et bien on se retrouve avec une introduction monumentale qui ne mènera à rien. Dans le meilleur des cas, il va falloir attendre au moins 2023 pour pouvoir enfin voir la conclusion du premier livre. Et c’est long ! Le film ne peut échapper à ça, quoi qu’il arrive, mais les derniers instants du métrage de Villeneuve ne fait rien pour y échapper, comme en témoigne cette dernière ligne de dialogue qui en fait un peu trop, à coup de « It’s only the Beginning ». Mais en soit, lorsque Villeneuve aura enfin achevé son adaptation de Dune, on pourra le dire clairement, qu’il aura sans doute créé un des plus grands films de science fiction depuis, et bien depuis facile 40 ans maintenant. Infiniment plus complexe et intéressant qu’un Star Wars vu par Disney, ou qu’un Star Trek vu par Abrams.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un scénario dense, fidèle, accessible
♥ Malgré le nombre d’information, jamais ennuyeux, jamais brouillon
♥ Un casting de haute volée
♥ Visuellement, ça claque sa maman
♥ De très beaux CGI
♥ Impressionnant tout en étant simple dans l’action et les effets
♥ La musique de Hans Zimmer
⊗ Cette fin frustrante au possible
⊗ Pour pinailler, quelques personnages ou concepts que j’aurais aimé voir
Dune par Villeneuve, ça écrase sans souci tout ce que le cinéma nous a offert en science fiction ces dernières années. Carré, mature, bourré d’information mais néanmoins rythmé et prenant, visuellement sublime et réel plaisir pour les oreilles aussi… Bref, foncez, car il nous faut la suite !



Titre : Dune / Dune Part 1
Année : 2021
Durée : 2H25
Origine : Etats Unis
Genre : Science Fiction
Réalisateur : Denis Villeneuve
Scénario : Denis Villeneuve, Jon Spaihts et Eric Roth d’après Frank Herbert

Acteurs : Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Oscar Isaac, Josh Brolin, Stellan Skarsgard, Dave Bautista, Stephen McKinley, Henderson, Zendaya, Chan Chen, Jason Momoa et Charlotte Rampling

 Dune (2021) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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