[Film] Dil Chahta Hai, de Farhan Akhtar (2001)


Deux amis qui se sont perdus de vue se retrouvent un jour dans la salle d’attente d’un hôpital, et évoquent alors les souvenirs de leur jeunesse, ainsi que leur amitié avec un troisième larron qui lui n’est pas venu…


Avis de Postscriptom :
Alors que le baroque DEVDAS sort enfin en France à l’heure où j’écris ces lignes, l’Inde continue de tourner à plein régime, en cherchant paradoxalement à tourner le dos à ce cinéma démesuré qui fait aujourd’hui sa renommée… Car de la même façon que le cinéma de Hong Kong était déjà mort quand il a enfin été reconnu en occident, le cinéma hindi traverse aujourd’hui la même crise que celui-ci il y a quelques années, à savoir que le public ne se déplace plus pour voir les énormes machines bardées de stars qui auparavant assuraient l’essentiel des entrées (très peu rentrent aujourd’hui dans leurs frais), probablement lassé par la répétition des même schémas narratifs (mélo, danse, coutumes traditionnelles à respecter, etc…), et on les comprend un peu.

Heureusement, de jeunes réalisateurs apportent un peu de sang neuf, soit en œuvrant à l’intérieur du genre pour le renouveler (Karan Johar, Aditya Chopra, Sanjay Leela Bhansali…), tandis que d’autres, comme le jeune scénariste et réalisateur Farhan Akhtar, choisissent de tourner le dos à ces clichés pour revenir à plus de simplicité. Ainsi il limite par exemple DIL CHAHTA HAI à une seule scène de danse « chorégraphiée », situé de plus dans le cadre relativement réaliste d’une boîte de nuit (ce qui n’empêche pas qu’ils ont raflé un Filmfare Award, un Oscar hindi, juste pour cette scène sublime), utilise des chansons très « mode » mais sans voix saturées à la Bollywood, et baisse sensiblement le niveau de vie de ses personnages, qui ne sont désormais « que » des tycoons (équivalents des yuppies américains) et non plus des multimilliardaires façon K3G (ou HUM SAATH-SAATH HAIN, bientôt la critique si j’arrive à le finir celui-là, c’est pas gagné…), tous ces éléments facilitant évidemment une identification plus aisée aux personnages…

Et ça marche, ce petit film (en apparence) a non seulement raflé de nombreux prix aux Filmfare (meilleur film, scénario, montage, et chorégraphie donc…), mais il a été élu meilleur film de l’année 2001 sur le site de référence PLANETBOLLYWOOD.COM, devant (excusez du peu…) LAGAAN, AKS, ASOKA, KABHI KUSHI KABHI GHAM et LAJJA, sans compter qu’il est également cité régulièrement par les fans avertis de ciné hindi comme un de leurs préférés… La réussite de DIL CHAHTA HAI n’est cependant pas due à cette volonté de renouveler le genre, mais surtout à l’écriture tout en finesse du scénario, qui réussit à nous rendre immédiatement attachants les trois personnages masculins et leurs petites mésaventures (surtout si vous avez entre vingt et trente ans, mais ça marche aussi pour les autres générations)… Impossible en effet de ne pas se reconnaître dans cette observation très lucide de notre époque : en partant de caractères un peu clichés (en gros le naïf, l’artiste sensible et le cynique blasé), le réalisateur brossant un portrait saisissant et tout en nuances de la vie quotidienne de ces trois personnages, entre soirées entre copains, histoires d’amour chaotiques, nécessité de choisir une voie professionnelle, relations avec les parents, etc… Le film a de plus un côté occidental assez marqué, on a l’impression de voir une bonne comédie dramatique américaine, personnellement j’ai pensé plus d’une fois à une sorte de BREAKFAST CLUB pour trentenaires (ou à l’autre réussite majeure de John Hugues, LA FOLLE JOURNEE DE FERRIS BUELLER), donc si vous avez aimé ces deux films n’hésitez pas, DIL CHAHTA HAI est fait pour vous…

D’autant qu’on retrouve avec plaisir deux acteurs hindi qu’on connaît déjà bien ici (qui a dit les seuls ?), à savoir Aamir « LAGAAN » Khan et l’adorable Preity « chin on the cheek » Zinta (MISSION KASHMIR) … D’accord elle danse comme une courgette (pour une actrice indienne), mais elle a cette capacité fabuleuse de pouvoir faire passer successivement toutes sortes d’expressions contradictoires sur son visage, reflets immédiats de ce qu’elle pense ou ressent, observez la bien dans ce film ou dans la grande scène de la shikara dans MISSION KASHMIR, on ne s’en lasse pas. Quand à Aamir Khan il est particulièrement savoureux dans son rôle de Don Juan qui ne croit pas en l’amour (enfin « pas plus de deux semaines… »), un rôle aux antipodes de celui de LAGAAN (voir son look génial sur les deux photos ci-contre) mais qu’il endosse avec un naturel saisissant : il faut le voir se cacher derrière un pot de fleur pour éviter une fille un peu trop collante, ou déclencher une panique monstre en boîte de nuit pour pouvoir parler à Preity qui vient de lui taper dans l’œil… Les deux autres acteurs masculins sont tout aussi excellents, avec le jeune Saif Ali Khan qui tombe sans cesse amoureux, un peu énervant au début son personnage finit par devenir irrésistible (voir les scènes où il se moque du fiancé ringard de l’élue de son cœur), ou l’excellent Akshaye Khanna en artiste plus mûr et introverti…

LES PLUS LES MOINS
♥ LA scène de danse
♥ L’écriture du scénario
♥ Des personnages attachants
♥ Le casting
⊗ Quelques scènes en dessous
Et bien que le film ne soit pas le chef-d’œuvre clamé par certains, n’hésitez pas si vous ne l’avez pas encore vu, vous passeriez à côté d’une des plus belles réussites du cinéma hindi du début des années 2000.



Titre : Dil Chahta Hai
Année : 2001
Durée : 2h57
Origine : Inde
Genre : Comédie Dramatique
Réalisateur : Farhan Akhtar
Scénario : Farhan Akhtar

Acteurs : Aamir Khan, Akshaye Khanna, Saif Ali Khan, Ayub Khan, Preity Zinta, Sonali Kulkarni, Dimple Kapadia, Rajat Kapoor, Suchitra Pillai, Suhasini Mulay

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Auteur : Postscriptom

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