[Film] Dhaakad, de Razneesh Ghai (2022)


Agni, une agente d’élite des services secrets indiens, enquête à Budapest sur un trafic de femmes entre l’Inde et l’Europe de l’Est. De retour en Inde elle va rapidement remonter à la source du trafic dirigé par un couple de gangsters psychopathes.


Avis de NasserJones :
En tant que fan invétéré de cinéma HK et, principalement de cinéma HK de l’âge d’or des années 80/90, s’il y a bien un genre qui me manque par-dessus tout de cette époque c’est le Girls with Guns. Malgré une baisse de production vertigineuse de Hong Kong, tous les autres genres ont eu le droit après les années 2000 à des revivals plus ou moins réussis. Ainsi Donnie Yen a maintenu en vie presque à lui tout seul plusieurs genres de cette âge d’or : le polar kung fu avec SPL, Flashpoint et Special ID, le kung fu pian classique avec la saga Ip Man, le wu xia pian avec Seven swords, Lost Bladesman ou 14 Blades et même la kung fu comédie avec Enter the Fat Dragon. De son côté Johnnie To a continué à maintenir la tradition du heroic bloodshed avec Exilé ou Vengeance et du film de triades avec la saga Election. Mais s’il ya bien un genre qui a complètement disparu de Hong Kong c’est bien le Girls with Guns. Il a donc fallu aller tuer ma nostalgie dans d’autres pays avec le très bon coréen The Villainess en 2017 ou le sympathique philippin Maria et les non moins sympathiques vietnamien Furie ou même l’américain Atomic blonde. L’Inde propose donc aujourd’hui son Girls with guns avec ce Dhaakad et donc forcément j’ai sauté dessus.

Premier constat dès la scène d’ouverture où on voit l’héroïne en sous-vêtements dans sa chambre d’hôtel et bien elle est très sexy, pas particulièrement belle mais assez grande avec ce qu’il faut là où il faut (avis aux amateurs de formes généreuses). On la voit donc enfiler une tenue bien sexy à la Lara Croft pour partir en mission et enfourcher sa moto dans un style très badass. Ça commence donc très bien mais après ça va se gâter très vite. On a droit à une première fusillade au milieu d’une rue de Budapest assez nulle qui aurait plus sa place dans un clip de rap ou de rnb plutôt que dans un film d’action. C’est suivi par une sympathique baston aux sabres mais bordel qu’est-ce que des gangsters hongrois font avec des katanas ? Depuis quand les hongrois sont devenus des yakuzas ? Ensuite l’action se déplace en Inde et c’est beaucoup mieux. On a droit à un long flashback en noir et blanc très violent qui nous raconte tout le parcours du couple de gangsters façon Tueurs Nés d’Oliver Stone et qui nous explique comment ils ont construit leur empire de la prostitution. Le film va continuer comme ça tout le long, de façon déconcertante, à alterner séquences très réussies et passages complètement foirés.

Au rayon des ratés, on aura droit à une séquence d’espionnage à la Mission Impossible où l’héroïne se déguise et utilise un drone mouche tout droit sorti de Transformers ou d’une séquence clipesque façon pop rnb où elle séduit un gangster, sans doute l’un des plus mauvais passages musicaux que j’ai vu dans un film indien ces dernières années. Pareil pour le clip du générique de fin, catastrophique. Comme souvent dans le cinéma indien, le film apparait comme un immense fourre-tout mixant des influences de tout bord pas vraiment compatibles. Passer donc de The Villainess à Tueurs nés, puis de Mission Impossible à The Raid a donc de quoi déstabiliser et laisser sceptique. Au milieu de tout ça on a aussi la présence d’une fillette pour laquelle Agni se prend d’affection, lui rappelant la fillette qu’elle-même était avant le meurtre de ses parents. Là aussi ce n’est pas spécialement réussi, c’est censé apporter de l’émotion au récit mais ça apparait tellement artificiel et les ficelles utilisées sont tellement grosses que ça ne fonctionne pas vraiment. Bon un peu quand même parce-que la fillette est très mignonne et que je suis un grand sentimental mais on a vu plus émouvant quoi.

Mais il y a aussi de sacré bonnes choses dans ce Dhaakad, comme un énorme gunfight dans une mine, baigné dans une lumière orangée où Agni dessoude des ennemis par dizaine à coup de fusil d’assaut, de couteau ou même à main nue et là, il faut l’avouer, l’actrice Kangana Ranaut se montre très convaincante, avec une vraie présence physique et, bien que n’ayant pas une once de la souplesse d’une Moon Lee ou d’une Yukari Oshima, elle compense par une bonne dose d’agressivité. C’est la grande réussite de Dhaakad d’ailleurs, la prestation de Kangana Ranaut à la fois sexy et badass, très crédible dans son rôle y compris dans ses scènes d’entrainement où après avoir été grièvement blessée, elle reprend du poil de la bête en courant dans les champs ou en frappant sur un sac de frappe (j’adore les séquences d’entrainement). Le film est aussi visuellement très soigné, avec une belle photo, un peu tape à l’œil mais globalement très classe. On a un bad guy complètement taré plutôt réussi aussi, un peu inspiré du Rocky de KGF (une saga criminelle qui a cartonné récemment en Inde) et sa complice vicieuse et arrogante. Au final, malgré tous ses passages foireux, Dhaakad se laisse suivre avec plaisir jusqu’à son affrontement final pas très original mais suffisamment sauvage pour clôturer l’ensemble sur une note positive et je dois dire que je n’ai pas vu les 2h10 passer et que j’ai même eu l’impression que le film ne durait que 1 h 30 (ce qui est plutôt un bon signe).

LES PLUS LES MOINS
♥ La prestation de Kangana Ranaut sexy et badass.
♥ La réalisation très propre
♥ Agréable à suivre
⊗ Pas mal de séquences nanardesques

Dhaakad est une semi-réussite (ou un semi-échec c’est selon) quelque peu entachée par de trop nombreuses séquences ratées mais porté par une héroïne sexy et badass qui fait le job, ainsi qu’un visuel soigné qui en font un spectacle assez plaisant.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film a été le plus gros bide de l’année en Inde. Après l’échec de Manikarnika en 2019, il semblerait que le public indien ne soit pas encore prêt à accepter les femmes guerrières en rôle principal, préférant les guerriers moustachus.

• Les chorégraphies des scènes de combat ont été assurés par le cascadeur américain Cameron Hilts et par le cascadeur/chorégraphe coréen Sea-young Oh.



Titre : Dhaakad
Année : 2022
Durée : 2h05
Origine : Inde
Genre : Girls with Guns
Réalisateur : Razneesh Ghai
Scénario : Ritesh Shah

Acteurs : Kangana Ranaut, Divya Dutta, Arjun Rampal, Mahaakshay Chakraborty, Sharib Hashmi, Saswata Chatterjee, Tumul Balyan, Ankit Pachori

 Dhaakad (2022) on IMDb


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Auteur : Nasserjones

Fan névrosé de cinéma HK, élevé aux girls with guns et heroic bloodsheed, j'essaye depuis quelques années de me soigner comme je peux en m'ouvrant un peu plus à des films plus intimistes et différents. Des Philippines au Kazakhstan, de la Corée à l'Indonésie, je poursuis tant bien que mal mon auto-thérapie.
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