[Film] Dans Les Griffes Du Dragon Rouge, de Mark L. Lester (1991)

Deux inspecteurs du LAPD, Kenner et Murata, enquêtent sur le nouveau oyabun des Yakuzas de Little Tokyo, le quartier japonais de Los Angeles. Kenner et son coéquipier nippo-américain sont experts en arts martiaux.


Avis de John Roch :
Réalisateur peu finaud mais ô combien généreux qui nous a offert sa vision de la jeunesse avec Class of 1984, son avis sur les méthodes d’éducation en milieu scolaire avec Class of 1999, une adaptation aux débordements pyrotechniques du Charlie de Stephen King, et surtout ce chef d’œuvre maintes fois copié mais jamais égalé qu’est Commando, et rien que pour ce dernier il restera dans la légende, Mark L. Lester sort rincé de Dans les Griffes du Dragon Rouge. Dégoutté du système Hollywoodien après que les exécutifs de la Warner ne charcutent son film après des projections tests dites désastreuses, le cinéaste tournera depuis des métrages aux budgets de plus en plus modestes histoire de garder le contrôle, jusqu’à payer sa retraite avec des séries Z qui lui font un peu honte. Il faut dire que de passer de Schwarzenegger qui décime une armée à lui tout seul à Coolio qui fait semblant de tirer sur des ptérodactyles, ça la fout un peu mal. Dans les Griffes du Dragon Rouge, c’est un rendez-vous manqué pour le réalisateur, mais aussi pour Dolph Lundgren, alors en pleine ascension après Rocky 4 mais qui fait le yoyo entre succès et échecs, jusqu’à celui de Johnny Mnemonic qui lui fermera la porte des salles obscures (il faudra attendre 15 ans pour le revoir sur un grand écran dans The Expendables) et pour Brandon Lee pour qui c’est la première grosse production Hollywoodienne, puisqu’en plus d’être condamné à l’échec commercial avec une sortie très limitée sur les écrans Américains pendant que Steven Seagal cassait des bras et la baraque dans les multiplexes, Showdown in Little Tokyo de son titre original est sortie directement en vidéo dans la plupart des pays du monde. Aujourd’hui, si Dans les Griffes du Dragon Rouge peut être un plaisir coupable et nostalgique du cinéma d’action US d’antan, si l’on est un minimum objectif il faut avouer que le passage sur la table de montage fait qu’il n’y a pas grand chose qui va.

Dolph est Kenner, un flic dur à cuire qui fait la chasse au truand Japonais, Brandon est Murata, un flic de l’immigration qui va devoir faire équipe avec le premier pour stopper Yoshida, un Yakuza qui importe une drogue Japonaise pire que le crack tout en protégeant Minako, témoin d’un crime. L’intrigue de Dans les griffes du Dragon Rouge se résume à ça, puisque le scénario a été sucré au montage et qu’il n’existe donc plus. Pour ce qu’il en reste, on est face à ce qui est un buddy movie comme la Warner en produisait à la pelle à cette époque, ou du moins ce qui ressemble à un buddy movie. On retrouve donc le duo que tout oppose, et qui va s’aimer à la fin : Dolph le grand blond a grandi au Japon et se prend pour un samurai et Brandon le métisse est né et a grandi aux États-Unis sans attache à ses racines Japonaises (mais sa mère lui a enseigné les arts martiaux, faut pas déconner non plus). Le problème c’est que les personnages, en plus de ne pas être développés, ne sont pas traités de manière égalitaire, Kenner est le vrai héro du métrage, a un trauma d’enfance invraisemblable lié à Yoshida, va emballer la demoiselle en détresse et défoncer le méchant et la quasi intégralité de ses sbires. La vrai star du film c’est Dolph Lundgren donc, quant à Brandon Lee, il est transparent, fade, n’expose aucunement ses capacités martiales en dehors de quelques kicks que Dolph fait également, et son personnage se résume à un sidekick pas drôle et pas introduit, il est d’ailleurs intéressant de constater qu’il n’est jamais filmé à coté du Suédois, mais toujours en retrait derrière lui.

Mais Dans les Griffes du Dragon Rouge sait à quel public il s’adresse : les mâles, ceux qui viennent pour l’action, la testostérone et les boobs (pas d’inquiétude mesdames, le torse et les fesses musclées du beau Dolph sont la pour vous) et de ce coté on peut dire que c’est une réussite car, passé le générique de début, ça ne s’arrête plus jusqu’au générique de fin. Comme le dit Murata à un moment, « on se croirait dans un jeu vidéo » et il n’a pas tort, le film est une sorte de beat’em up live, où les héros traversent différents niveaux qui semblent sortis d’un Final Fight ou un double Dragon : le bar, le restaurant, les bains, la foret, l’entrepôt, les rues de la ville, etc. On ne s’ennuie donc jamais mais il ne faut pas être trop regardant sur la qualité de la mise en scène quand il s’agit de filmer des bastons (en champ-contre champ) ou sur le montage complètement bordélique, aussi bien dans l’action que dans le récit lui même, puisque si l’on suit un minimum une intrigue pourtant inexistante, on remarque par moment des scènes incrustées entre deux qui logiquement se suivent. Globalement, Dans les Griffes du Dragon Rouge est donc un ratage, si le film n’est pas avare en action, rien ne tient debout, pas plus la mise en scène que le montage, en passant par un scénario sacrifié sur la table de montage qui rend le tout incohérent et inconsistant et une musique répétitive. Je m’en vais me refaire Commando moi.

LES PLUS LES MOINS
♥ De l’action tout le temps
♥ Des boobs
♥ Il est beau Dolph
⊗ Brandon Lee, transparent et inutile
⊗ Il n’ y a littéralement pas de scénario
⊗ Un montage bordélique
⊗ La mise en scène aussi
⊗ La musique qui a visiblement laissé des morceaux sur la table de montage
Dans les Griffes du Dragon Rouge est un pur concentré d’action, dommage qu’il oublie tout le reste. Le film a certes été massacré par les exécutifs de la Warner, mais il faut bien juger le résultat à l’écran, et celui-ci n’est pas détestable mais pas glorieux non plus.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film a eu de multiples scénaristes non crédités chargés de réécrire un script trop sérieux pour quelque chose qui se rapproche de commando.
• Parmi les scènes coupées au montage, on retrouve des introductions pour les personnages principaux, et des personnages secondaire plus développés.
• L’ un des scénariste qui a œuvré sur le film raconte aujourd’hui que Dans les griffes du dragon rouge était bien plus dramatique, et regrette que le résultat final ne se résume qu’ a une succession de scènes d’ action.



Titre : Dans les griffes du dragon rouge / Showdown in little Tokyo
Année : 1991
Durée : 1h19
Origine : U.S.A
Genre : Beat’ em up
Réalisateur : Mark L. Lester
Scénario : Stephen Glantz, Caliope Brattlestreet

Acteurs : Dolph Lundgren, Brandon Lee, Tia Carerre, Cary-Hyroyuki Tagawa, Toshishiro Obata, Philip Tan, Rodney Kageyama, Ernie Lively, Simon Rhee

 Dans les griffes du dragon rouge (1991) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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