[Film] Crying Freeman, de Christophe Gans (1995)


Emu O’Hara, jeune peintre, est témoin du meurtre d’un gangster japonais sur les hauteurs de San Francisco. Le meurtrier, un élégant et beau jeune homme, verse une larme de remords. Cette marque d’humanité n’échappe pas à la jeune femme qui se sent, depuis l’enfance responsable de la mort tragique de ses parents. De retour à Vancouver, Emu est devenue un témoin capital que se disputent la police et le puissant chef yakuza Shimazaki, père du gangster exécuté par Crying Freeman.


Avis de Cherycok :
Lorsqu’on regarde à nouveau un film qu’on avait beaucoup aimé il y a plus de vingt ans de cela, il y a souvent des petites questions qui nous trottent dans la tête. Est-ce que plus de 20 ans après, je vais toujours aimer autant ? Est-ce qu’il n’aura pas trop (mal) vieillit ? Est-ce que mes goûts, qui ont évolué, ne vont pas me faire voir le film différemment ? C’est parfois le cas au point qu’on se demande « Comment j’ai pu trouver ça génial à l’époque !?! ». Et puis, il y a ceux qui, à part quelques coupes de cheveux et tenues vestimentaires de l’époque, passent toujours comme une lettre à la poste, qui traversent les décennies sans réellement bouger, qui ont retrouvé une seconde jeunesse avec la haute définition. Crying Freeman de Christophe Gans fait partie de ces films-là car oui, plus de 20 ans après, c’était toujours aussi bien.

Crying Freeman, c’est l’histoire d’un tueur à gage, le Freeman, qui ne peut se résoudre à tuer la femme dont il est tombé amoureux, allant pour le coup à l’encontre des règles de la société secrète chinoise dont il fait partie. Sauf que cette femme est le témoin capital d’un meurtre impliquant le fils d’un important chef yakusa, justement tué par le Freeman. Arrivera-t-il à la tuer malgré tout ? Doit-il la protéger ? Doivent-ils fuir ensemble loin de tout ça ? Une chose est sûre, c’est que désormais la vie du Freeman et de cette femme ne sera plus jamais la même. Policier et Yakusas sont désormais à leur trousse.
Entre autres produit par Brian Yuzna, Crying Freeman est l’adaptation du manga éponyme de Kazuo Koike et Ryôichi Ikegami. Et bien qu’il n’adapte qu’une partie du manga (le reste étant assez difficile à adapter à l’écran) et que quelques légères modifications ont été apportées afin de s’exporter plus facilement (l’héroïne est américaine dans le film, japonaise dans le manga ; sa rencontre avec le freeman se passe à San Francisco dans le film, Hong Kong pour le manga, …), nous sommes sans doute en présence ici de la meilleure adaptation cinématographique de manga à ce jour. Christophe Gans est depuis toujours un passionné de cinéma asiatique (il est à l’origine du magazine HK Mag et de la collection HK Video) et il va s’efforcer de rester au maximum fidèle à l’œuvre dont il s’inspire.

Christophe Gans va apporter un soin tout particulier à son métrage. Visuellement, c’est tout bonnement superbe. Crying Freeman est beau du début à la fin, Gans a tenu à ce que son film ait une esthétique irréprochable et il semble être arrivé au résultat escompté. Les décors sont somptueux et les scènes d’action, malgré il est vrai un abus de ralenti, sont superbement chorégraphiées. Que ce soit les combats pieds / poings ou les nombreux gunfights, on en prend plein les mirettes avec des effets de style qui en mettent plein la vue. La musique qui accompagne le film est tout aussi superbe, tantôt entrainante, tantôt envoûtante, constamment présente et prenante, toujours en adéquation avec les images. Il se dégage du film une grande puissance en partie grâce au casting absolument impeccable. Mark Dacascos (Only The Strong, Le Pacte des Loups), habitué des séries B et autres productions bas de gamme, campe ici sans doute son meilleur rôle, tout en retenue. Le reste du casting n’est pas en reste, avec une Julie Condra (Gas Food Lodging, Nixon) magnifique, un Byron Mann (Street Fighter, Le Corrupteur) pour une fois pas cabotin, ou encore un Tchéky Karyo (Dobermann, Nikita) qu’on prend toujours un énorme plaisir à retrouver.
Le scénario est efficace, et ne perd jamais en intérêt tant son rythme fait preuve d’une fluidité exemplaire. Le film a beau être au final assez lent, il comporte pas mal de scènes posées ou d’échanges entre les protagonistes, on se laisse malgré tout porter du début à la fin sans que jamais on ne ressente le temps qui passe. Et ça, c’est bon signe.

LES PLUS LES MOINS
♥ Visuellement superbe
♥ Excellente OST
♥ Dacascos dans son meilleur rôle
♥ Des personnages forts
⊗ Scénario un peu simpliste
⊗ Peut-être trop de ralentis
Malgré son scénario parfois un peu simpliste, Crying Freeman est une excellente adaptation du manga du même nom et un vibrant hommage au cinéma asiatique que Christophe Gans apprécie particulièrement. Un premier long métrage marquant et une renommée internationale immédiate pour son réalisateur.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Julie Condra, qui interprète Emu O’hara rencontre Mark Dacascos au cours du tournage du film. Elle l’épouse trois ans plus tard et ils ont trois enfants ensemble : deux garçons (Makoalani et Kapono) et une fille (Noelani).
• Pour la plupart des premiers rôles, (Yo, Emu O’Hara, Koh), le doublage français est assuré par les mêmes comédiens à la fois dans le film et dans l’animé, à l’exception de Tcheky Karyo qui est remplacé par Bernard-Pierre Donnadieu dans l’OAV.
• C’est Jason Scott Lee qui était initialement prévu pour le rôle de Yô. Mais son planning était trop chargé et c’est finalement Mark Dacascos qui a été choisi.
• Mark Dacascos a effectué lui-même toutes ses cascades.
• Le film n’est jamais sorti aux États-Unis, ni au cinéma, ni en DVD. Il a fallu attendre 2017 pour qu’il arrive là-bas sur la plateforme de VOD Amazon Prime


Titre : Crying Freeman
Année : 1995
Durée : 1h42
Origine : France / Canada / U.S.A / Japon
Genre : C’est beau un homme qui pleure
Réalisateur : Christophe Gans
Scénario : Christophe Gans, basé sur le manga de Kazuo Koike et Ryoichi Ikegami

Acteurs : Mark Dacascos, Julie Condra, Byron Mann, Tchéky Karyo, Masaya Kato, Yoko Shimada, Rae Down Chong, Kevan Ohtsji, Mako

 Crying Freeman (1995) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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