[Film] Bull, de Paul Andrew Williams (2021)


Bull s’en revient au bercail après dix ans d’absence, bien décidé à solder les comptes. Dans son collimateur, ses anciens partenaires criminels et surtout leur boss, qui se trouve être son beau-père. Bull veut récupérer son fils, peu importe la manière.


Avis de Cherycok :
Après son juste sympathique Bienvenue au Cottage (2008), son Cherry Tree Lane (2010) en demi-teinte et son trop larmoyant Song For Marion (2012), Paul Andrew Williams semble s’être lassé du cinéma et se réfugie à la télévision où il va enchainer plusieurs années durant téléfilms (Murdered by My Boyfriend) et épisodes de séries TV (Broadchurch, Strangers, …). Mais l’envie de refaire un long métrage semble plus forte que tout et le réalisateur anglais tente de remettre le couvert avec Bull, un revenge movie crapoteux qu’il met en scène et qu’il scénarise également. Tourné en 18 jours pendant le premier confinement de la pandémie Covid-19 pour 100000£ (500000£ selon certaines sources), Bull sort en 2021, directement en SVOD sur la plateforme ShadowZ chez nous, après avoir fait sensation dans les festivals et avoir par exemple gagné L’œil d’Or au PIFFF 2021. Sincèrement, c’est mérité, même si je mettrais un petit bémol…

Un homme, Bull, réapparait après avoir disparu pendant dix ans et commence à tuer des gens sans qu’on sache réellement pourquoi (ce n’est pas du spoil, c’est dans les 5 premières minutes). Par contre, à la réaction des victimes, on sent bien qu’eux savent pourquoi. Au fur et à mesure que le film va avancer, certains points vont s’éclaircir. On va assister en parallèle à cette histoire de vengeance et, via des flashbacks, à celle qui amène tous ces gens à avoir peur du retour de Bull. On va comprendre que tout n’est pas rose dans cette famille et que les secrets refont forcément surface. Bien entendu, des scénarios du genre, avec un personnage vengeur qui revient des années plus tard pour faire le ménage, on en a déjà vu plein (Payback, Kill Bill, …). Mais Bull tire son épingle du jeu avec une tension constante, une grande efficacité et une noirceur presque nihiliste. Dès la scène d’introduction, avec ces trois hommes qui rebouchent un trou (on comprend bien qu’ils ont enterré quelqu’un) dans un champ isolé en plein milieu de la nuit, qu’on voit s’éloigner longuement dans l’obscurité sur fond de musique inquiétante, l’ambiance est posée, sans chichi, sans subterfuge. On va être dans quelque chose de lourd, de froid, d’âpre, à l’instar de l’image du film, pale, austère. A mesure que le film avance, la noirceur est palpable, accentuée par une bande son parfaitement en adéquation avec les images. La mise en scène de Paul Andrew Williams est très bonne, carrée, sans fioriture et va nous offrir quelques plans vraiment superbes grâce à une photographie où rien n’est laissé au hasard. Le réalisateur maitrise son film de bout en bout, comme si le tournage compliqué en période de COVID (ils devaient tourner dans 39 lieux différents en à peine 18 jours) l’avait motivé à faire les choses bien malgré le temps qui était compté.

Le scénario est simple et va miser sur l’efficacité, sans jamais chercher à complexifier les choses, à les rendre abracadabrantesques. Le réalisateur arrive à étoffer comme il se doit tous les personnages et les relations, parfois complexes, qu’ils ont entre eux en quelques lignes de dialogues, en quelques plans. Ce que certains n’arrivent jamais à faire pendant deux heures est mis en place ici avec une fluidité et une simplicité déconcertante. Ces personnages sont une des forces du film, tout comme les acteurs qui les interprètent. David Hayman (Le Chacal, MacBeth), tête connue du cinéma anglais, est très bon avec sa tête de petit vieux inoffensif mais qui arrive à faire peur en un claquement de doigts, juste par le regard. Neil Maskell (Hyena, Kill List, la série Utopia), qui interprète Bull, tire son épingle du jeu et fait froid dans le dos. Il interprète à la perfection cet anti-héros vengeur et hargneux qui nous amène très facilement dans sa petite entreprise de destruction et de massacre. Dans Bull, la violence est sèche, froide, avec un personnage qui tue comme il respire, sans que ça ne lui amène une quelconque émotion. Il est juste avide de vengeance et rien ne le stoppera. Certains plans font mal, essentiellement lorsque des armes blanches sont plantées dans la chair et que le réalisateur nous le montre frontalement. On est happé par cette quête vengeresse bien qu’on aurait préféré que le twist final choisisse un autre chemin. Bien qu’il risque de plaire à certains, il a de mon côté été de trop et le film aurait eu encore plus de puissance avec une explication différente que je préfère taire pour ne pas gâcher le plaisir de ceux qui s’aventureront dans ce vraiment très bon film.

LES PLUS LES MOINS
♥ La mise en scène
♥ Le casting
♥ L’ambiance très travaillée
♥ Simple et efficace
⊗ Les 2 dernières minutes

Bull est un thriller captivant, sans temps mort, au protagoniste brillamment interprété. A n’en pas douter le meilleur film de Paul Andrew Williams et une très bonne surprise qui ravira les amateurs du genre.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le réalisateur Paul Andrew Williams a remercié le public dans son jacuzzi, bière à la main, ironisant sur les conditions difficiles de tournage et le peu d’argent à disposition.



Titre : Bull
Année : 2021
Durée : 1h28
Origine : Angleterre
Genre : Vengeance à l’anglaise
Réalisateur : Paul Andrew Williams
Scénario : Paul Andrew Williams

Acteurs : Neil Maskell, David Hayman, Lois Brabin-Platt, Henri Charles, Kevin Harvey, Rufus Gerhardt-Williams, Jake Davies, Elizabeth Counsell, David Constant

Bull (2021) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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