La nuit de ses noces, Mallory découvre non sans horreur qu’elle a épousé un démon. Elle le tue aussitôt d’un coup de hache et décide de consacrer sa vie à la lutte contre cette monstrueuse vengeance. Quelques années plus tard, la voici à la tête d’un gang anti-paranormal composé de Vena Cava, une drag-queen experte en explosifs, et de Talking Tina, une petite fille télépathe. Mallory doit enquêter sur l’enlèvement du Pape par une étrange créature. Le Vatican n’approuve guère ses méthodes, mais Mallory est la seule à pouvoir retrouver le Saint-Père dans les prochaines vingt-quatre heures, avant que les médias ne s’emparent de l’affaire.
Avis de John Roch :
Qui se souvient aujourd’hui de la salve de films estampillés Bee Movies ? Les Bee Movies au départ, c’est une excellente initiative de Canal + et de Fidélité Production qui a pour but de produire des films de genre Français suite au succès inattendu et incompréhensible du slasher navet Franchouillard Promenons-Nous dans Les Bois. A l’arrivée, si l’on excepte le petit bijou qu’est Maléfique d’Eric Valette, on ne peut pas dire que les Bee Movies aient fait du bien au cinéma de genre de l’hexagone. Mais plus que Un Jeu d’Enfant et Requiem, Bloody Mallory se pose comme le pire film de cette vague, et passé le premier quart d’heure qui annonce un potentiel nanar, on se retrouve au final avec un navet complet aux influences diverses. L’idée de Bloody Mallory, on la doit à Julien Magnat, fraichement diplômé de la Femis qui a fait parler de lui avec son court métrage de fin d’étude Les Nouvelles Aventures De Chastity Blade nominé aux oscar 2001 dans la catégorie meilleur court métrage étudiant étranger. Un jeune espoir qui ne percera pas avec ce premier et avant dernier long (il réalisera en 2011 le film Faces in the Crowd avec Milla Jovovich) qui est un échec critique et public avec seulement 30000 entrées sur le territoire.
Mallory est devenue Bloody Mallory après avoir tué son mari le jour de leur mariage car c’était un démon, leurs sangs s’étant mélangés, elle est capable de voir et d’éradiquer les forces du mal sous toutes ses formes. Aujourd’hui elle est à la tête d’une unité créée par le gouvernement pour lutter contre les démons et autres phénomènes paranormaux. A bord de son corbillard rose elle est accompagnée par Vena Cava, travelo spécialiste en armes et explosifs, Talking Tina la gamine muette télépathe, et de l’inspecteur Durand qui est là pour encadrer les opérations. D’opération, la dernière dont l’objectif est de libérer des nonnes des griffes de goules est un carnage : l’inspecteur meurt, et Talking Tina est plongé dans un coma dont elle risque de ne jamais se réveiller. Pendant que Bloody Mallory perd la moitié de son effectif, le pape se fait kidnapper par les derniers représentants d’une caste de super démons qui veulent accomplir un rituel dans le but de ramener sur terre les anges déchus qui ont élu domicile dans un village disparu dans les limbes. Mallory y fonce donc tête baissée avec ce qu’il lui reste comme alliés : Vena Cava et son rouge à lèvre lance roquette, Talking Tina qui est dans le coma mais qui est capable de transférer son esprit dans tout être, humains comme animaux, d’un curé garde du corps du pape, et de son mari décédé qui est condamné à rendre service à sa femme car il est écrit dans le chapitre 39 du Necronomicon que si un démon est tué sous sa forme humaine, il doit fournir des services et des informations à celui qui a donné le coup de grâce. Mais histoire de ne pas faire avancer le script trop rapidement, le chapitre 39 section D stipule que seul une information peut être dévoilée par jour. Le premier quart d’heure de Bloody Mallory s’annonce comme un nanar pur jus : les acteurs sont en roue libre, les maquillages sont tout aussi hideux que les effets spéciaux, les décors sont cheap, la caméra tourne et se retourne dans tout les sens, le montage ultra cut prend trois plans pour montrer des choses sous tous les angles alors qu’un seul aurait suffit, l’action est confuse et les bastons bénéficient de chorégraphies pas vraiment chorégraphiées où les bras s’agitent dans tout les sens qui de plus sont filmées la plupart du temps en champ contre champ, le tout saupoudré de dialogues à l’humour qui fait pschitt et on se marre devant ce spectacle à mi-chemin entre Buffy Contre les Vampires, le jeu vidéo et l’animation Japonaise. Seulement ça ne va pas durer, le métrage s’essouffle rapidement passées ces quinze minutes, et devient même totalement inintéressant après les trois premiers quarts d’heure.
Pour ce premier long métrage, Julien Magnat ne fait pas dans l’originalité tant Bloody Mallory est une accumulation d’influences plus ou moins visibles. La série Buffy contre les Vampires, le jeu vidéo, Lovecraft et l’animation Japonaise donc, mais aussi la chanteuse Diamanda Galas dont le personnage de Vena Cava est un hommage revendiqué, Talking Tina est un personnage hérité du comic book, le curé (qui par ailleurs s’appelle père Carras, sans le K) fait penser à celui dépêché par le Vatican du Vampires de Carpenter, le rôle de Mallory dans la prophétie renvoie directement à Blade, des pièges mortels semblent sortir d’un opus d’Indiana Jones… Le réalisateur a baigné dans la pop culture et cela se voit, il amène même un petit fond à son film avec une critique de la religion via le personnage du pape assez extrémiste dans ses propos. Il y a de la sincérité de la part du cinéaste, les interviews d‘époque le démontraient mais les meilleures attentions seules ne font pas un bon métrage et rien n’y fait, Magnat a accouché d’un très mauvais film où rien ne tient debout. L’écriture est ratée, l’humour est lourdingue et ne fait jamais rire, le reste des dialogues sont quant à eux sans intérêt, sonnent faux du fait du mauvais jeu des acteurs (Valentina Vargas est exécrable, Olivia Bonamy fait ce qu’elle peut sans pour autant convaincre, quant au reste du casting on oscille entre le minimum syndical et le calamiteux). Coté technique ce n’est guerre mieux, de la mise en scène brouillonne à la photographie hideuse en passant par un montage trop cut, visuellement c’est une catastrophe. Mais ce qui mine Bloody Mallory, c’est surtout son rythme, le film devient trop rapidement ennuyeux dès lors qu’il commence vraiment. L’action devient rare, les dialogues sont assommants et les scènes d’exposition bien trop longues, sans oublier la laideur ambiante du film qui ne donne pas envie de s’y intéresser plus que ça. Quant à la musique, on ne peut que tomber à la renverse lorsque l’on découvre qu’elle est signée Kenji Kawai, qui visiblement effrayé par les images qui ont défilées devant lui a rendu ce qui est sûrement la pire B.O de sa carrière . Et ce n’est pas le final anti-spectaculaire et très moche qui redonnera de l’intérêt à ce ratage qui prouve ce qui a été maintes fois prouvé : à de rares exceptions, le cinéma Français et le cinéma de genre quand ça veut pas, ça veut pas.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Le premier quart d’heure est amusant | ⊗ La mise en scène ⊗ Le rythme ⊗ Globalement c’est très laid ⊗ Les maquillages et les effets spéciaux ⊗ L’humour lourdingue qui ne fait jamais mouche ⊗ Le casting qui fait le minimum ⊗ La musique dont on a du mal à croire qu’elle soit signée Kenji Kawai |
Passé un premier quart d’heure qui annonce un nanar jouissif, Bloody Mallory n’est au final qu’un navet visuellement très laid, aux dialogues affreux, à l’humour lourdingue et à la mise en scène brouillonne, qui réussit à devenir complémentent inintéressant dans sa seconde moitié. |
Titre : Bloody Mallory
Année : 2002
Durée : 1h34
Origine : France
Genre : Poopy Mallory
Réalisateur : Julien Magnat
Scénario : Stéphane Kazandjian et julien Magnat
Acteurs : Olivia Bonamy, Adria Collado, Jeffrey Ribier, Laurent Spielvogel, Valentina Vargas, Julien Boisselier, Thylda Barès, Ludovic Berthillot