[Film] Bloody Ballet, de Brett Mullen (2018)


Lorsque la danseuse de ballet Adriana est désignée pour être le premier rôle dans la production Casse-Noisette, le stress fait remonter en elle des démons enfouis. Hantée par un traumatisme d’enfance, elle commence à avoir des hallucinations et à faire des rêves troublants. Au même moment, un mystérieux tueur masqué, avec un penchant pour les boîtes à musique, commence à tuer une à une les différentes protagonistes du ballet…


Avis de Cherycok :
C’est quelque chose que je fais de temps en temps : me lancer dans le visionnage d’un film sans rien savoir de ce dernier. Ni qui l’a réalisé, ni quels acteurs jouent dedans, ni même de quoi ça parle. Rien de rien. Un choix à la gueule de la jaquette en gros. Aujourd’hui, je me suis orienté vers Bloody Ballet et sa jaquette représentant une danseuse étoile, sa tenue immaculée de sang, et le sous-titre « Competition can kill ». La danse classique est le genre de chose qui me donne des poussées soudaines d’urticaire mais, allez savoir pourquoi, ça m’intriguait. Et puis, 1h24 générique compris au compteur, la souffrance ne serait pas longue si le film s’avérait être un étron cosmique. Au final, la pioche aura été plutôt bonne puisque, même si le film est loin d’être parfait, il n’en demeure pas moins un bien bel hommage au cinéma d’horreur des années 70/80 et, et plus particulièrement aux giallos de Mario Bava, Dario Argento, Lucio Fulci et autres Michele Soavi…

Le jeune Brett Mullen semble donc faire partie de ces réalisateurs bercés au cinéma d’horreur italien des années 70/80. Son premier film déjà, Bombshell Bloodbath (2015) était un hommage aux films de zombies ritals et plus particulièrement ceux de Lucio Fulci. Avec sa nouvelle bobine, Bloody Ballet (appelé aussi Fantasma), c’est directement à des films tels que Les Frissons de l’Angoisse (1975), Suspiria (1977), Inferno (1980) ou encore Bloody Bird (1987) qu’il fait référence, déversant à chacune de ses scènes (du moins celle du segment principal) son amour pour le genre.
Visuellement, ça a de la gueule. Le premier métier de Brett Mullen est directeur de photographie et ça se ressent. Il va énormément jouer sur les couleurs (rouge, bleu, vert, jaune) et le rendu final de certaines séquences est vraiment très beau. C’est d’ailleurs la mise en scène de manière générale qui tient bien la route. Mullen semble savoir ce qu’il fait et ce malgré une expérience limitée. L’ambiance de son film est parfois gothique, parfois onirique, et souvent assez étrange. Le travail effectué sur les musiques est également à saluer, façon synthétiseur (on croirait parfois entendre du Kavinsky) très typé 80’s, utilisant ces sonorités comme Dario Argento utilisait celles du groupe Goblin. Le gore, peu présent dans la première moitié, est bien plus présent dans sa deuxième avec bon nombre d’effets artisanaux, le réalisateur semblant s’être interdit l’utilisation des CGI. Enucléations, éventration, arrachage de tendon d’Achille, les amateurs de faux-sang, de prothèses et de latex seront aux anges. On soulignera que le film ne se jette pas dans l’érotisme gratuit. Il y a certes quelques plans boobs mais on est bien loin de la vulgarité et la gratuité qui habite ce genre de productions horrifiques de nos jours. Sur sa forme, Bloody Ballet est hautement recommandable.

Le problème, c’est qu’il y a pas mal d’à-côtés qui clochent un peu. L’histoire du personnage masculin, qui a des visions, à la recherche d’information, qu’on suit en parallèle, est inintéressante au possible. Elle est là pour nous faire nous poser des questions mais elle n’a au final absolument aucune utilité. Pire encore, elle ralentit encore plus le rythme d’un film qui n’est pas fou-fou à ce niveau-là. Bloody Ballet est assez lent, prend son temps, et arrive même parfois à nous ennuyer. Il s’attarde parfois trop sur les hallucinations / visions du personnage principal (même si elles sont souvent de toute beauté) au point que ça arrive à nous sortir un peu de la trame principale. Certains meurtres arrivent également à être un peu soporifiques dans le sens où on a parfois l’impression que les victimes se laissent un peu faire (celui dans la voiture en est l’exemple le plus frappant). Et puis il y a les habituelles incohérences du cinéma horrifique, avec ces personnages qui prennent des décisions stupides, ou le fait que [SPOILER ALERT] les bras du tueur sont étonnement poilus et tatoués quand on tient compte de qui est censé se cacher derrière le masque [FIN SPOILER ALERT]. Ajoutez à cela un côté très prévisible, et ce dès la toute première scène, et vous obtiendrez un produit qui se regarde, mais qui au final n’a rien d’exceptionnel.

LES PLUS LES MOINS
♥ Beau visuellement
♥ Excellente musique
♥ L’hommage aux giallo
⊗ Parfois ennuyeux
⊗ Des incohérences
⊗ Certains acteurs en deçà
Bloody Ballet est un neo-giallo qui ravira sans doute les amateurs de Dario Argento et autres Mario Bava de par son esthétique très soignée. Malheureusement, le résultat final est en demi-teinte car le film se perd souvent dans des idées pas forcément bien venues.



Titre : Bloody Ballet / Fantasma
Année : 2018
Durée : 1h24
Origine : U.S.A
Genre : Neo-giallo
Réalisateur : Brett Mullen
Scénario : Matt Cloude, Brett Mullen

Acteurs : Kendra Carelli, Katie Carpenter, Caroline Williams, Debbie Rochon, Brett Wagner, Susanne Marie Danger, Rob Springer, Jae Hitch, Jess Barbour

 Fantasma (2018) on IMDb






















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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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