[Film] Barb Wire, de David Hogan (1996)

Le film se situe dans un futur proche, en 2017, dans lequel le Congrès américain a pris un pouvoir absolu et instauré une dictature réprimant durement les « anti-citoyens ». Barb Wire, patronne d’un bar situé à Steel Harbor, dernier territoire libre des États-Unis, est une mercenaire qui vend ses services aux plus offrants. Elle a combattu dans les rangs de la « résistance » lors de la Seconde guerre civile, puis a abandonné ses activités afin de mener une vie plus lucrative, avec son frère, aveugle depuis la guerre. Avec l’aide d’un de ses anciens compagnons d’armes, elle va aider une biologiste à s’échapper du territoire contrôlé par les congressistes.


Avis de Rick :
Ah Barb Wire, un film avec une réputation. Réputé comme mauvais, mais très amusant pour certains, un nanar donc, alors que jugé juste mauvais par une autre partie du public. Il faut donc voir pour juger. Au final, c’est pile entre les deux. Parfois vraiment nanar, de quoi se marrer, et à d’autres moments, juste pathétique et mauvais. Surtout que Barb Wire, en y regardant de plus près, c’est juste Casablanca, dans un univers futuriste du pauvre, et avec Pamela Anderson dans le rôle de Humphrey Bogart. Oui, ça fait tâche, il fallait oser. Mais dans le fond, pourquoi pas, puisqu’après tout, certaines grandes œuvres du monde du cinéma sont des remakes dans un genre différent. Pour une Poignée de Dollars de Sergio Leone est après tout une relecture de Yojimbo, Le Garde du Corps, de Kurosawa. Mais Pour une Poignée de Dollars est un grand film signé par un grand réalisateur. Barb Wire est un navet, signé par David Hogan, qui signe là son premier long métrage. Et également son tout dernier. Voilà, ça veut tout dire, et pour une fois, ce n’est pas à cause d’un succès non mérité qui ferme les portes à un jeune réalisateur, non. Barb Wire est un premier film bien raté, qui a fermé les portes à son réalisateur, à juste titre, même s’il n’est pas le seul à blâmer, entre son scénario copiant totalement Casablanca, ses acteurs parfois mauvais, sa production voulant mettre en avant le physique de Pamela Anderson. Ça, on le remarque dés le générique, avec la miss se trémoussant sous un jet d’eau, en petite tenue, et le tout sur une lumière bleutée. C’est de mauvais goût, et comme le physique de madame Anderson me laisse de marbre, ça ne fonctionne pas du tout pour moi. Mais il faut bien vendre le film, et entre montrer Pamela se trémousser sous un jet d’eau car elle joue une mercenaire stripteaseuse et nous vendre le film en nous disant « hey, ça adapte un comics et il y a Udo Kier dedans », je crois que la production a rapidement fait son choix.

Ce qui se confirme l’instant d’après lorsque l’on nous présente les méchants, qui torturent par électricité une jeune femme, et forcément, pour cela, il faut qu’elle soit quasiment intégralement nue, et qu’elle pousse des cris pouvant prêter à confusion. Et lorsque Barb Wire accepte un premier contrat au début du film, la voilà en tenue dévoilant son gros fessier pour mitrailler des figurants, avant de livrer la marchandise à Clint Howard, gueule bien connue du cinéma B. mais ça le film s’en fou, du coup, retour au bar l’instant d’après pour nous remettre des boobs et des fesses et maintenir l’intérêt du spectateur. Puis quelques fusillades, quelques punchlines totalement à côté de la plaque (Don’t Call me Babe), quelques seconds rôles qui se demandent ce qu’ils font là et le regrettent sûrement beaucoup. Ah, et il y a des méchants, qui font office de… de néo nazi. Oui, avec leur état fasciste, leur tenue, la résistance qu’ils mitraillent à vue. Oui, c’est subtil, très stupide souvent, avec son lot de scènes stupides qui feront rire, mais entre les deux, pas mal de moments juste chiants, de dialogues beaucoup trop longs pour pas grand-chose, de ratages, plans de mauvais goût. Et de temps en temps oui, c’est tellement stupide qu’il est quasi impossible de ne pas s’exclamer avec un sourire en coin devant certaines scènes, même quand c’est méga prévisible. Oui, le chef d’un gang, gros comme pas permis, au surnom allant bien entendu avec son poids, et qui fait des grimaces impossibles, même lorsqu’une grenade lui tombe sur le ventre. Oui, ça fusille parfois dans tous les sens, et avouons le, l’action, bien qu’anecdotique, reste parfois efficace.

On a vu bien pire dans des petits DTV fauchés mais qui veulent absolument en faire trop. Ce n’est pas le cas ici, il semble y avoir un minimum de budget, malgré clairement un mauvais goût certain dans la direction artistique, avec ses tenues en cuir, ses décors cheap, ses tables de tortures risibles. Comme si l’équipe avait voulu elle-même saboter un film qui de toute façon n’aurait pas volé bien haut quoi qu’il arrive. On ne parlera pas du scénario, on le connaît déjà, mais on pourra toujours rire de ces incohérences, comme ce texte explicatif et cette voix grave qui nous présentent bien le futur de 2017, avant 2 minutes plus tard que l’on remarque l’année 2019 sur une carte d’identité. Et pourtant, Barb Wire tente de s’appliquer pour éviter les incohérences, avec comme base Casablanca, mais il n’évite pas ces petits moments qui font sourire. Avec un poil moins de budget, on aurait presque pu se croire d’ailleurs dans un film post apocalyptique Italien des années 70/80. Presque, car malgré son mauvais goût, là aussi le film a été plutôt soigné, en baignant dans une esthétique bleutée typique de ces années là (Rick Bota est le directeur de la photo, aucune surprise à retrouver ces filtres bleutés lorsqu’il passa réalisateur avec Hellseeker). C’est là tout le paradoxe du film d’ailleurs. Parfois trop sérieux, parfois trop nanar, parfois de très mauvais goût, mais jamais assez catastrophique pour être un vrai nanar, mais jamais bon pour être une bonne série B.

LES PLUS LES MOINS
♥ Parfois vraiment drôle
♥ L’action, pas si mauvaise
⊗ Une direction artistique à la ramasse
⊗ Parfois juste mauvais
⊗ Un remake de Casablanca !!!!!
⊗ Des acteurs souvent moyens
note75
Barb Wire, c’est très moyen. Mais trop sérieux et friqué pour être un vrai nanar, et souvent trop bancal et risible pour être une série B pas prise de tête. Un ratage qui remake Casablanca dans un contexte de SF tout de cuir vêtu. Il fallait oser.



Titre : Barb Wire

Année : 1996
Durée :
1h38
Origine :
U.S.A.
Genre :
Action
Réalisation : 
David Hogan
Scénario : 
Chuck Pfarrer et Ilene Chaiken
Avec :
Pamela Anderson Lee, Temuera Morrison, Victoria Rowell, Jack Noseworthy, Xander Berkeley, Udo Kier et Steve Railsback

 Barb Wire (1996) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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