Shero et ses amis recherchent la même chose que n’importe qui d’autre dans ce quartier sordide et malfamé d’Istanbul : Des filles sexy, de la nourriture et beaucoup d’alcool ! Mais les projets de la petite bande prennent une mauvaise tournure lorsque Shero, déjà poursuivi par ses ennemis, tombe amoureux contre toute attente et découvre qu’il est le père d’un fils caché !
Avis de Paganizer :
Amis cinéphiles et amateurs de bobines sorties un peu de nulle part, je vous invite à une petite virée du côté des Balkans et du Détroit du Bosphore, au pays du Baklava, du Gözleme et des Feuilles de vigne farcies au riz… Oui, je vous emmène faire une petite balade en Turquie ! Et plus précisément à Istanbul ! Mais attention, il ne sera point question de shopping, ni d’aller se vautrer tête la première dans les divers attrape-touristes ! Non, cette virée va se dérouler dans les petits quartiers un peu louches, limite sordides et malfamés de la ville, en compagnie d’un guide de choix en la personne du chat Shero ! Ne vous fiez pas trop vite à son air débonnaire et sa petite ressemblance avec un certain Garfield… Shero est un dur, un caïd, un vrai de vrai ! Et avec lui, la balade promet d’être “sportive” et menée à un rythme d’enfer ! Alors, accrochez-vous !
Débarqué de Turquie un peu sans prévenir, après avoir fait le tour de plusieurs festivals où il a fait sensation (L’Etrange Festival, Fantasia-Montréal, Annecy, Sitges), Bad Cat est une vraie bonne surprise pour l’amateur de cinéma d’animation que je suis (oui, je regarde pas mal d’animation, y compris les productions Dreamworks, Disney-Pixar, Blue Sky…même si pour certaines personnes, ce genre de film s’adresse exclusivement aux enfants, avis que je ne partage pas ! Moi j’adore ça, et ça m’éclate !). Une vraie bonne surprise donc que ce Bad Cat, car nous avons ici affaire à un film d’animation pour public mature comme disent nos amis Québécois !
En effet, comme le film d’animation Norvégien “Free Jimmy” (sorti en 2006 et qui nous racontait les aventures d’un éléphant junkie), Bad Cat est clairement un film pour adultes qui tache et frappe sous la ceinture avec un grand sourire vicelard ! Oui Shero est vraiment le chat le plus infâme que la terre ait jamais porté ! Grossier, bagarreur, dragueur invétéré et alcoolique convaincu, Shero règne littéralement sur son petit quartier d’Istanbul, tel un vrai despote, et adore terroriser et courser les siamoises non-castrées ou agresser de pauvres hères, quand il n’est pas occupé à fumer son herbe-à-chat !
Un beau jour, alors qu’il se sent d’humeur à faire ses griffes sur la gueule d’un nouveau-né, Shero qui n’est pas du genre à tomber amoureux, croise la route de Misskat, une vraie déesse Angora aux déhanchements indécents et dont les feulements donnent envie de lui casser les pattes arrières d’un bon coup de reins ! Malheureusement notre bourrin de matou va devoir se la poser dans la glace et calmer ses ardeurs ! En effet, il doit d’abord régler un petit malentendu (rien de bien méchant, juste un être humain récalcitrant qu’il a récemment défenestré !). Et le comble, c’est que le gredin est revenu à la vie malgré son crâne fracassé et le cerveau qui pend, et il cherche maintenant à se venger de Shero ! Bref, notre félin frappadingue va avoir fort à faire avant de pouvoir succomber aux charmes de l’incendiaire Misskat et profiter d’une soirée barbecue peinard avec ses potes Riza le rat et Rifki la mouette… d’autant qu’en plus de ses problèmes, il va apprendre qu’il est le père d’un rejeton obstiné et du genre pot-de-colle !
Bad Cat est inspiré du comics de Bülent Ustün (qui est d’ailleurs scénariste sur le film) et mélange allègrement l’esprit de “Ted” de Mac Farlane et du récent “Sausage Party” de Seth Rogen. C’est bourrin, c’est trash, ça jacte bien vulgos, c’est irrévérencieux à souhait… Bref, un vrai plaisir pour les détracteurs du politiquement correct, et je sais qu’ils sont nombreux ! L’animation de Bad Cat est splendide, fluide et de très grande qualité. À ce titre, la reconstitution d’Istanbul est impressionnante et les prises de vues aériennes jouissives permettent d’en profiter pleinement ! Du très bon boulot !
Comme on est dans de l’animation, on a droit aussi à des prises de vues délirantes, caméra volante à travers la ville, chutes vertigineuses, exagération des effets de perspective… La qualité de ce travail sur l’animation et sa fluidité nous offre également des scènes de baston ultradynamiques et intenses dignes des films d’action, lors des échauffourées et affrontements auxquels se livre notre ami Shero !
Le tout est lumineux et coloré. Les décors impressionnent par leur précision et leur souci du détail… On y croit ! Beaucoup de scènes ont lieu en hauteur et sur les toits (Logique pour une histoire de chat !).
Le message du film reste moralisateur, malgré l’humour gras et potache, puisqu’il est tout de même question de paternité, d’amour filial et d’amitié. On note pas mal d’allusions faisant référence à la pop-culture occidentale et au cinéma Hollywoodien tout au long du métrage.
La réalisation est parfaitement maitrisée et suffisamment délirante pour que l’on se laisse emporter par l’aventure. Le rythme du film suit celui des gags souvent dans les dialogues et / ou situations. Peu de gags visuels, car nous ne sommes pas ici dans un film pour enfants et jeune public. Les détails de l’animation sont très maitrisés et agréables à l’œil (le rendu de l’eau sur les fourrures est franchement bluffant). Le design des personnages est caricatural et Shero est un peu une version trash et déjantée de Garfield. Il a pour meilleurs amis un rat et une mouette, ce qui est étonnant pour un chat ! Ces deux comparses se révèlent d’ailleurs être d’excellents sidekicks ! Quant à la victime de Shero devenue zombie (le dessinateur de comics), ses apparitions et ses expressions outrées sont un pur régal et donnent lieu à des scènes d’affrontements et de poursuites dantesques, un peu à la “Tom & Jerry” mais en version trash !
La bande sonore est très bonne elle aussi, association de mélodies traditionnelles Turques et de rock n’roll, mais aussi un peu de blues tendance jazzy (Clin d’œil aux “Aristochats” ?). Tout le long du métrage, on peut aussi entendre régulièrement une mélodie diégétique au violoncelle. L’ensemble de la partie musicale accompagne très bien ce film d’animation haut en couleurs et franchement délirant ! Moi, j’ai vraiment adoré !
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Fun, trash et irrévérencieux ♥ L’animation splendide ♥ Des gags désopilants et des idées folles. |
⊗ Trop court ! ⊗ Peu connu et mal distribué chez nous. |
Un film à conseiller vivement à tous ceux qui cherchent une expérience différente et vraiment rock n’roll en matière d’animation ! Un sommet de mauvais goût provocateur et politiquement incorrect purement jouissif, un direct dans la poire qui décoiffe méchamment ! Une œuvre qui peut rivaliser avec les grosses productions du genre ! Alors n’hésitez pas et venez découvrir Istanbul en compagnie de Shero, un chat certes obsédé sexuel, alcoolique voire toxico sur les bords, et qui a tendance à cogner d’abord et discuter ensuite…mais malgré ça, je suis certain que vous allez l’adopter !! |
Titre : Bad Cat
Année : 2016
Durée : 1h25
Origine : Turquie
Genre : Genre : Animation (“Chat” va barder !)
Réalisateur : Ayse Ünal, Mehmet Kurtulus
Scénario : Levent Kazak, Bülent Üstün
Voix VO / VF : Cezmu Balski, Ugur Yücel, Ahmet Mümtaz, Demet Evgar / Frederic Souterelle (Shero), Adrien Solis (Le Cartooniste), Sophie Planet (Misskat), Philippe Roulier (Tank), Patrick Pellegrin (Rifki), Lucille Bourdonnat (Riza), Allan Aubert (Black)