Après des siècles passés reclus au fond de l’océan, l’Empire de Mu décide de dominer le monde terrestre. Il menace de détruire les grandes villes, si le Japon ne leur livre pas le sous-marin Atragon du Cdt Hachiro Jinguchi. Pourtant ce dernier est porté disparu par l’armée japonaise depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
Avis de Yume :
Atragon est un engin assez particulier, membre à part entière de l’univers de science-fiction créé par Ishiro Honda : un sous-marin nouvelle génération pouvant voler, et forer dans n’importe quels matériaux grâce à sa foreuse surpuissante lui servant de nez. De plus, le Atragon est équipé d’un canon pouvant geler une cible à une température proche du zéro absolu. C’est donc une arme redoutable, et plutôt originale, qui bizarrement connaitra plus de succès en anime sous le titre de Super Atragon qu’en film où seulement deux opus, celui présenté ici et un en 1969, verront le jour. Mais heureusement la légende du Atragon est en cours de réhabilitation, et le sous-marin prendra part à la dernière grande bataille de la série Godzilla dans le Final Wars de Kitamura. Mais revenons plutôt en 1963.
Depuis 1954 et le succès sans précédent de son Godzilla, Ishiro Honda est en état de grâce permanente et enchaîne les films avec son équipe préférée, dont Tsuburaya aux effets spéciaux et Ifukube au score. Il développe alors un univers de science-fiction très à la mode à cette époque où se mêlent monstres géants, extraterrestres, menaces de destruction de la Terre et engins technologiques avant gardistes. Atragon rentre donc exactement dans cette veine de production assez folle qui ne semble n’avoir aucune limite quant aux mélanges des genres. Mis en termes précis dans Atragon, prenez donc le continent perdu de Mu, son adorable Dragon protecteur, des soucoupes volantes, un sous-marin volant, des tremblements de terre, et vous avez exactement la recette magique qui fait le succès à l’époque, et rend ce genre de film encore aujourd’hui terriblement attachant malgré le kitch terrible qui en émane. Pourtant le travail sur les effets spéciaux n’est pas réellement à mettre en cause. Encore une fois le génial Tsuburuya, véritable pionner japonais, est en tous points parfait. En fait c’est juste que le film a dans son ensemble mal vieilli, comparé à des travaux similaires de Honda de ces mêmes années comme Rodan ou Mothra.
Le rythme est véritablement lent et l’action tarde à se mettre en place, puisqu’il ne faudra en tout que les quinze dernières minutes du film pour résoudre la guerre contre Mu, le reste du film étant plombé de diverses palabres que trop rarement égayées par de l’action. En fait, Honda c’est pesamment arrêté sur le Cdt Hachiro Jinguchi et ses dilemmes moraux de soldat : il avait construit l’Atragon pour l’armée japonaise, pas pour sauver le monde ! Il est difficile de reprocher à Honda et aux scénaristes d’avoir voulu mettre un peu de psychologie dans l’histoire, mais cela se fait au détriment du film lui-même, qui se résout avec une facilité déconcertante, sans résistance (même le dragon Manda, que l’on retrouvera dans le cultissime Destroy all Monsters, se fait écraser rapidement d’une façon ne pouvant que rappeler 20000 Lieues Sous les Mers). J’en suis même venu à me dire que le film n’était pas fini, et qu’il lui manquait une bonne grosse demi-heure pour que l’action soit enfin présente et que le fan soit contenté car Atragon fait plutôt figure d’exploration intérieure à coup de psycho de bas étage, alors qu’il aurait dû être un film de science-fiction trépidant.
| LES PLUS | LES MOINS |
| ♥ Les SFX pour l’époque ♥ De très bonnes idées |
⊗ Le film a mal vieilli ⊗ Rythme assez lent |
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| Reste quelques idées géniales comme le sous-marin aux parties escamotables, les momies aux grandes mains, mais au final on est malheureusement en face d’un Honda bien moyen (et une mention spéciale pour le score de Ifukube qui, même s’il est de qualité raisonnable, est beaucoup trop proche et semblable de celui de Godzilla). | |
Titre : Atragon / 海底軍艦
Année : 1963
Durée : 1h36
Origine : Japon
Genre : Sous-marin volant
Réalisateur : Ishirō Honda
Scénario : Shinichi Sekizawa
Acteurs : Jun Tazaki, Tadao Takashima, Yōko Fujiyama, Ken Uehara, Yū Fujiki, Kenji Sahara, Hiroshi Koizumi, Akihiko Hirata, Hideyo Amamoto, Tetsuko Kobayashi
