[Film] Arthur, Malédiction, de Barthélémy Grossmann (2022)

Alex est un fan de la saga « Arthur et les Minimoys » depuis qu’il est enfant. Pour son anniversaire, ses meilleurs amis lui font la surprise de l’emmener dans la maison abandonnée où le film a été tourné. Aucun d’eux ne se doute alors qu’ils se dirigent vers un piège machiavélique et mortel. Ce qui était autrefois un rêve d’enfant va bientôt se transformer en véritable cauchemar.


Avis de John Roch :
L’annonce surprise du mois de Mars 2022, c’est le retour d’Arthur et les Minimoys. Mais pas sous la forme que l’on aurait pu penser. En effet c’est sous la forme d’un film horrifique que la saga amorce son retour, et c’est pas si con. La trilogie Arthur et les Minimoys, c’est 13 millions d’entrées en France, et Luc Besson est conscient que l’audience de ses films d’animation a grandi, ceux qui étaient gamin à l’époque de la sortie de Arthur et les Minimoys sont maintenant de jeunes adultes. Et les jeunes adultes ils vont voir quoi au cinéma ? Des films d’horreur bien sûr! Jouer sur l’effet de nostalgie, si toutefois elle existe pour cette saga, pour attirer du monde en salle avec un film appartenant à un genre qui marche bien, il y a de l’idée mine de rien. Dans les fait ladite nostalgie n’a pas l’air d’avoir opéré Arthur, Malédiction c’est bien planté et a terminé son exploitation avec 170 790 entrées. Ou c’est peut-être parce que ce film est juste un ratage complet, c’est possible et même plausible. On ne plaindra pas Luc Besson, qui ne s’est peut-être pas rentabilisé mais s’est surement remboursé avec les ventes à l’international, d’autant plus que niveau dépenses, le bonhomme n’a pas eu à payer grand monde. Car Arthur, Malédiction a été tourné dans le plus grand des secrets à l’été 2020 par une équipe composée majoritairement de stagiaires et ce qu’il y a de bien avec les stagiaires, c’est que le stage n’a pas à être rémunéré. Niveau casting c’est pareil, aucune tête d’affiche et tant qu’à faire autant donner le rôle principal à sa fille, ça fait des économies. Ce qui pourrait expliquer en partie que visuellement Arthur, Malédiction ressemble à un film de fin d’études voire à un fan film, un mauvais.

Arthur, Malédiction commence par une bande de gamins qui regardent le DVD de Arthur et les Minimoys. Parmi eux : Alex qui devient subitement fan du film au point de vouloir devenir Minimoys quand il sera grand. 10 ans plus tard, toute cette bande de potes a bien grandi. Alex aussi mais il est toujours aussi fan hardcore de Arthur et les Minimoys. Pour ses 18 ans, le groupe de potos lui offre le cadeau d’anniversaire ultime: une visite dans la maison ou a été tourné les scènes live d’Arthur et les Minimoys. Sur place, rien ne va plus car une force maléfique rode, peut-être les personnages du film qui sont réels ? Ou autre chose ? Déjà, oubliez tout espoir de voir une œuvre vaguement méta, reprendre l’univers de Arthur et les Minimoys est incompréhensible puisqu’il est inutile. Remplacez la maison du métrage par un gite, rayez le Arthur du titre et appeler le film Malédiction, ça donne exactement le même film. Besson tente ici, en plus de tenter de se refaire une santé financière depuis le bide de Valerian et la Cité des Milles Planètes pour un faible investissement de départ, de surfer sur la vague des films d’horreur made in Blumhouse, avec ce que ça donne comme jump scares moisies, et de scènes vaguement gores de loin. Alors soit, pourquoi pas après tout mais ce qui frappe d’entrée de jeu dans Arthur, Malédiction, c’est son manque d’originalité. Il n’y a aucune idée qui n’a pas déjà été vue ailleurs. Toute les scènes de flippes, de suspens, d’expositions ou horrifiques ont déjà été vues ailleurs et en mieux. Et pour voir ces dernières, il va falloir s’armer de patience puisqu’il ne se passe rien avant la 50ème minute, ce qui ne veut pas dire que le rythme s’affole pendant les quarante restantes. Si encore le film racontait quelque chose et suscitait l’intérêt, ça aurait pu passer. Mais vous savez ce qu’il y a de pire que Luc réalisateur et Besson producteur ? Luc Besson scénariste.

Et là, rien ne va. En plus de reprendre tous les clichés du film d’horreur, Besson nous inflige des personnages stéréotypés tel que le geek, le black rigolo, le couple qui s’aime depuis longtemps sans s’être déclaré leur flamme, le couple ouvertement gay dans l’air du temps, la nunuche de service, les villageois menaçant… Arthur, Malédiction n’invente rien et parvient à faire pire entre histoire d’amour inutile et niaise, personnages qui se séparent pour mieux se faire massacrer, des incohérences en veux-tu en voilà et des situations improbables (une embrouille qui tourne autour d’ une glacière), voire carrément débiles ( le héros qui se fait poursuivre par les flics parce qu’il n’a pas payé son ticket de métro mais qui ne voulait pas se faire interpeller sous prétexte qu’il est déguisé en Arthur ; les copines qui se partagent une paire d’écouteurs, et qui ont donc chacune une oreille de libre, mais qui n’entendent pas les hurlements de leur amie). Le script d’Arthur, Malédiction ne semble pas avoir été écrit à la va-vite, il semble avoir été en grande partie improvisé sur le tournage. En témoigne des dialogues piteux qui sonnent faux, récités par des acteurs au charisme digne des productions AB du début des années 90, pas tous forcement mauvais mais parmi lesquelles on retiendra surtout une certaine Jade Pedri, insupportable du début à la fin. Mais tout ceci n’est rien face au twist final, car il fallait bien expliquer le pourquoi du comment. Je ne spoilerai rien tant le jeu en vaut la chandelle, mais gare à l’énervement tant la morale du métrage qui tient en une phrase (« comme quoi, un film ça peut faire des dégâts ») prend le spectateur pour un demeuré complet et montre que Luc Besson a produit un film d’horreur sans comprendre le genre, ni son audience. Que peut-on sauver de Arthur, Malediction ? La musique ? Pas désagréable mais parfois hors sujet par rapport aux images. La réalisation ? Certes la mise en scène de Barthélémy Grossmann est archi classique et fade sans pour autant être catastrophique, mais pourtant gâchée par une utilisation de ralentis et d’accélérés sortis de nulle part. Quant à la photographie même combat, rien d’alarmant bien que les scènes se déroulant au petit matin donne l’impression que les personnages sont plus en pleine savane que dans un trou perdu de Normandie. Reste des décors naturels jolis, c’est déjà ça de pris. En bref, Arthur, Malédiction est un beau ratage. Le cinéma de genre Français va mal, et ce n’est pas en Luc Besson qu’un quelconque espoir doit être trouvé pour en redorer le blason. Au contraire, il l’a abimé davantage.

LES PLUS LES MOINS
♥ les décors naturels ⊗ C’ est très mal écrit
⊗ Un film d’horreur fade et sans réel intérêt
⊗ Techniquement sans être catastrophique, c’est tout aussi fade
⊗ Tout a été vu en mieux ailleurs
⊗ Le concept même du spin off horrifique de Arthur et les Minimoys, inutile
⊗ La fin moralisatrice énervante
⊗ Globalement c’est loin d’être palpitant

Le cinéma de genre Français va mal, et ce n’est pas en Luc Besson qu’un quelconque espoir doit être trouvé pour en redorer le blason. Au contraire, il l’a abimé davantage avec ce ratage complet qu’est Arthur, Malédiction.



Titre : Arthur, Malédiction
Année : 2022
Durée : 1h27
Origine : France
Genre : Arthur et sa minimolle
Réalisateur : Barthélémy Grossmann
Scénario : Luc Besson

Acteurs : Vadim Agid, Thalia Besson, Lola Andreoni, Mathieu Berger, Ludovic Berthillot, Marceau Ebersolt, Mikaêl Halimi, Nacim Beliouz, Jade Pedri

 Arthur, malédiction(2022) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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