Période d’instabilité de la dynastie Song. Les troupes Jin pénètrent sur le territoire chinois et exploitent les paysans du cru pour s’approvisionner en salpêtre sous les regards détachés du monastère bouddhiste local. Ce dernier ne veut en effet rien savoir des turpitudes du monde temporel des humains et se repli sous une batterie de règles (dont l’interdiction de pratiquer le kung fu sans autorisation et, dans tous les cas, d’en faire usage pour interférer avec le monde extérieur) et de pénitences infligées à ses pensionnaires afin de les garder dans le “droit chemin” de la foi. Parmi ceux-ci, un aspirant moine provoque la fureur des troupes Jin et s’attire les foudres de ses supérieurs monastiques en s’opposant à la maltraitance des villageois.
Avis de Cherycok :
Bien qu’on connaisse tous les classiques du film d’arts martiaux made in Hong Kong, on connait bien moins leurs homologues de Chine Continentale qui possède elle aussi ses propres maîtres d’arts martiaux. Il faut dire que la politique du Parti a empêché les cinéastes locaux de mettre en chantier des films de kung fu comme cela a été fait à Hong Kong et le nombre de films du genre réalisés sur le continent se comptent sur les doigts de la main. Néanmoins, des films comme Arhats in Fury permettent de constater que, tout du moins en termes d’action, ils étaient presque aussi bons que leurs homologues HK. En termes d’action seulement. Car plutôt que de raconter de classiques histoires avec un vieux maitre qui apprend les arts martiaux à son apprenti agité pour divertir le public, leur cinéma martial était bien plus accès sur des épopées propagandistes où la subtilité a été oubliée dans une autre pellicule. Malgré tout, si on arrive à mettre cela de côté, Arhats in Fury vaut vraiment le coup d’œil.
Arhats in Fury va s’intéresser au mode de vie dans un monastère, sur ses règles, et sur luttes entre les vrais bouddhistes et les « hérétiques » venus propager d’autres idées. Ici, c’est la rigueur qui est de mise, avec des règles strictes, il n’y a que ce point de vue qui mérite l’attention du public, et quiconque ira contre ça ne triomphera forcément pas. Cela vaut-il la peine de suivre aveuglément des règles si elles ne contribuent pas à sauver des vies ? Les lois méritent-elles une obéissance inconditionnelle si elles punissent les plus méritants ? Les auteurs ont une opinion sans ambiguïté et n’impliquent aucune autre interprétation, leur pensée est martelée de manière très directe et avec des gros sabots. Si vous vous soustrayez à votre devoir sacré et que vous faites l’autruche, vous irez dans l’autre monde. Je vous rassure, l’intrigue de Arhats in Fury propose également d’autres choses, il y a même un peu de place pour une légère romance, bien qu’elle soit au final complètement dispensable. Le film va même s’essayer à quelques touches d’humour ci et là, mais là aussi, elles font un peu tâche à côté du ton tragique du reste. Car, oui, Arhats in Fury va à fond jouer la carte du sérieux, juste que dans le jeu des acteurs, parfois beaucoup trop théâtral tant le casting va à fond jouer les émotions. Malgré tout, l’histoire se tient, nous rappelant parfois la trilogie Shaolin Temple avec Jet Li, bien que pompant parfois à droite à gauche jusque dans le cinéma de Hitchcock (on sent que le réalisateur aime Les Oiseaux).
Et puis donc il y a les scènes d’action qui, passées 25 premières minutes assez brouillonnes et ennuyeuses, viennent amener pas mal de piquants à une production qui, sans elles, n’auraient pas retenue notre attention. Les combats sont de plutôt haut niveau, rapide, dynamiques, avec une utilisation parfois non conventionnelle des armes, à mi-chemin entre le wu xia et le wushu. Certains échanges sont assez bruts, mais il y a également pas mal d’acrobaties et autres mouvements bien plus stylisés et, dans l’ensemble, les chorégraphies sont très réussies bien qu’il y ait, à de rares moments, des problèmes de timing entre les différents combattants. Le casting martial est agile et rapide, mais il sera difficile de voir d’autres films avec eux car il s’agit du seul et unique film pour une partie des acteurs. Arhats in Fury ne se contente pas de copier ses homologues de l’ancienne colonie britannique et il se dégage du film quelque chose de différent des productions hongkongaises. Peut-être est-ce dû aux jolis paysages (malgré la qualité désastreuse de ma copie), la Chine continentale ayant bien plus de possibilités que Hong Kong pour les scènes extérieures. Mais une chose est sûre, c’est qu’une fois que le film se lance réellement, on ne voit pas le temps passer devant ces affrontements réellement réussis qui font de Arhats in Fury un bon film d’arts martiaux qui viendra apporter un peu de sang frais aux amateurs du genre.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Les scènes d’action ♥ Une très bonne 2ème partie ♥ Les décors naturels de la Chine ♥ Plutôt bien mis en scène |
⊗ Les 20 premières minutes longuettes ⊗ La propagande habituelle |
Avec ses scènes d’action de très bonne facture, Arhats in Fury nous fait regretter que la Chine Continentale n’ait pas produit plus de films d’arts martiaux dans les années 80. Le spectacle est des plus réjouissants pour qui aime le cinéma martial HK. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Il s’agit du dernier film du réalisateur Wong Sing-Loy, qui a commencé sa carrière en 1964, décédé en 1984 après avoir mis en boite 14 films à Hong Kong, à Taïwan et en Chine Continentale.
• Le film a rapporté 7 millions de $HK au box-office à Hong Kong en trois semaines d’exploitation en salles.
Titre : Arhats in Fury / 八百羅漢
Année : 1985
Durée : 1h31
Origine : Chine
Genre : Arts Martiaux
Réalisateur : Wong Sing-Loy
Scénario : Chan Hei
Acteurs : Lau Jan-Ling, Gao Hong-Ping, He Fu-Sheng, Lee Tak-Shing, Wong Chi-Wah, On A-Ping, Wang Hai-Sheng, Wu Chun-Sheng, Wong Leung, Chen Ji-Ming