[Film] Aberration, de Tim Boxell (1997)

Un biologiste, enquêtant sur une disparition d’insectes et de petits animaux, découvre une espèce de lézards mutants, se nourrissant indifféremment d’animaux ou d’êtres humains.


Avis de John Roch :
Aberration est le premier long métrage de Tim Boxell, qui n’avait jusqu’ ici réalisé que quatre épisodes d’émissions diverses : un pour le Saturday night Live, un autre pour Liquid Television diffusé sur MTV, et deux contribution au Moxie Pirate Show, la première création de Cartoon Network. Coté cinéma, c’est le genre de bonhomme que l’on retrouve au rayon équipe diverse sur des productions plus ou moins prestigieuses, mais est surtout connu pour être à l’origine du design des Cannibales Humanoïdes Usurpateur Dévastateur de CHUD (bon dieu quelle VF !). Aberration c’est aussi un film de nationalité Néo-Zélandaise, qui après le ras de marée Peter Jackson s’est pourtant faite discrète dans le domaine du gore. Aberration, c’est enfin un film qui prouve que le pays des moutons devrait se lancer un peu plus dans le genre horrifique. Non pas qu’avec cette petite production de 4 millions de Dollars Néo-Zélandais (soit 2,5 Millions de nos Euros actuels) on tient le nouveau Bad Taste, mais c’est une chouette petite série B qui fait bien son job.

Au casting, on retrouve Cherry 2000 en personne, Pamela Gidley, qui part s’installer dans la maison de campagne de son enfance perdue au milieu de nulle part après avoir plaqué et volé son mafieux de petit ami. Sur place, elle va découvrir avec un chercheur qui étudie la disparition de la faune locale qu’une nouvelle espèce de geckos a élu domicile chez elle, alors qu’une tempête de neige fait rage à l’extérieur, empêchant tout échappatoire. Petite production oblige, le casting est réduit à cinq noms au générique, six si l’on inclut le chat de l’héroïne (quant au chien présent dans l’histoire, il est non crédité), et le décor a deux lieux : la cabane dans les bois donc et une épicerie. Ça peut paraitre peu, même pour un film qui dépasse de trois minutes l’heure et demi, pourtant ça fonctionne, car passé les vingt premières minutes peu intéressantes, Aberration est plutôt bien écrit et réussit à rendre ses personnages principaux attachants. Le duo composé de cette femme combative et caractérielle et ce chercheur malin mais un peu crétin fait mouche, tout autant que quelques vannes qu’ils se balancent histoire de détendre l’atmosphère sans pour autant faire basculer le métrage dans la comédie horrifique. Les autres personnages secondaires étant anecdotiques et conscients que se reposer sur son duo ne peut pas durer l’entièreté du métrage, le script fait entrer en scène pile avant que celui-ci ne commence à s’essouffler l’ex mafieux de madame, joué par un certain Valeriy Nikolaev, acteur à ses heures perdues (on l’a vu dans Le Saint, U-Turn et Le Terminal) mais également chorégraphe Russe reconnu et danseur de claquettes réputé. Et c’est dommage que ce personnage ne soit pas plus exploité, Nikolaev étant à l’aise dans le registre de la comédie mais aussi dans son rôle de Badass qui flingue des geckos avec autant de style que dans un polar Hongkongais.

Mais les vraies stars du film, c’est donc ces geckos d’un genre nouveau, on sent le manque de pognon dès lors qu’il s’agit de les montrer en action avec ce mélange d’animatronique, de marionnettes dans laquelle une main est glissée (et parfois visible) et de très rares effets numériques. Le rôle-titre, les aberrations donc, sont du genre à s’adapter très (trop ?) rapidement à l’environnement. Pour résumer, ils pondent des œufs toutes les heures, et la nouvelle génération ne peut plus être exterminée de la même manière que la précédente : si l’un meurt empoisonné, le prochain est immunisé et peut même répliquer à coup de jets de poison, si un autre se mange un headshot par une carabine à plomb, son petit verra ses écailles renforcées ou si un gecko se fait chatouiller de trop près par de l’eau, sa progéniture laissera apparaitre des branchies et deviendra amphibie, et en plus ils deviennent de moins en moins cons. Une évolution qui permet au script de se renouveler dans ses situations, ce qui évite au récit de lasser et de proposer toujours autre chose entre deux massacres de geckos qui eux le rendent bien aux humains, le métrage se révélant plutôt gore par moment. Pas la série B du siècle certes, mais Aberration est le genre de petit film méconnu qui fait les choses bien et mérite une vision.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un duo de héros attachant
♥ L’humour qui fonctionne la plupart du temps
♥ Un scénario simple mais qui sait se renouveler
♥ Valeriy Nikolaev et ses flingues
♥ Quelques scènes gores qui valent le coup
⊗ Ça met un petit temps à démarrer
⊗ Par instants le manque de pognon se fait sentir
Méconnu hier, complètement oublié aujourd’hui, Aberration est une chouette série B qui fait le job. C’est parfois drôle, par moment gore, le casting y croit et le scénario se renouvelle suffisamment pour maintenir l’intérêt. A (re)découvrir.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film Bug Buster (1998) est sorti au Japon sous le titre Aberration 2.



Titre : Aberration
Année : 1997
Durée : 1h33
Origine : Nouvelle Zélande
Genre : y’a un lézard
Réalisateur : Tim Boxell
Scénario : Scott Lex et Darrin Oura

Acteurs : Pamela Gidley, Simon Bossell, Valeriy Nikolaev, Helen Moulder, Norman Forsey, Merlin, un chien

 Aberration (1997) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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