[Film] Au Service De Satan, de Jeff Lieberman (2004)

Doug joue à un jeu vidéo répondant au doux nom de « Satan’s Little Helper. » Le but du jeu: tuer le plus de personnes possible afin d’aider au maximum Satan lui-même. Lors de la fête d’Halloween, Doug croit avoir reconnu Satan. Il lui propose alors de collaborer une nouvelle fois.


Avis de John Roch :
Bien qu’il soit un réalisateur peu prolifique avec cinq long métrages entre 1976 et l’heure où j’écris ces lignes, c’est à dire le 13 Octobre à 16h27, Jeff Lieberman est un cinéaste qui a une certaine place dans le domaine du fantastique, tous ses films ayant acquis un statut de culte : La Nuit des Vers Géants et ses lombrics démesurés, Le Rayon Bleu et sa drogue aux effets secondaires qui rendent entre autre chauve, le survival Survivance et un Meurtre en VHS haut en couleurs. Le petit dernier en date, Satan’s Little Helper est né d’une expérience personnelle qui s’est déroulée pendant son anniversaire, lors d’une soirée costumée chez le réalisateur. La fête bat son plein, et toutes les connaissances du réalisateur, amis comme famille, sont là, et c’est lorsque qu’une personne déguisée en gorille s’est pointée que Lieberman a été terrifié. On le comprend, si toutes les personnes que tu connais sont présentes à ton domicile, qui était donc cet invité mystère ? Qui était sous le déguisement du gorille, l’anecdote ne le précise pas, mais Lieberman a tellement flippé qu’il s’est servi de cette expérience pour en pondre un scénario qu’ il exploite plutôt bien, mais qui ne parvient pas à convaincre totalement. De son titre français Au Service de Satan, Satan’s Little Helper se déroule dans un patelin sur une île, dans lequel vit Doogey, un enfant de 9 ans accro à un jeu qui se nomme Satan’s Little Helper, dont le but est de massacrer un maximum de personnes pour obtenir le High Score dans la peau de l’assistant personnel de Satan, tout en évitant que Dieu ne le choppe. Le jour d’Halloween, il retrouve sa sœur Jenna, étudiante en art dramatique, mais n’apprécie pas la présence de Alex son boyfriend, également futur acteur. Fâché, il part seul faire trick or treat et tombe sur un homme déguisé qui met en scène des devantures de maison reconstituant des meurtres, en fait un psychopathe qui assassine puis met en scène ses victimes. Voyant en lui le Satan de son soft favori, Doogey s’improvise assistant et croyant à un jeu grandeur nature, il invite le maniaque chez lui.

Satan’s Little Helper est un Slasher qui tente de se démarquer du genre en jouant avec l’identité du tueur mais pas au sens propre, on ne saura jamais qui se cache derrière le masque malgré quelques indices dissimulés dans le scénario qui au final amplifient le mystère, mais plutôt sur l’identité que les personnages pensent reconnaître sous le déguisement. Ce sont les scènes fonctionnant sur ce principe qui sont les plus réussies du métrage. Satan, c’est le genre de boogeyman loin d’être con, conscient de l’opportunité que la fête d’Halloween lui permet d’être n’importe qui, c’est un véritable caméléon. Lorsqu’il apparaît face à Jenna, elle croit que c’est Alex qui devait se déguiser pour faire plaisir à Doogey, et puisqu’il est acteur, elle pense qu’il prend son rôle un peu trop au sérieux. Quand il se pointe chez le père d’Alex, celui-ci croit que son fils a un peu trop pris confiance en lui, et quand il arrive à la grande fête d’Halloween de la ville avec dans ses bras Merrill, la mère de Doogey, et Jenna, tout le monde pense qu’il s’agit de son mari qui s’est fait étriper quelques instants auparavant. Des scènes qui font écho à l’anecdote de Lieberman à l’origine du film (est-ce bien quelqu’un que je connais derrière ce déguisement ?), qui joue avec la tromperie des apparences, grillées à l’aide d’une idée simple mais efficace, jusqu’aux derniers instants qui en remettent une couche avec quelques surprises, en raccord avec le reste du métrage, mais parfois aussi de trop. De ce coté, le contrat est rempli, et certains moments sont vraiment bien troussés car on sait que Satan peut attaquer à tout moment, arrosés d’une touche d’humour noir parfois réussie (la grand mère qui se prend un middle kick), parfois moins (la scène du caddie). Un humour qui se retrouve dans les mises à mort. Car bien que le film soit chiche en gore, le bodycount est tout de même généreux et certains méfaits de Satan ressemblent plus à des blagues de sale gosse qu’à un massacre à la Michael Meyers par exemple, pour rester sur la fête d’ Halloween.

Ce qui ne convainc pas dans Satan’s Little Helper, c’est le reste. Techniquement déjà, malgré une mise en scène correcte, le film renvoi au temps des DTV shootés à la DV, pour un résultat digne des pires téléfilms. Le casting ensuite souffle le chaud et le froid. Si Katherin Winnick, pas encore starifiée après son rôle dans la série Viking, est convaincante, et que Amanda Plummer a l’air d’avoir fumé des tarpés entre chaque prises mais s’en sort tout de même bien, on en dira pas autant de Alexander Brickel dans le rôle de Doogey, peu aidé par l’écriture de son personnage, il est tout simplement insupportable et traîne un regard bovin tout au long du métrage et ressemble à ce que serait Droopy si c’était un chiot. En revanche, c’est un certain Joshua Annex derrière le masque de Satan qui remporte tout les suffrages, il donne au boogeyman une vrai personnalité via ses gestuelles et on sent qu’il s’est réellement investi dans le rôle, jusqu’à le rendre par moments inquiétant, voire flippant. Mais ce qui gâche Satan’s Little Helper contre toute attente, c’est son scénario. Bien qu’original et rempli de bonnes idées, pour arriver à faire incruster Satan dans les scènes sus-mentionnées, le script est blindé de facilités scénaristiques parfois aberrantes, et certains passages trahissent l’ordre du tournage des scènes, ce qui engendre de grosses incohérences dans le déroulement de l’intrigue et dans l’unité de temps, dans laquelle tous les endroits clés du film semblent être plus proche à pied qu’en voiture. Il y a aussi le pitch de base, ce gamin qui croit que son nouveau copain tue des gens pour de faux. Soit Jeff Lieberman a voulu dénoncer la violence vidéoludique et les enfants qui ne font pas la distinction entre la réalité et la fiction d’une manière peu subtile et moralisatrice, soit Doogey, qui voit un mec se faire poignarder, un autre se faire balancer par la fenêtre, ou encore une mamie qui meurt par pendaison et qui se fait tromper par le tueur lorsqu’il chance d’apparence plusieurs fois est juste très, mais alors très con. Tout 9 ans qu’il a, l’âge n’excuse pas tout, j’opte donc pour la seconde hypothèse.

LES PLUS LES MOINS
♥ De bonnes idées
♥ Satan le boogeyman
♥ Un scénario parfois malin…
♥ Une bonne définition du terme « les apparences sont parfois trompeuses »
♥ Une touche d’ humour noir qui fonctionne la plupart du temps
⊗ Un casting qui souffle le chaud et le froid
⊗ Chiche en hémoglobine
⊗ … mais incohérent et plein de facilités
⊗ Tourné en DV, c’est laid
⊗ Mais qu’ il est con ce gosse !
Malgré un casting en demi-teinte, un manque de sang, et un scénario incohérent et rempli de facilités, Satan’s Little Helper tente de se démarquer avec une histoire originale et remplie de bonne idée. À l’arrivée, le film reste sympathique, mais le potentiel de son concept est complètement gâché.



Titre : Au service de Satan / Satan’s little helper
Année : 2004
Durée : 1h40
Origine : U.S.A
Genre : Ahuri né et tueur né
Réalisateur : Jeff Lieberman
Scénario : Jeff Lieberman

Acteurs : alexander Brickel, Katheryn Winnick, Stephen Graham, Amanda Plummer, Wass Stevens, joshua Annex

 Au service de Satan (2004) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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