[Avis] Trivial Matters, d’Edmond Pang Ho-Cheung

Titre : Trivial Matters / 破事兒
Année : 2007
Durée : 1h30
Origine : Hong-Kong
Genre : Comédie de moeurs
Réalisateur : Edmond Pang Ho-Cheung

Acteurs :
Eason Chan, Chapman To, Gillian Cheung, Stephy Tang, Edison Chen, Shawn Yue, Juno Mak, Convoy Chan, Peter Kam, Feng Xiaogang…

Synopsis : TRIVIAL MATTERS est composé de 7 segments traitant de situations et de problèmes tels que la vie sexuelle d’un couple, un jeune homme qui aide une prostituée à recharger son téléphone ou encore deux amies dont les vies divergent alors qu’elles tombent enceintes jeunes…

Avis de Jang Gerald : Je me répète, mais Edmond Pang est ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle dans le cinéma hong-kongais, enfin dans le cinéma tout court carrément. Après Isabella et avant Exodus, le génie se lance dans la mise en scène de ses propres nouvelles, à savoir un long métrage composé de 7 segments, un exercice difficile et bien souvent casse gueule. Venant d’un mec qui nous a pondu à la gueule un chef d’oeuvre comme Beyond our Ken, le génialissime Men suddenly in black, le très atypique mais terriblement mature Exodus, on se sent plutôt confiant. Manque de bol, avec ce Trivial matters, Edmond Pang signe son premier film mineur, mais non dénué d’intérêt, loin de là.

En effet, même si ce genre de film à sketches s’avère bien souvent périlleux, le génie de Hong-kong arrive à signer une oeuvre cohérente, dont le thème central reste, encore une fois, la relation entre l’homme et la femme.
Malheureusement, les sketches s’enchaînent un peu trop vite, et s’avèrent parfois anécdotiques comme le déconcertant et inutile « Civism » (avec Edison Chen….ahahahaha!), et aussi « Tak Nga », sympa mais sans plus.

On démarre plutôt bien pourtant avec l’excellente thérapie d’un couple qui a beaucoup de mal à se comprendre concernant leurs ralations sexuelles. C’est habilement mise en scène avec des idées originales, le tout sur un ton réaliste, mais non dénué d’un humour qui fait mal, à l’instar de « It’s a festival today « , plus rentre dedans, où l’on voit l’excellent Eason Chan rencontrer un sérieux problème face à sa copine qui ne veut pas passer à l’acte. Fûté comme il est, il parviendra à ses fins, mais d’une autre manière, en proposant à sa jeune compagne de lui faire au moins une fellation histoire de marquer le coup à Noël…au jour de l’an…au final à n’importe quelle fête du monde entier (même la fête de l’aspirateur au Japon!).

Ensuite, on commence à trouver que le génial Pang Ho Cheung déçoit, peut-être parce qu’il a trop de chose à dire pour un un laps de temps si court…mais c’est sans compter l’arrivée de « Ah Wai big head », LA révèlation de ce film à sketches. On retrouve enfin la verve de notre génie, la poésie qui le caractérise, la sensibilité à fleur de peau, tout ce qu’il y a de palpable chez l’être humain. Une espèce de douce mélancolie se fait ressentir dans la mise en scène, qui n’est pas sans rappeler son chef d’oeuvre Beyond our Ken.
D’ailleurs il est marrant de voir qu’il a retrouvé Gillian Chung (des Twins!), à qui il avait offert son plus beau rôle dans THE masterpiece cité plus haut.
Elle montre encore une fois tout l’étendu de son talent, dans un rôle qui lui scié à merveille, celui d’une jeune femme réservée, n’ayant pas beaucoup d’amis, sauf sa partenaire de karaoke, qui elle, a beaucoup d’amis.
Une histoire à la fois tendre et cruelle, où la nostalgie prend une place importante. Un grand moment.

On enchaîne avec « Recharge », avec Chapman To (en vrai acteur, pas en cabotin!) et Zhang Zheng, courte, cette histoire montre en peu de temps de très beaux sentiments cachés entre une prostituée chinoise (clandestine sûrement) et un homme en mal d’amour. Des regards, des gestes qui en disent long, le temps de recharger le portable (!) de la belle qui ne comprend pas le cantonais. Une situation cocasse en apparences anodine, mais qui arrive à traduire avec puissance un instant incongru, où l’amour prend forme dans sa plus belle apparence, c’est à dire dans un cadre naturel et non forcé (en fait après l’acte sexuel, où aucunes émotions ne se fait ressentir entre ces 2 personnes). Comme quoi il n’y a pas besoin de faire couler un grand navire après 3 heures pour montrer une certaine forme d’attirance, un amour naissant! Chapeau!

Pour finir, Edmond Pang renoue avec la verve qui l’a fait connaître, la comédie noire You shoot, I shoot (que je n’ai malheureusement toujours pas vu, j’attendais impatiemment la sortie Asian Star…finalement avortée ), qui nous raconte d’une façon sérieuse l’irruption d’un commercial qui vient vanter sa société auprès d’un client, sauf qu’ici, il s’agit d’une agence de tueurs à gages.
Une introduction où l’humour pince sans rire fait des ravages. En effet, nous sommes témoins d’un moment surréaliste où l’homme tente de vendre au mieux les mérites de ses tueurs à gages, avec ristournes à la clef au bout de plusieurs contrats effectués, promotion (celui du tueur à gage débutant!)…cynique à souhait, ce court ne sera pas le coup de maître éspéré dès l’arrivée de Shawn Yue, reste un sympathique moment à l’exercice plutôt facile finalement, à la chute téléphonée mais énorme!


Edmond Pang a pris des risques, mais s’en sort avec les honneurs, même si le resultat s’avère bancal par moment.
En fait le bonhomme est tellement génial que le format court ne lui scié pas réellement, pas par manque de talent, juste parce que l’on adore ce mec, et moins de 20 minutes pour une de ses histoires, c’est bien trop peu.


Note : 6/10

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Auteur : Jang Gerald

Fan de Jackie Chan depuis son plus jeune âge, mais aussi de John Woo où « action non-stop » prenait pour moi un vrai sens. The Blade de Tsui Hark fut un choc viscéral comme jamais. Rapidement tourné vers l'import, cette véritable passion n’a jamais cessée de s’accroître...
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