Titre : Teke Teke / テケテケ
Année : 2009
Durée : 1h10
Origine : Japon
Genre : La fille coupée en deux
Réalisateur : Shiraishi Kôji
Acteurs : Ôshima Yûko, Yamasaki Mami, Nishida Mai, Ikkei, Mizuki Kaoru, Yanagi Sawa et Tsuji Shinmei
Synopsis : Teke Teke est une légende urbaine. Il est dit que la nuit, près des gares ferroviaires, Teke Teke vient couper ses victimes en deux. Les signes de sa présence : un grand vent glacial et le bruit de ses ongles au sol. Car en effet, Teke Teke est une femme qui marche sur les mains, tout simplement car elle est coupée en deux au niveau du ventre. Un petit groupe de lycéens va tenter d’en savoir plus sur la légende, afin de rester en vie surtout.
Avis de Rick :
Teke Teke, c’est un peu le début de la fin pour Shiraishi Kôji. Après avoir signé plusieurs films très intéressants entre 2004 et 2008 (Dead Girl Walking, Noroi, Carved, Grotesque), le bonhomme se tourne vers les films de V-Cinéma. Il faut dire que c’est un peu la crise pour tout le monde, dans tous les pays. Teke Teke marque ainsi le début de la seconde partie de sa carrière, en fait, la lente descente dans l’enfer de la médiocrité. Pour autant, Teke Teke ne s’avère absolument pas être un mauvais film, il est même une très honnête série B, relativement bien rythmée, intéressante, et possédant de vrais bons moments de terreur. Le pire reste à venir. Teke Teke est donc la première partie d’un film en deux parties (normal, vu que tout est coupé en deux dans le film, autant le monstre que ses victimes…) produit par la société Art Port, assez spécialisée dans ce genre de métrages au final décevant (les deux opus de Uniform Survigirl, quoi que le premier est sympathique) et tournés à l’économie. En ce qui concerne le film qui nous intéresse, la première partie du métrage parvient à nous mettre immédiatement dans l’ambiance. Avec peu de moyens, Shiraishi Kôji nous offre des plans plutôt réussis, pose une ambiance franchement sympa, et met dans le ton. D’ailleurs, toute la première partie sera franchement convaincante. On suit à un rythme effréné plusieurs jeunes se faire couper en deux dans la joie et la bonne humeur. Tout d’abord, visuellement, le film est une réussite. La photographie est agréable, les cadrages travaillés, et le design du monstre plutôt bien trouvé et effrayant, du moins lorsqu’il n’est que partiellement montré à l’image, ce qui sera le cas lors de la première partie. Montré partiellement, furtivement ou plongé dans l’obscurité, le réalisateur n’hésite pas non plus à user de la vue subjective pour nous présenter le danger. Et malgré tout ce que l’on pourrait croire, notre monstre buste a de la ressource. Se déplaçant à vitesse phénoménale à l’aide de ses deux bras, la créature est vive, sans pitié et ne lâche jamais sa proie, quoi qu’il arrive.
Les meurtres, pourtant peu nombreux, sont particulièrement graphiques et très violents, soutenus par des effets spéciaux astucieux sans en faire trop ou aller dans l’exagération totale (effets spéciaux de Nishimura, forcément). Malgré le petit budget, Shiraishi s’en sort très bien et filme de belle manière les différentes mises à mort, arrivant à camoufler les défauts. Si bien qu’on y croit. Une bonne mise en bouche, qui malheureusement ne suivra pas sur toute la durée. Car après cette introduction, les premières attaques de Teke Teke et quelques moments de courses poursuites entre le monstre et des jeunes en vélo et la présentation des personnages principaux, il faut bien avouer que ça se calme. Le réalisateur prend alors le temps de poser mieux ses personnages, et de développer le mythe de son monstre, de tout nous expliquer, via divers dialogues, pas toujours utiles, et l’ensemble se traîne quelque peu en longueur. Si certaines explications trouvent leur justification, d’autres sont franchement un peu longues et lourdes. D’autant que le film prendra également son temps pour nous montrer ce que vit l’héroïne au quotidien après le meurtre de sa meilleure amie. Ses doutes, ses peines, son interrogatoire par la police. Il s’agît de la partie la moins convaincante du récit malheureusement. Sans pour autant être désagréable, car il faut bien l’avouer, le réalisateur nous a livré par la suite beaucoup plus long et beaucoup plus chiant (Kami Idol Sousenkyo Battle, pour ne citer que celui-ci). Il ne faut pas oublier non plus que Teke Teke n’est que la première partie, et que poser les bases permettra sans doute au film suivant d’être beaucoup plus vif et nerveux, et peut être beaucoup plus jouissif. D’autant qu’il faut avouer que lorsque le métrage, dans sa dernière partie, décide de nous montrer notre héroïne partir sur les traces du monstre, le rythme reprend et les attaques sont à nouveau pleines d’énergie, si bien que l’on a à nouveau envie d’y croire, et l’on a raison.
La dernière partie mettra les bouchées doubles, en nous amenant, comme on pourrait s’en douter, aux origines de la légende, comme dans tout bon film du genre se respectant. Si certaines explications ne seront pas toujours des plus crédibles, certaines situations amèneront une touche de second degré à l’ensemble (volontaire ou pas, là est un autre débat, peut être que la suite apportera des réponses) qui amuseront le spectateur, et permettront au rythme du film de s’emballer. La dernière partie, pouvant rappeler de manière parodique le film Ring, avec une tentative désespérée des personnages pour arrêter la malédiction. Quelques nouvelles attaques, des scènes originales, et on quitte le film dans la joie et la bonne humeur. Le métrage aura beau être déséquilibré, il passe comme une lettre à la poste, de par sa courte durée, son monstre original et sa mise en scène calibrée. Quelques soucis de rythme que la suite parviendront peut être à corriger. Shiraishi Kôji parvient encore à nous surprendre, même si l’on ressent déjà une baisse de niveau par rapport à ses films précédents, mais encore une fois, le pire est à venir.
Note : 6/10
Un film mineur dans la carrière de Shiraishi Kôji, mais qui possède toujours des qualités. Sanglant, original, prenant, dommage que le rythme soit parfois mal calibré.