[Avis] Men Suddenly in Black, de Pang Ho-Cheung

Titre : Men Suddenly in Black / 大丈夫
Année : 2003
Durée : 1h38
Origine : Hong-Kong
Genre : Comédie dramatique
Réalisatrice : Pang Ho-Cheung

Acteurs : Eric Tsang, Jordan Chan, Chapman To,Tony Leung Ka-Fai,

Synopsis : 14 heures. Ils ont 14 heures jusqu’à ce que leurs femmes ou petites amies reviennent de Thailande. 14 heures pour s’amuser avec les filles de leur choix. Mais 5 ans auparavant, la dernière orgie s’était mal terminée et 9ème Oncle avait dû se sacrifier pour que les autres s’enfuient. Cette fois, tout est prévu pour éviter une catastrophe.

Avis de Jang Gerald : Pang Ho-Cheung (Exodus), l’un de mes réalisateurs hong-kongais préférés, a réussi en peu de temps à imposer son style, sa patte si particulière, en réalisant des films traitant toujours du même sujet (à part son 1er long métrage, You shoot, I shoot que je n’ai toujours pas vu malheureusement), c’est à dire la relation homme / femme, à la manière d’un Wong Kar-Wai, mais d’une façon plus ludique, plus drôle, sans oublier d’avoir un regard très critique.Savoir méler tout ça à la fois n’est pas chose facile, ou souvent casse gueule, pourtant, le jeune réalisateur nous prouve le contraire avec son second long métrage, étrangement intitulé Men suddenly in black.
Et l’étrange, ça le connaît, toujours doté d’un scénario (écrit par ses soins,comme sur toute sa filmo) d’une originalité déconcertante, Pang Ho-Cheung arrive à décrire avec minutie les rapports entre l’homme et la femme, sans biensûr tomber dans le voyeurisme auteurisant de certaines oeuvres, où l’ennui nous assomme. Ici, l’ennui on ne connait pas, durant 1h40, on est emmené tambour battant dans une comédie aux allures de film d’action.


En effet, Pang Ho-cheung a choisi de réaliser son film comme l’aurait fait un John Woo ou un Andrew Lau (enfin avec Alan Mak!), mais sur un ton comique, une éspèce de parodie de films d’action (il suffit de voir le générique, digne d’un David Fincher), avec scènes cultes à la clef, comme celle où nos chers protagonistes tentent d’échapper aux paparazzis, ces derniers se déplaçant comme une unité d’élite tout droit sorti d’un film de Gordon Chan (Final option pour ne pas le citer), et Jordan Chan se transforme en Chow Yun-Fat, avec dans ses deux mains…des tuyaux d’arrosage…un gunfight survitaminé quoi! Décapant !

Mais l’intérêt du film ne s’arrête pas là, car non content de nous servir une parodie hilarante, Pang Ho-Cheung, nous dépeint à travers les péripéties farfelues de ces quatres hommes, les difficultés rencontrées dans un couple, que ce soit chez l’homme marié depuis des années, ou bien le jeune puceau, et le tout avec une grande maturité, se permettant même des séquences intimistes bluffantes, un contraste fort et etonnant  avec les scènes de pure comédie. Le réalisateur pointe le doigt là où ça fait mal, à base de dialogues percutants, sur la difficulté d’être un homme fidèle.

Le quatuor d’acteurs ne démérite pas, on sent l’osmose entre ce clan d’infidèles, Eric Tsang, toujours en grande forme, Jordan Chan, qui montre qu’il est un sacré bon acteur, Chapman To, fidèle à ces rôles de comique, et le ptit nouveau, Chim Sui-Man, qui joue un chinois parlant uniquement le mandarin, qui en marre d’être puceau et ne veut plus attendre que sa petite amie soit « prête » (métaphore sur la Chine nouvelle, trop préssée?). Ils nous livrent donc des performances géniales, le tournage a dù être dur, car alterner entre scènes sérieuses et scènes comiques, ou les 2 mélangées n’a pas du être une mince affaire (l’humour pince sans rire de la fameuse histoire de Oncle 9). Parler du casting sans mentionner la performance de Tony Leung Ka-Fai serait un crime, car même si on ne le voit que quelques minutes, il reste hallucinant, renvoyant à son personnage de mafieux / mari dans Jiang-Hu The triad zone de Dante Lam (d’ailleurs on peut apercevoir la géniale Sandra Ng, son épouse dans les deux films), autre grande réussite de la comédie hong-kongaise.

Même si le film est traité de manière générale du côté des hommes, les femmes ne sont pas pour autant laissées à l’abandon, loin de là, d’ailleurs, à la moitié du film, un petit retournement de situation arrive, un rebondissement inatendu, et le film revient un peu en arrière, avec cette-fois ci le point de vue féminin, encore une petite idée qui fait son effet, relançant sans cesse l’intérêt du film, où le suspense est aussi palpable que dans le plus incroyable des thrillers!

Pang Ho-Cheung est un réalisateur qui mérite un statut aussi culte et convoité qu’un Wong Kar-Wai (deux fois que je le cite, il n’est pas étonnant d’ailleurs de voir qu’ils portent tous deux des lunettes de soleil en permanence!), grâce à sa thématique riche, à son ingéniosité de tous les instants, arrivant à nous bluffer à chaque nouveau long métrage, avec des scénarios toujours aussi improbables et fantaisistes, avec cette petite touche d’humour qui lui est propre, cynique à souhait, le tout ancré dans un contexte réaliste, et fataliste, comme la fin de ce Men suddnely in black, aussi remuant que celui de son troisième long métrage, à savoir le chef d’oeuvre Beyong our ken (sans doute mon film préféré!!) , menant à la reflexion : qui a raison? Qui a tort? Eux? Elles ? Moi? Lui ? Et pour cela, Pang Ho-Cheung à sûrement sa petite idée le petit malin.
Une petite phrase pour montrer le génie des dialogues : « Je trouve que j’ai le devoir d’aller voir ailleurs. Parce que quand je rentre chez moi, comme je culpabilise, je traite mieux ma femme« …cinglant!

Donc si vous voulez voir du cinéma original, intelligent, ludique (d’ailleurs il est marrant de voir  apparaître à l’écran « mission 1 » ), abordant le thème universel de la place de l’homme et de la femme dans notre société, sans être pourtant chiant comme la plupart de ces films auteurisant qui se regardent le nombril, n’hésitez plus, c’est chez ce génie de Pang Ho-Cheung qu’il faut aller voir, la relève du cinéma hong-kongais, celui que l’on attendait depuis..allez…Tsui Hark!

Note : 7/10

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Auteur : Jang Gerald

Fan de Jackie Chan depuis son plus jeune âge, mais aussi de John Woo où « action non-stop » prenait pour moi un vrai sens. The Blade de Tsui Hark fut un choc viscéral comme jamais. Rapidement tourné vers l'import, cette véritable passion n’a jamais cessée de s’accroître...
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