[Semaine « Exotique »] Jour Bonus : Tongan Ninja (2002)


Sione, orphelin à l’âge de 7 ans suite à l’accident de son père, dévoré par des piranhas, a grandi dans l’apprentissage des arts martiaux. Lorsqu’il est envoyé par son maître à la rescousse de la charmante Miss Lee dont le restaurant est racketté par Mr Big et ses truands, les ennuis vont commencer…


Avis de Paganizer :
Lorsque l’on parle d’arts martiaux et de films de Kung-fu, ce n’est clairement pas à la Nouvelle Zélande que l’on pense en premier, et pourtant, c’est bien du pays des All-Blacks, de Peter Jackson et du Seigneur des Anneaux que débarque en 2002 ce Tongan Ninja, parodie déjantée des films de Kung-fu, de leur univers spécifique et de leurs codes. Sorte de mélange entre Bruce Lee et Austin Powers mettant en scène un ninja loin d’être irréprochable dans sa pratique des arts martiaux, cette comédie est un pur « délire de potes » bourré de scènes d’anthologie et de répliques cultes, mais aussi de références et de clins d’œil à l’univers des films d’arts martiaux et de ninjas. Un film qui manie avec jubilation l’humour potache, voire crétin et qui porte l’absurdité à son comble.

Nous nous retrouvons donc dans l’un des coins les plus reculés d’une déjà pas facile à trouver petite île du royaume de Tongan, perdue quelque part dans le Pacifique Sud. C’est là que se trouve le dernier dojo du monde où l’on enseigne encore la forme de combat la plus mortelle qui soit : Le Ninjitsu. Sione est un des élèves de cette prestigieuse institution. Ce dernier a juré à son père, quelques secondes avant que ce dernier ne soit dévoré par une horde de piranhas sud-américains, de devenir le meilleur et le plus grand combattant de la planète ! Pour atteindre son but, il va s’embarquer dans une quête qui le mènera jusqu’en Nouvelle Zélande où il va devoir user de toutes ses capacités et ses connaissances pour protéger la belle Miss Lee et son restaurant, cible des assauts répétés du syndicat du crime local mené par Mister Big et ses sbires. Ces derniers sont prêts à tout et ne reculeront devant aucune bassesse pour s’approprier le terrain sur lequel se dresse l’établissement de la Japonaise expatriée.
Le film s’ouvre sur un crash d’avion sur une île perdue du Pacifique Sud qui laisse deux enfants orphelins, Sione et Marvin. Recueillis et adoptés par un maître ninja à la tête d’un dojo oublié, ils deviennent tous deux de redoutables combattants… Mais lorsque le maitre est sollicité pour envoyer un de ses élèves au secours de Miss Lee, c’est Sione alias Le Ninja du Tonga qui est choisi afin d’accomplir cette délicate mission. Celà ne manque évidemment pas de susciter la jalousie et la colère de Marvin, alias Action-Fighter. Envoyé en Nouvelle Zélande, Sione met en déroute les hommes de main de Mr Big qui décide donc de recruter les plus redoutables tueurs à gages du monde afin de se débarrasser de l’encombrant Tongan Ninja ! De son côté, se sentant humilié de n’avoir pas été choisi, Action-Fighter rumine et prépare sa vengeance et rien ne l’arrêtera !

Tongan Ninja est une bisserie, et même une zederie de haut vol qui balance un humour second degré plutôt bien senti et se complait dans une ambiance potache, décalée et détendue, assez réjouissante, flirtant souvent avec le nanar. Les allusions aux grosses artilleries américaines y sont légions. On évoque « Titanic » lors d’une scène d’ébats amoureux dans un voiture ; comme dans « Mes Chers Voisins » d’Alex de la Iglesia, on tourne au ridicule « Star Wars » et le fameux concept de La Force lors d’une scène de combat… Quant aux méchants de l’histoire, ils portent des noms évoquant les bandes dessinées ou l’univers des jeux-vidéo. Gun Man, Knife Man ou encore Mr Big…on pourrait presque se croire dans un épisode de « Megaman » (célèbre jeu d’aventure sur la Nes de Nintendo). D’ailleurs, les différents tueurs à gages font leur apparition dans un encadré reprenant leurs caractéristiques (Energie, Force, Endurance…), le tout écrit en anglais et japonais évidemment ! Le découpage de l’action fait également assez jeu-vidéo avec cette impression que notre (anti) héros, Sione, avance de niveau en niveau avec des ennemis de plus en plus forts (mais bien crétins aussi !) jusqu’au « boss de fin ».
Tourné avec le budget sandwichs d’un blockbuster, Tongan Ninja fleure bon l’amateurisme et s’adresse donc avant tout aux fans de « kungfusploitation » les plus ouverts, les autres risquant de rester dubitatifs et de ne pas saisir les nombreuses blagues et références du film, ou d’être rebutés par son côté « petit film de potes ». Se présentant un peu comme un ancêtre primitif de « Black Dynamite », Tongan Ninja égratigne et se moque gentiment du cinéma d’arts martiaux et des travers du genre, notamment les doublages foireux (avec les voix qui continuent même lorsque les acteurs ont fini leur phrase, ou qui commencent avant que les acteurs ne parlent…).

Le film s’attaque aussi à divers autres défauts et clichés du genre, entre deux clins d’œil plus ou moins appuyés à Bruce Lee ou Jackie Chan, mais aussi à des films occidentaux tels que « Karaté Kid ». Les fans et les inconditionnels du genre ne manqueront pas de relever toutes ces références et allusions au cinéma d’arts martiaux, et il y en a un paquet ! Entièrement postsynchronisé, le film donne l’occasion à Jemaine Clement de jouer la voix du Tongan Ninja (incarné par Sam Manu, jeune Tongien aux allures de gros nounours qui tranche radicalement avec son statut de ninja !) tout en interprétant également son rival Action-Fighter ; idée assez délirante que les amateurs de doublage nanar devraient beaucoup apprécier !
Le métrage n’hésite pas non plus à forcer le trait à l’occasion (comme par exemple le QG du syndicat du crime avec son hall d’accueil aux allures de caisse d’allocations familiales où même les standardistes sont en costume de ninja !). En termes de running gags, on note aussi l’usage constant d’euphémismes pour ne jamais prononcer de vraies grossièretés, ou le fait que la plupart des acteurs du film ne sachent pas réellement se battre. Cependant, par la magie des effets spéciaux low-cost, même des gugusses n’ayant jamais dépassé la ceinture jaune se retrouvent en mesure de se battre comme dans « Dragon Ball » ! Quelques passages chantés décalés et très second degré viennent également ponctuer l’aventure, avec un Jemaine Clement en costume d’Elvis particulièrement gratiné. Une comédie très chouette et vraiment sympa dans son ensemble.

On sent qu’elle est l’œuvre de vrais fans tant certaines références sont bien vues et vont un peu au-delà des quelques-unes que tout le monde connait (On peut penser par exemple à l’excellent « Kung Pow » réalisé par Steve Oedekerk en 2001, qui parodiait déjà pas mal l’univers du Kung-fu). Bien que l’ensemble soit très amateur et filmé au camescope, l’équipe s’est visiblement amusée sur le tournage.
Les acteurs, bien qu’inconnus pour la plupart, sont tous sympathiques et attachants et semblent avoir prît un plaisir non dissimulé en incarnant des personnages tantôt décalés, tantôt idiots ou grotesques, mais toujours très drôles, pour peu que l’on ne prenne pas l’aventure au sérieux !
Sam Manu, tout en bonhomie, incarne un Tongan Ninja particulièrement jovial et gauche ne quittant jamais son bandeau de ninja, Jemaine Clement et son jeu outré campe un Action-Fighter survolté et haut-en-couleurs, les truands et les différents tueurs à gages sont des caricatures sur pattes jubilatoires, Mr Big est digne des plus grands méchants de James Bond…le casting est très bon dans sa globalité. Les novices seront sûrement un peu surpris et incrédules devant le spectacle bien perché qui s’offre à eux, les aficionados de films d’arts martiaux, eux, seront aux anges !

Bien sûr, tout n’est pas parfait au pays du Tongan Ninja… On note quelques temps morts, il y a parfois de la redite, quelques trucs tombent un peu à plat… La caricature est maitrisée mais rappelle parfois des choses déjà vues dans une série TV, un film voire dans un sketch… Mais il serait dommage de bouder son plaisir pour quelques menus défauts, tant l’entreprise se montre généreuse et attachante ! Parodie Néo-Zélandaise hautement sympathique et film de potes réellement attachant, Tongan Ninja ne cherche jamais à péter plus haut que son cul et ça, ça fait vraiment plaisir ! Monteur de formation et fan absolu de cinéma d’action et d’arts martiaux, Jason Stutter signe ici un premier film plus proche de l’hommage que du pillage et n’hésite pas à égratigner avec sympathie les quelques jalons du cinéma de genre qui l’ont passionné et inspiré.

LES PLUS LES MOINS
♥ Parodie bien sentie
♥ Vrai « Film de Potes »
♥ Clins d’œil et références à la pelle
♥ Second degré savoureux
⊗ Quelques passages moins inspirés
⊗ Peut rebuter les « non-initiés »
⊗ Réalisation maitrisée mais amateure
Un bon gros Z qui parodie joyeusement les Kung-fu movies made in Hong Kong et les grosses productions américaines en général. Le Tongan Ninja, un mythe déjà digne des plus grands anti-héros du cinéma ! Une vraie gourmandise aux accents nanars à savourer sans modération pour les initiés, et à découvrir pour les novices. Une bouffée d’air frais qui fait du bien par où elle passe !



Titre : Tongan Ninja / Tongan Ninja « La Fureur des Iles »
Année : 2002
Durée : 1h25
Origine : Nouvelle Zélande
Genre : Film de Potes/Parodie Kung-Fu
Réalisateur : Jason Stutter
Scénario : Jason Stutter, Jemaine Clement

Acteurs : Sam Manu, Jemaine Clement, Linda Tseng, Raybon Kan, David Fane, Victor Rodger, Taika Waititi, Jed Brophy

 Tongan Ninja - La fureur des îles (2002) on IMDb










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Auteur : Paganizer

Cinéphage boulimique, fan de cinéma authentique avec une appétence particulière pour les pellicules différentes voire singulières. A tendance à fuir le cinéma fast-food grand public trop formaté. Également doté d'un penchant naturel pour les mauvais films sympathiques et les nanars décomplexés et fendards.
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