[Film] The Bride With White Hair, de Ronny Yu (1993)

Zhuo Yi-Hang est un élève de l’école d’arts martiaux Wu Tang. Il est aussi doué que dissipé. Son maître souhaiterait le voir assumer des responsabilités au sein du clan car les troupes mandchoues menacent les frontières de l’Empire. Lien, une jeune femme orpheline ayant grandi parmi les loups, est au service de Ji Wushuang, terribles jumeaux siamois. À la tête des adorateurs du maléfique Culte Suprême, ils ont juré la perte du Wu Tang. Alors que tout les oppose, Lien et Zhuo Yi-Hang vont tomber amoureux…

Avis de Oli :
JIANG HU est un film visuellement hors normes. Du début jusqu’à la toute fin, on en prend plein les yeux, on ne cesse de s’émerveiller devant ces images tour à tour sanguinaires et poétiques, amoureuses et désespérées. Ronny Yu affiche en effet ici une maîtrise de son art à toute épreuve : bien que considérablement restreint compte tenu du budget, le réalisateur hongkongais a en effet su jouer de toutes ces contrariétés pour finalement s’en servir comme matériau de son imaginaire.

Ainsi, bien que contraint de tourner uniquement la nuit (en raison de l’accablante chaleur), et seulement en étroit studio, Ronny Yu va déployer des trésors d’ingéniosité pour transfigurer son film. Les scènes de jour seront ainsi improvisées en pleine nuit, sous une lumière irréelle, presque rêveuse. Les décors qu’il était impossible de construire en entier, et bien Ronny Yu ne va en filmer que certains côtés, toujours les mêmes, les seuls qui étaient entièrement finis ! Et Leslie Cheung et Brigitte Lin, fallait-il les doubler dès qu’un combat devait voir le jour à l’écran ? Non, Ronny Yu qui leur imposera un corps à corps sensuel, leur demandera également de se faire face pour des jeux plus sanglants. Pourtant peu à l’aise une arme à la main, les deux acteurs accepteront, et pour donner plus de punch et de hargne à ces combats, Ronny Yu et David Wu (le monteur) vont décider de les filmer en 10 images/sec, pour ensuite artificiellement accélérer le tout : le résultat à l’écran est tout simplement renversant.

On le voit : avec des gens ingénieux, motivés et surtout talentueux, un film peut s’extirper des pires contrariétés qui soient, et en ressortir grandi. C’est évidemment le cas de THE BRIDE WITH WHITE HAIR, véritable petit trésor visuel, comme on en a peu vu ces trente dernières années. Comme on en verra peut-être à nouveau dans les décennies à venir, mais dans un style tout autre, lorsque le tout numérique dominera l’art cinématographique.

LES PLUS	LES MOINS
♥ Visuellement hallucinant ♥ Poétique et féérique ♥ Le casting fabuleux	⊗ …
Extraordinaire réussite sur la forme, THE BRIDE WITH WHITE HAIR est rentré dans la légende cinématographique hongkongaise aussi parce que son histoire, très classique, parvient encore et toujours à toucher et émouvoir. Il faut dire aussi que pour incarner ces deux amants séparés par la rage et la guerre qui gangrènent leurs camps respectifs, Ronny Yu a fait appel à deux poids lourds, deux stars au charme et à la classe intemporels : Leslie Cheung et Brigitte Lin. Sensuel et vénéneux, le couple passera par tous les états avant d’atteindre le point de non-retour. Car pour notre plus grand plaisir, ils vont devoir se battre pour leur amour.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Brigitte Lin a été l’inspiration de Rob Tapert pour le personnage de Xena, le protagoniste principal de la série télévisée à succès Xena, la guerrière (1995).

• La chanson d’amour à la fin du film a été interprétée par Leslie Cheung, et comme un gimmick, la chanson n’a pas été mise en vente de quelque façon que ce soit, de sorte que les personnes qui ont apprécié la chanson devraient revoir le film dans les salles de cinéma.

Titre : The Bride With White Hair / Jiang Hu
Année : 1993
Durée : 1h32
Origine : Hong Kong
Genre : Wu Xia Pian Féérique
Réalisateur : Ronny Yu
Scénario : Jason Lam, Ronny Yu

Acteurs : Brigitte Lin, Leslie Cheung, Francis Ng, Elaine Lui, Yammie Lam, Eddie Ko, Joseph Cheng, Bao Fang, Law Lok-Lam, Chang Kin-Ming