Ichi partage un plat de nouilles avec un vieillard lorsqu’il est attaqué par des yakuzas. Découvrant sa légendaire canne épée, Senzo l’invite dans sa demeure et lui révèle qu’il est un ancien forgeron, disciple de l’homme qui a créé cette œuvre d’art. Le masseur apprend ainsi l’origine de sa fidèle alliée mais aussi que cette dernière ne survivra pas au prochain combat. Obligé de se ranger, Ichi obtient grâce au vieil homme une place de masseur dans une auberge où travaille Shizu, la fille de l’ancien chef local récemment assassiné. Cette dernière tient à ce que son frère puisse succéder à son père mais le chef du gang rival ne l’entend pas ainsi. Une situation qui amènera Ichi à reprendre les armes pour ce qui pourrait bien être son dernier combat.
Avis de Kwaidan :
L’élément principal du scénario de ce ZATOICHI’S CANE SWORD en fait un épisode à part, encore plus orienté personnage que le septième opus. Une tentative qui, bien qu’elle risque de dérouter les adeptes de confrontations furieuses, s’avère au final très réussie. Mais pouvait-il en être autrement avec un ZATOICHI ?
Pour éviter les longueurs, le film se devait de proposer une histoire intéressante et un développement des personnages soigné. Tâche parfaitement remplie tant le récit fait monter la fureur et le suspens pour aboutir au déchaînement de violence final aussi attendu que redouté car le masseur pourrait bien ne pas en sortir indemne. Comme son titre l’indique, ZATOICHI’S CANE SWORD nous apprend l’origine de la lame qu’utilise Ichi depuis l’opus 4 (souvenez-vous que son épée se brisait dans le combat final). Une arme redoutable et indispensable au masseur qui arrive malheureusement au terme de son existence. L’occasion de mesurer l’attachement d’Ichi à cette épée qu’il considère comme son amie et sa protectrice dotée d’une âme. Sa rencontre avec le vieil homme, ancien forgeron et disciple du créateur de l’arme, donne lieu à une belle et tragique histoire d’amitié. Désarmé, forcé de redevenir un homme ordinaire, Ichi se fait embaucher comme masseur dans une auberge dans laquelle se jouera toute une série d’évènements qui le poussera à reprendre le combat. Parmi les occupants, Shizu, la fille de l’ancien et bon chef de gang, essaie de tout faire pour que son frère succède à son père : un personnage au passé bien plus complexe qu’il n’y paraît. C’est sans compter sur le gang rival bien décidé à faire main basse sur le territoire et qui va transformer l’auberge en un lieu de perdition au grand désespoir des maîtres des lieux. Ichi rongera son frein pendant une grande partie du film avant que la goutte d’eau ne fasse déborder le vase. Ce passage à l’action prend tout de suite une tournure encore plus héroïque et poignante que d’habitude puisque Ichi y va en sachant qu’il y perdra très probablement la vie.
La première heure du film s’écoule au rythme de drames et de séquences savoureuses, comme lorsque Ichi séduit en trente secondes toutes les femmes travaillant à l’auberge. Profitant de l’espace généralement réservé aux combats intermédiaires, le film offre une séquence chantée et une très sympathique « danse des canards » de Shintaro Katsu (rassurez-vous, ce n’est pas celle où il faut remuer le popotin et faire coin-coin). Attaqué par des hommes de mains, Ichi devra se déchaîner sur eux avec un simple bâton dans une scène particulièrement jouissive où il finit par s’excuser pour toute cette agitation. On ne s’ennuie également pas une seconde lorsque le chef de gang, apeuré par la réputation d’Ichi, essaie d’amadouer ce dernier qui en rajoute dans le rôle du gros méchant ou quand le masseur désarme avec sa pipe un homme qui tentait de l’égorger. ZATOICHI’S CANE SWORD réserve aussi une séquence traumatisante, heureusement un simple cauchemar, dans laquelle Ichi tombe au combat après que sa lame se soit brisée. Ce n’est pas malin de faire des coups pareils ! Ma copine me force à dormir sur le canapé depuis que je me réveille chaque soir en hurlant « NOOON ! Ichi ne peut pas mourir !!!! ». Cette quinzième aventure réserve peu d’action, mais les dix dernières minutes sont exceptionnelles. Chauffé au rouge par son repos forcé, c’est un Zatoichi rechargé à bloc qui se fout sur la gueule avec tout le gang, aidé pour l’occasion par quelques rônins vindicatifs. Sous la neige, la séquence des barils est un moment d’anthologie que Shintaro Katsu reprendra en le rendant encore plus timbré (…et gore) dans ZATOICHI 1989. Cette bataille finale ne sera cependant pas présentée jusqu’au bout, comme pour mieux montrer que, aussi soignée qu’elle soit, l’action n’est définitivement pas le moteur de cette aventure à l’épilogue très drôle. Mais de toutes façons, tout le monde sait pertinemment ce qui arrive aux derniers hommes de main encore debout…
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Développement soigné des personnages ♥ Le déchainement de violence final ♥ Des moments savoureux ♥ Le rythme lent qui fait monter la tension |
⊗ Un épisode plus lent |
Ce ZATOICHI 15 est un opus assez original par sa structure et qui parvient à maintenir au plus haut l’intérêt du spectateur sur toute sa durée. Mais le déséquilibre entre les séquences de dialogues et l’action fait qu’il s’adresse avant tout à ceux qui connaissent déjà bien Ichi en leur proposant de le découvrir « au repos », en tant que masseur ordinaire. Aussi, mieux vaut se familiariser avec la série à travers des épisodes où la répartition combats / personnages est plus équilibrée pour pleinement apprécier ce volet. |
Titre : Zatoichi’s Cane Sword / Zatoichi 15 / 座頭市鉄火旅
Année : 1967
Durée : 1h33
Origine : Japon
Genre : Chanbara
Réalisateur : Kimiyoshi Yasuda
Scénario : Ryozo Kasahara
Acteurs : Shintaro Katsu, Shiho Fujimura, Eijirô Tôno, Yoshihiko Ayoyama, Tatsuo Endo, Masumi Harukawa, Makoto Fujita, Kiyoko Suizenji, Masako Akeboshi