[Film] Zatoichi the Outlaw, de Satsuo Yamamoto (1967)


Zatôichi a été manipulé par le chef yakusa d’une maison de jeu. Ce dernier en ressort plus puissant que jamais. Zatôichi a désormais deux objectifs : rétablir l’injustice qu’il a contribué à provoquer, et venir en aide à la femme qu’il a involontairement condamnée à la prostitution en tuant son mari lors d’une embuscade…


Avis de Kwaidan :
Ce seizième volet des aventures du masseur aveugle est le premier à être produit par Shintaro Katsu. Bien que bourré de très bonnes choses, ZATOICHI THE OUTLAW reste un épisode légèrement décevant par sa tendance à plonger dans une redite un peu trop voyante dans des séquences clés. Une certaine façon de limiter les risques de cette première production en restant en terrain connu.

L’impression de déjà-vu envahit le spectateur dès la généralement originale et anthologique séquence d’introduction qui reprend ici littéralement le début de l’épisode 11 (ZATOICHI AND THE DOOMED MAN), lorsque Ichi s’essaie au tir à l’arc. Des emprunts qui ne s’arrêtent pas là puisqu’on retrouve pêle-mêle des références à ZATOICHI’S FLASHING SWORD (7) lors du final et ZATOICHI’S REVENGE (10) pour l’existence tragique de Shino et le discours sur la violence. Bien sûr certains détails changent quelque peu mais si les reprises passaient sans problème dans un ZATOICHI 1989 tenant de l’hommage ultime à la saga ou même un ZATOICHI AT LARGE, elles deviennent tout de même plus discutables dans des films tournés à tout juste deux ans d’intervalle. N’allez cependant pas croire que cet épisode est raté, loin de là ! De nombreux éléments très intéressants viennent heureusement pimenter cette histoire. Les rencontres successives avec la jeune Shino et le rônin vont ébranler l’existence et les convictions du masseur aveugle de manière beaucoup plus radicale que dans le 10ème volet. En tuant le frère de Shino en état de légitime défense, Ichi prend conscience qu’à chacun de ses combats, il provoque un chagrin immense chez les familles de ses « victimes ». Une conversation sur l’absurdité de la violence avec le rônin décidera le héros à rendre les armes et mener une vie d’humble masseur. Choqué, bouleversé, il est bien déterminé à ne plus donner la mort et à rompre avec sa légende au point d’accepter des humiliations impensables de la part de son patron et de ses collègues masseurs.

Son passé le rattrape pourtant lorsque Ichi dépasse son gros défaut et accepte pour une fois de regarder la vérité en face. Lui qui a toujours refusé de reconnaître la trahison de Tane ou de son père, des personnes pour lesquelles il tient obstinément à garder des images idéalisées, est bien forcé d’admettre que le pouvoir et l’argent ont détruit l’âme d’Asagoro et que seule sa canne-épée peut désormais réparer le malheur qu’il a lui-même engendré et qui frappe les paysans. Outre Ichi, ce seizième film comporte une belle brochette de personnages habilement dépeints et impeccablement interprétés : Shino donc, qui apporte énormément d’émotion par sa tragique histoire, Asagoro, qui montre comment un homme bon peut vendre son âme et le rônin, inspiré d’une véritable figure historique. Plus que les combats, c’est avant tout dans l’évolution de ce petit monde que réside toute la force de cette aventure ne regorgeant pas de surprises mais restant prenante du début à la fin. Des combats cependant toujours aussi merveilleusement chorégraphiés et dont la violence graphique est assez poussée lorsque Ichi tranche furieusement bras, mains et têtes. Mais en dehors de la fin magistrale de la confrontation Ichi / Asagoro, rien ne rentrera vraiment dans les annales de la série au niveau de l’action. Par contre, il y a cette séquence particulièrement magique où les paysans portent le héros blessé afin qu’il arrive à temps pour intercepter les troupes amenant leur mentor vers son lieu d’exécution. Rythmés par une excellente musique, les plans montrant un Ichi prêt à combattre, perché sur une planche portée par des hommes et des femmes qui, dans un même élan héroïque, s’empressent de voler au secours de leur bienfaiteur sont de grands moments de cinéma épique.

LES PLUS LES MOINS
♥ Les différentes rencontres du héros
♥ Des combats sympathiques
♥ De très bons personnages
♥ Une excellente bande son
⊗ Impression de déjà-vu

Avec de l’action prenante malgré son manque de coups de folie, de l’émotion toujours présente, des personnages intéressants et un superbe final, cet épisode « moyen » de Zatoichi n’en reste pas moins un très bon film. J’attendais juste un peu plus de cette première aventure produite par Katsu Shin qui, heureusement, nous réservera plus d’un chef d’œuvre par la suite. Mais comme pour le 9ème volet, s’il reste incontournable pour les fans purs et durs de la saga, mieux vaut choisir un épisode majeur pour faire connaissance avec la légende d’Ichi le masseur…


Titre : Zatoichi the Outlaw / Zatoichi 16 / 座頭市牢破り
Année : 1967
Durée : 1h36
Origine : Japon
Genre : Chanbara
Réalisateur : Satsuo Yamamoto
Scénario : Koji Matsumoto, Takehiro Nakajima, Kiyokata Saruwaka

jubv

Acteurs : Shintaro Katsu, Michiyo Okusu, Isao Yamagata, Hisashi Igawa, Masao Mishima, Kunie Tanaka, Jotaro Senba, Ryutaro Gomi, Saburo Date

Zatoichi's Pilgrimage (1966) on IMDb


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Auteur : Kwaidan

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