[Film] Violent Shit, de Andreas Schnaas (1989)

Karl the Butcher, un tueur cannibale, s’échappe de prison


Avis de John Roch :
Figure de proue de l’ultra gore allemand avec Olaf Ittenbach et Jorg Buttgereit, Andreas Schnaas tourne des petits films depuis l’age de 12 ans avec sa famille et ses amis, puis vient son heure de gloire avec Violent Shit, tourné les week-end pendant quatre semaines pour 5000 marks, soit 2556.46 de nos euros actuels. Considéré comme le premier direct-to-video horrifique allemand, le film a fait sensation lors d’une unique diffusion sur grand écran avant que la censure germanique ne vienne interdire le métrage. Violent Shit bénéficie d’un statut d’œuvre culte chez les amateurs, une réputation un rien galvaudé car si le film propose bel et bien des moments ultra gores, le problème, c’est qu’il n’a que ça pour lui. Mais ce qu’il y a de sur, c’est qu’ il porte bien son nom. Pour l’anecdote, c’est un correspondant de Schnaas qui lui aurait écrit en toute honnêteté « du machst gewalttätige Scheiße » (pardonnez mon Allemand approximatif d’après de l’anglais), que l’on peut traduire par « tu fais de la merde violente », d’où le titre : Violent Shit.

Le principal problème de Violent Shit, c’est qu’il ne raconte rien. Le scénario tient en une phrase : pendant un transfèrt, Karl le boucher s’échappe et va faire passer un mauvais quart d’heure à tous ceux qui croisent sa route. Un pitch simple et déjà vu certes, mais à l’inverse d’un Olaf Ittenbach qui lui tentait avec Black Past (les deux films sont de la même année) de construire un film, avec une histoire, des dialogues, un fil rouge, bref un scénario, Andreas Schnaas lui se contente d’assembler des scènes. À croire qu’il a tourné ses moments gores et n’a jamais trouvé de quoi les lier avant de jeter l’éponge et de sortir la chose en l’état. En résulte le schéma suivant : on suit une personne en voiture (Schnaas semble avoir un faible pour les vues cockpit), puis on suit Karl le boucher qui marche dans la foret, et la rencontre des deux donne une scène gore. Parfois il y a des variantes : on suit deux personnes en voiture, puis on suit Karl le boucher qui court dans la forêt. Ou parfois on suit des personnes qui marchent dans la forêt, puis on suit Karl le boucher qui tombe et fait une sieste, parce que c’est épuisant d’errer dans les bois non-stop. Il y a bien quelques dialogues qui semblent avoir été improvisés au moment de les tourner, et des tentatives de creuser un peu le passé du boucher, mais celles-ci ne servent à rien et alourdissent la petite heure et quart d’un film déjà bien trop long. En parlant de long, le générique de début dure quatre minutes, mais quatre minutes de ça, couleur et animation à 1 FPS restitués à la perfection :

Pas de scénar, donc. Ce qui peut passer vu le genre de Violent Shit, mais cette absence de narration n’est rien comparé à la mise en scène absolument dégueulasse, bien plus que les effets gores. Tourné au caméscope, le réalisateur s’est amusé à tester les effets vidéos de sa caméra et visiblement le résultat lui a plu, puisqu’il les utilise à outrance. Des ralentis horribles qui font passer le film à une image seconde, aux effets de couleurs à vomir, en passant par les scènes nocturnes éclairées à la lampe de poche, Violent Shit est une torture visuelle de tous les instants, jusqu’à en ruiner les scènes gores. Le gore justement j’y viens, puisqu’il faut bien en parler. Et bien c’est gore, il n’y a pas photo, ça découpe à peu près tout ce qui est découpable sur un corps humain. Des têtes aux jambes, des zizis aux vagins, des bras aux seins, tout y passe. Aucune partie de l’anatomie humaine n’est oubliée et ravira les amateurs de barbaque et de tripaille. Pour ceux qui font partie de cette catégorie et qui ne viennent chercher que ça, il faudra passer outre tout le reste du métrage, et ça, c’est une épreuve. Vous êtes prévenus.

LES PLUS LES MOINS
♥ C’est gore ⊗ Tout
⊗ Même pour un film amateur, c’est vachement amateur
⊗ Des effets vidéos horribles
C’est violent, c’est de la merde. Jamais un film n’aura aussi bien porté son nom.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Tourné avec un caméscope loué.
• Contrairement à ce qui a été dit pendant de longues années, Andreas Schnaas ne joue pas le rôle de Karl le boucher dans cet opus.
• Interdit pendant plusieurs années en Allemagne, cet interdiction est depuis levée.


Titre : Violent shit
Année : 1989
Durée : 1h15
Origine : Allemagne
Genre : Film fait à la maison
Réalisateur : Andreas Schnaas
Scénario : Vous pouvez répéter la question?

Acteurs : Andreas Schnass, Gabi Bäzner, Wolfgang Hinz, Volker Mechter, Christian Biallas, Uwe Boldt, Marco Hegele, Lars Warncke

 Violent Shit (1989) on IMDb


 

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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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