[Film] Violence Voyager, de Ujicha (2018)

Dans un petit village perdu dans les montagnes du Japon, le jeune Bobby et son ami Akkun partent en randonnée à travers la forêt. Ils tombent par hasard sur Violence Voyager, un parc d’attraction secret dans lequel ils se risquent, en quête de sensation forte. Et ils vont être servis !


Avis de John Roch :
Retour dans l’univers déjanté de Ujicha avec Violence Voyager, second long métrage du réalisateur adepte de la Gekimation qui l’aura, mine de rien, occupé pendant trois ans, dont deux uniquement réservés au dessins des personnages et des décors. Si The Burning Buddha Man vous a refroidi, voir rebuté, il serait dommage de ne pas redonner une chance à Ujicha, car ce dernier ne fait pas que répéter la formule. Bien au contraire, le réalisateur s’est surpassé pour livrer une œuvre bien plus maitrisée, aussi bien au niveau de la narration ainsi que de la réalisation, et explose même les limites de la Gekimation. Cette fois ci, exit les délires à base de fusions homme-Buddha, et place à une histoire plus terre à terre. Enfin, dans les grandes lignes, car sur un postulat de base en apparence simple, Ujicha parle de la fin de l’enfance avec une cruauté qui ne plaira pas à tout le monde.

Violence Voyager, c’est un parc d’attraction perdu dans la montagne que découvrent Bobby et Akkun lors d’une randonnée. Sur place, le directeur du parc, Koike, assisté de sa fille Saori, leur proposent une sorte de jeux vidéo grandeur nature. Le but : repousser une invasion extra-terrestre dans une forme toute simple : des aliens en cartons que l’on asperge au pistolet à eau. Mais au cours de leur partie, ils découvrent qu’ils ne sont pas seuls à jouer, et qu’un alien semble bel et bien réel. Ce court résumé n’est que le point de départ de Violence Voyager, qui prend une toute autre direction par la suite et raconte le passage de l’enfance à l’adolescence, de la disparition des peurs enfantines qui laissent place au courage, la perte des copains d’enfance ou encore la puberté, plusieurs aspects sont abordés… à la manière Ujicha. Il nous livre ici un pur film d’horreur, et en plus de reprendre le coté body horror déjà présent dans the Burning Buddha Man, Violence Voyager est à mi-chemin entre le conte macabre et une production Amblin qui se serait complètement lâchée.

La mort d’enfants à l’écran a toujours été rare, voir même un peu tabou, et rien que le dixième de ce qui est montré dans Violence Voyager n’aurait jamais été possible dans un film en prises de vue réelles, Ujicha ne se gêne aucunement pour les faire souffrir. Ici les gamins finissent dévorés, se prennent des jets d’acides en pleine face, sont molestés, suspendus à poil comme du bétail et même transformés en créatures étranges aux nerfs à vif et en perpétuelle souffrance. De quoi rendre le métrage par moments plutôt dérangeant, Ujicha n’hésitant pas à verser dans le gore et à se montrer sans concession lorsqu’il s’agit de montrer des enfants souffrir, sans pour autant être révoltant. Tout ceci animé selon le procédé Gekimation, qui devraient séduire à nouveau ceux qui ont adhéré, et surtout en réconcilier certains avec cette méthode d’animation particulière. Les 2 ans de dessins qu’a nécessité Violence Voyager n’ont pas été vains, les personnages affichent bien plus d’expressions que dans les précédentes œuvres de Ujicha. On sent la volonté de faire un film réellement rythmé et il y parvient en faisant exister ses personnages, en les faisant beaucoup plus bouger et interagir ensemble, ceci doublé d’un montage plus cut qui permet de ne plus avoir le sentiment de voir une succession de vignettes. De quoi rendre impatient de découvrir le prochain long de Ujicha dont on ne sait rien, sauf qu’il y aura des enfants… et des dinosaures..

 

 

LES PLUS LES MOINS
♥ La Gekimation à son meilleur….
♥ Un vrai film d’ horreur
♥ La fin de l’enfance selon Ujicha.
⊗ … mais qui ne plaira à nouveau pas à tout le monde.
De par sa violence envers les enfants et cette animation toujours aussi particulière, Violence Voyager n’est pas destiné à tout le monde, mais il reste plus abordable que les autres œuvres de Ujicha qui prouve que la Gekimation a de beaux jours devant elle.

Violence Voyager est sorti chez Spectrum Films en Blu-ray, accompagné du premier long métrage de Ujicha, the Burning Buddha Man, au prix de 25€. Il est disponible à l’achat ici : Spectrumfilms.fr
En plus du film, on y trouve les trois court-métrages de Ujicha, une interview du réalisateur, un teaser de son prochain métrage, un commentaire audio, les storyboards, un entretien avec Fabien Mauro, et la bande annonce du film.



Titre : Violence Voyager / バイオレンス・ボイジャー
Année : 2018
Durée : 1h23
Origine : Japon
Genre : La foire des ténèbres
Réalisateur : Ujicha
Scénario : Ujicha

Acteurs : Aoi Yûki, Saki Fujita, Nao Hanai, Tomorô Taguchi, Shigeo Takahashi, Naoki Tanaka

 Baiorensu boijâ (2018) on IMDb


 

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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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