[Film] Une Nuit en Enfer, de Robert Rodriguez (1996)


Deux criminels prennent une famille en otage près de la frontière mexicaine, après une cavale particulièrement sanglante durant laquelle ils ont tué un policier et kidnappé l’employée d’un magasin. Ils se rendent tous ensemble dans un bar pour routiers au-delà de la frontière mexicaine, appelé le « Titty Twister », établissement qui leur réserve pas mal de surprises une fois la nuit tombée…


Avis de Cherycok :
Après Desperado et The Faculty, il fallait forcément que je parle à un moment donné d’Une Nuit en Enfer de Robert Rodriguez, sans doute mon film préféré de ses débuts car j’ai une relation très particulière pour ce film. Dans les années 90, une de mes grandes passions avec mes amis était de louer dans un vidéoclub deux ou trois films un peu au hasard, à la jaquette comme on disait, et de se faire une soirée légèrement alcoolisée accompagnée de pizzas où on allait les enchainer les uns à la suite des autres jusqu’au bout de la nuit. Après un rafraichissant Intruder (1989) arborant fièrement « Bruce Campbell » sur sa jaquette alors qu’on ne le voit que 28 secondes, la VHS de la grosse bousasse La Revanche des Mortes Vivantes (1987) eut un effet relativement somnifère. Après un shot de tequila pour réveiller les troupes car il n’y avait plus de bière, on enfournait dans le magnétoscope la cassette d’Une Nuit en Enfer, en croisant les doigts qu’il soit un peu mieux que le précédent. Nous ne savions strictement rien de la bobine, nous n’avions même pas pris le temps de lire l’arrière de la jaquette. Alors qu’elle ne fut pas notre surprise et notre joie lorsque, à mi-film, le film de Rodriguez part en cacahuète total pour devenir un bon gros bordel gore des plus jouissifs. Depuis ce jour, Une Nuit en Enfer reste et restera un de mes films de chevets, une bobine que j’ai vue tellement de fois que je n’ai pas assez de doigts pour les compter. Alors forcément, ce texte ne sera à aucun moment objectif…

Avant que le film ne soit ce qu’il est, de nombreux réalisateurs ont été envisagés. Renny Harlin et Tony Scott ont rapidement été intéressés par le projet avant de se retirer à cause côté B-Movie assumé du film. Robert Kurtzman, spécialiste des effets spéciaux, est également approché mais finira au scénario, tout comme Quentin Tarantino, mais ce dernier a décidé de se contenter du scénario et du rôle de Richard Gecko, le frère du héros. Il en fut de même pour le casting. Outre Juliette Lewis qui fût d’entrée choisie sur les bons conseils de Tarantino, de nombreux acteurs ont par exemple été envisagés pour le rôle de Seth Gecko avant Georges Clooney. Citons Antonio Banderas, Steve Buscemi, Michael Madsen, Tim Roth, John Travolta ou encore James Woods. Salma Hayek avait au départ refusé à cause de sa phobie des serpents avant de se raviser et de passer deux mois avec des thérapeutes pour surmonter sa peur après que Rodriguez lui a fait croire que Madonna était prête à prendre le rôle à sa place. Au final, c’est une bien belle brochette de têtes connues que le film va aligner, mais surtout des personnages tout bonnement excellents, par leur retenue (la famille catholique), leur côté imprévisible (les frères Gecko), ou simplement par leur côté barré (les seconds rôles dans le Titty Twister). Tarantino a toujours été fort pour pondre des personnages mémorables, et couplé à Robert Rodriguez, ils en deviennent une des forces principales du film. S’ils retiennent autant l’attention, c’est aussi grâce au travail sur les dialogues qui vont bien dans le sens du film. Les voir se balancer des fions ou envoyer des punchlines a un côté extrêmement jouissif, sans parler de certains monologues complètement WTF (la longue tirade sur les « pussy » à l’arrivée au Titty Twister), et on ressent toute la verve du Tarantino des débuts se manifester à travers ces lignes de texte.

La première partie du film n’a pourtant rien d’exceptionnel, une classique cavale de deux frères qui viennent de dévaliser une banque et qui vont se cacher dans le camping-car d’une petite famille afin de traverser la frontière mexicaine. Mais lorsque la deuxième partie se lance à l’arrivée au fameux Titty Twister, le film par en cacahuète total pour devenir un bon gros délire gore et ultra jouissif. Là, le film tombe dans la bisserie avec du sang, des boobs, des jurons, des armes, des membres coupés dans tous le sens. C’est complètement idiot mais extrêmement régressif avec un côté frénétique qui fait sautiller l’amateur sur son canapé. A l’origine, ce massacre final ainsi que les scènes de combats qui la composent étaient plus longs et beaucoup plus gores, mais certaines scènes ont dû être raccourcies et du sang vert a été utilisé pour les vampires afin que le film passe la censure. Mais malgré cela, les amateurs de sanquette qui tâche, de maquillages dégueulasses et autres délires bien portenawakesques en auront pour leur argent. Le travail sur les effets spéciaux est à saluer tant certains effets gores sont bien fichus et ça fourmille d’idées dans tous les sens, à commencer par cette guitare faite entièrement de membres humains. Certes, les quelques CGI ont vieilli mais ils sont malgré tout raccord avec le côté série B du film. Une Nuit en Enfer est bourré de références, du Assaut de Carpenter le temps d’un Precinct 13 inscrit sur un T-Shirt, à la saga vidéoludique Castlevanie lorsque Tom Savini tue des vampires avec un fouet, en passant par Bad Taste lorsque le personnage de Jacob tire à travers le corps d’un vampire a plusieurs reprises. Mais il y en a bien d’autres : Django, Maniac Cop 2, Pulp Fiction, Desperado, Indiana Jones et le Temple Maudit, … au point que ça en devient ludique d’essayer d’en voir le maximum. Alors oui, le scénario est au final très léger, ne reposant que sur son concept de la 2ème partie, et les personnages sont aussi profonds qu’une poêle à crêpes, mais qu’importe, le divertissement est là et si on accroche au délire, on ressort avec une banane pas possible, avec la bande originale du film qui nous trotte dans la tête pendant plusieurs jours.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le casting
♥ Les personnages
♥ La 2ème partie
♥ Le côté fun de l’ensemble
♥ La bande originale
⊗ Des CGI parfois limites

Une Nuit en Enfer est un pur B-Movie qui n’a d’autre but que celui de proposer un divertissement fun et décomplexé et il y arrive haut la main. 28 ans après sa sortie, le spectacle proposé est toujours aussi réjouissant.

LE SAVIEZ VOUS ?
• La réplique humoristique « No thanks, I’ve already had a wife » (Non merci, j’ai déjà eu une femme) a été improvisée par George Clooney. Le réalisateur Robert Rodriguez n’avait pas l’intention de la faire figurer dans le montage final, mais après que le studio l’a incluse dans une bande-annonce, il s’est senti obligé de la faire figurer dans le film.

• Deux suites sont sorties en 1999, la première change complètement de direction et se veut plus sérieuse, la deuxième reprend la même structure que le premier film mais à l’époque du far west.



Titre : Une Nuit en Enfer / From Dusk Till Dawn
Année : 1996
Durée : 1h48
Origine : U.S.A
Genre : What else ?
Réalisateur : Robert Rodriguez
Scénario : Robert Kurtzman, Quentin Tarantino

Acteurs : Georges Clooney, Quentin Tarantino, Harvey Keitel, Juliette Lewis, Ernest Liu, Salma Hayek, Cheech Marin, Danny Trejo, Tom Savini, Fred Williamson

From Dusk Till Dawn (1996) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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