Melvin Ferd, technicien de surface dans une piscine, est le souffre-douleur de la bande à Bozo, psychopathe dont le passe-temps consiste à écraser des enfants avec sa voiture. Tombé dans une embuscade destinée à l’humilier publiquement, Melvin prend la fuite, se défenestre et tombe dans un fût radioactif transporté par un camion arrêté à cet endroit, ce qui le transformera en un monstre hideux et surpuissant. Il deviendra justicier sous le surnom de Toxic Avenger. Mais le maire de la ville, parrain d’une mafia locale, voit d’un très mauvais œil l’arrivée de ce super-héros.
Avis de John Roch :
Fondée en 1974 par Michael Hertz et Lloyd Kaufman, la Troma était à la base spécialisée dans les comédies à l’humour bien gras à destination des adolescents. Ce n’est qu’en 1984 que la firme la plus folle de la planète va trouver les ingrédients qui feront » l’esprit Troma », à savoir du gore, du cul, un doigt d’honneur au politiquement correct et une critique de la société américaine sous toutes ses formes, le tout avec un budget restreint qui ne cesse de fondre comme neige au soleil depuis plus de trente-cinq ans, avec The Toxic Avenger, le premier super héros du New Jersey, rien que ça. Et comme tout premier film sur un super héros au cinéma, The Toxic Avenger est une origin story.
Celle du chétif et pas très beau Melvin, technicien de surface d’une salle de sport. Victime d’une mauvaise blague d’un gang de psychopathes qui reprennent les règles de la course à la mort de l’an 2000 lors de leurs virées en bagnole, il se retrouve la tête la première dans un fût de déchets radioactifs, et se transforme en Toxic Avenger, ce qui lui amène une force surhumaine, mais le rend encore plus moche, plus efficace que monsieur propre, et plus dangereux que le fisc (dixit l’affiche Française d’époque !). Entre deux parties de jambes en l’air avec Sarah, sa petite amie aveugle, armé de son balai serpillière, il va nettoyer Tromaville de ses criminels et mettre un terme aux agissements du maire corrompu de la ville, tout en se vengeant des responsables de sa mutation.
Amis du politiquement correct, passez votre chemin. The Toxic Avenger donne dans la comédie bien débile, voire limite cartoonesque, avec ses figurants surjouant au-delà du raisonnable, et une galerie de personnages pittoresques. Car à Tromaville, on trouve des travelos adeptes de la tatane, des gangsters adeptes de la torture à base de cigares, un chef de la police visiblement descendant du troisième Reich, et les petites vieilles en apparence bien sous tous rapport sont en vérité des pontes de la mafia ! Et puisque cela ne suffit pas, le film est gore à outrance : têtes écrasées, membres divers et variés arrachés, énucléation, et d’autres joyeusetés sont au programme, le tout avec des effets impeccables pour une petite production, orchestrés par Jennifer Aspinall, petite princesse des SFX dans les années 80 (on la retrouve au générique d’autres perles comme Street Trash, Psychos in Love, ou Spookies) dont la carrière prendra un autre tournant quand elle sera embauchée par le Saturday Night Live.
Malgré son budget restreint (on parle de 500.000 dollars), Lloyd Kaufman blinde son film de scènes d’actions et de cascades spectaculaires, dont une poursuite automobile (en accéléré) et diverses bastons dont une dans un restaurant étonnamment bien chorégraphiée et mise en scène. Certes on est loin des Sammo Hung et Yuen Woo-Ping de la grande époque, mais l’effort est considérable et mérite d’être souligné.
Si dans la forme, le film tient de la perfection (l’auteur de ses lignes assume ces propos), et que le film va parfois loin dans le trash (les enfants, tout comme les chiens ne sont pas épargnés, ce qui est pour ces derniers un genre de blasphème cinématographique aux States, on touche pas aux toutous !), on regrettera tout juste que Lloyd Kaufman n’aille pas au bout de ses idées. En effet, si un discours écologique plane tout au long du film, on sent qu’il avait quelque chose à dire sur cette Amérique dans laquelle le culte du corps et de la beauté était roi, sans pour autant arriver à l’exprimer.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ La naissance de l’esprit Troma ♥ Un film généreux, au vu des limites budgétaires ♥ Le mélange humour/gore qui fonctionne à merveille |
⊗ Un discours sur la société d’alors en retrait |
Premier gros succès de la Troma, The Toxic Avenger fut un mini phénomène et a engendré un dessin animé, un jeu vidéo, une série de comic books chez Marvel, mais aussi trois suites sur lesquelles nous reviendrons bientôt, en attendant le remake à gros budget qui tient désormais de l’arlésienne, auquel fut un temps rattaché Arnold Schwarzenegger. Voir John Matrix aux côtés du vengeur toxique, voilà une idée qui fait rêver… |
LE SAVIEZ VOUS ?
• Pendant le tournage, un clochard a volé une arme factice dans une caravane et a menacé l’équipe.
• Larry Sulton, qui joue Franck, n’avait qu’un bras. Lors de la scène du restaurant, son bras droit est une prothèse, on ne le voit jamais la bouger ou l’utiliser.
• Le mouton que doit embrasser Mark Trogl était infesté par des poux, ce qu’il n’a découvert qu’à la fin du tournage de la scène.
• Patrick Kilpatrick, qui joue Leroy, a quitté le tournage après avoir eu à braquer une petite fille avec un fusil à pompe.
Titre : The Toxic Avenger / Toxic
Année : 1984
Durée : 1h22
Origine : U.S.A
Genre : The first avenger
Réalisateur : Michael Hertz, Lloyd Kaufman
Scénario : Lloyd Kaufman, Joe Ritter
Acteurs : Mark Torgl, Mitch Cohen, Pat Ryan, Andree Maranda, Robert Prichard, Jennifer Babtist, Gary Schneider, Cindy Manion, Cindy Manion, Dick Martinsen