[Film] The Saviour, de Ronny Yu (1980)


L’inspecteur Tong et son nouveau partenaire Cheng enquêtent sur un tueur en série qui assassine des prostituées. La piste sanglante les emmène jusqu’au fils du magnat Kwok qui tue rapidement tous les témoins possibles pour protéger son fils. Désespéré d’attraper le tueur, Tong utilise sa propre petite amie comme appât pour l’attirer.


Avis de Nasserjones :
Déjà étonnant de voir à quel point ce film à bien vieilli. Il est sorti en 1980 mais hormis sa bande-son très seventeen qui le trahit un peu, le film semble avoir 10 ans d’avance sur son temps. Comme d’autres classiques policiers HK du début des années 80 genre Man on the Brink ou The club, The Saviour est un film au style réaliste.

Ronny Yu filme les rues de Hong Kong caméra à l’épaule de manière authentique. Il fait déjà preuve d’une belle maîtrise à l’époque, 13 ans avant son chef-d’œuvre The bride with White Hair, il affiche déjà un sacré sens de l’esthétique, avec beaucoup de jolis plans de Hong Kong la nuit ou de couchers de soleil. Un peu à la manière de Henri Verneuil avec Peur sur la Ville, Ronny Yu nous déclare son amour au cinéma américain des 70 en brassant une multitude d’influences. Ça va de la sécheresse de William Friedkin, au goût du sang de De Palma en passant par la classe du héros décalqué sur Steve McQueen dans Bullit (jusque dans sa voiture). Il faut ajouter aussi qu’à l’époque, ce film était un des tout premiers films asiatiques mettant en scène un tueur en série psychopathe, c’est dire à quel point le film était précurseur. Ajoutez aux nombreuses qualités du film un petit côté giallo très bien venu avec notamment une scène de meurtre dans un ascenseur que n’aurait pas renié Dario Argento et aussi un très bon travail d’écriture. Le héros ici n’est pas juste un archétype mais il a aussi une vie privée, une petite amie…

Malgré toutes ses qualités, il manque au film un gros morceau de bravoure pour marquer les esprits et le faire sortir du lot. Il y a pas mal de meurtres et de violence mais aucune scène qui percute vraiment. Imaginez French Connection et Bullit sans leurs poursuites en voiture mémorables, sans doute ces films n’auraient pas le statut qu’ils ont aujourd’hui. C’est d’autant plus dommage que le film n’a pas de réel défaut. Aucune scène foirée qui ferait tâche, aucun déchet, tout est maîtrisé du début jusqu’à la fin, mais voilà il manque cette fameuse scène qui marque. J’y ai pourtant cru, quand dès le début du film, on voit le héros sortir de son parking avec sa voiture ressemblant à celle de Bullit, je me suis dit : « Va y avoir une bonne course poursuite c’est sûr », mais non on ne saura jamais ce qu’elle avait sous le capot cette voiture…

LES PLUS LES MOINS
♥ Des personnages bien travaillés
♥ Une réalisation très en avance sur son temps
♥ Un mélange polar américain/giallo italien très sympa
⊗ L’absence d’un gros morceau de bravoure pour élever le film à un autre niveau
Ronny Yu aurait pu signer avec The Saviour un film culte, mais en l’état c’est juste un bon polar, qui 40 ans après sa sortie, se regarde encore sans problème et c’est déjà pas mal.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film est sorti en France dans les années 80 en VHS sous le titre La Justice d’un Flic. Il n’était jamais ressorti depuis jusqu’à sa réédition en blu-ray chez Spectrum.


THE SAVIOUR est sorti chez Spectrum Films en combo DVD/Blu-ray au prix de 20€. Il est disponible à l’achat ici : Spectrumfilms.fr

En plus du film, on y trouve : Présentation du film par Arnaud Lanuque historien du cinéma, La Nouvelle Vague hongkongaise, Ronny Yu par Julien Sévéon, Steroids le Podcast par l’équipe de Capture Mag, Version française d’époque et Bande-annonce.



Titre : The Saviour / La Justice d’un Flic / 救世者
Année : 1980
Durée : 1h22
Origine : Hong Kong
Genre : Polar
Réalisateur : Ronny Yu
Scénario : Alfred Cheung, Ronny Yu

Acteurs : Pai Ying, Gigi Wong, Kent Cheng, Tien Feng, Lee Ka-Lai, Ng Man-Hung, Mak Ho-Man, Lam Ying-Fat, Wallace Cheung, Alfred Cheung, Cheung Kwok-Keung

 Jiu shi zhe (1980) on IMDb


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Auteur : Nasserjones

Fan névrosé de cinéma HK, élevé aux girls with guns et heroic bloodsheed, j'essaye depuis quelques années de me soigner comme je peux en m'ouvrant un peu plus à des films plus intimistes et différents. Des Philippines au Kazakhstan, de la Corée à l'Indonésie, je poursuis tant bien que mal mon auto-thérapie.
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