[Film] The Days Of Being Dumb, de Blackie Ko (1992)

Fred et Keith sont des amis d’enfance qui rêvaient à l’époque de devenir membres de la triade. Devenus adultes, ils ont réalisé leur rêve et ont rejoint de nombreux gangs. Cependant, après la mort de tous les chefs de gangs, ils sont considérés comme apportant le malheur et aucun gang ne veut plus les accueillir.


Avis de John Roch :
C’est en 1991 que Peter Chan et Eric Tsang s’associent pour créer UFO, pour United Filmmakers Organisation, société de production spécialisée dans la comédie parfois dramatique ou le drame tout court. L’année suivante sort le premier rejeton nommé The Days Of Being Dumb mis en scène par Blackie Ko, cascadeur réputé à Hong Kong spécialisé dans les deux roues et protégé de Eric Tsang, surnommé le « cascadeur n°1 de Chine » après avoir sauté par-dessus la muraille de Chine en moto et avoir franchi les Chutes de Hukou lors d’un saut en voiture customisé. A sa sortie, The Days Of Being Dumb met directement UFO en difficulté financière pour cause d’énorme bide au box-office, mais a acquis par la suite une petite renommée de par son pari relativement gonflé pour l’époque : tourner en dérision les triades alors que cela était rare, pour ne pas dire inexistant.

Dans The Days Of Being Dumb, on suit le quotidien de Fred et Keith, deux amis d’enfance qui rêvent de faire partie intégrante des triades sans ne jamais y parvenir. Non pas qu’ils soient incompétents ou qu’ils manquent de volonté, c’est même tout le contraire, quitte à accepter des taches qui vont de la dissimulation de cadavre à la livraison d’un canard laqué pour un anniversaire, c’est juste qu’ils ont la poisse. Une poisse qui les rend involontairement coupables de la mort de leurs chefs successifs, jusqu’à ce que plus aucun gang ne veuille d’eux en leur sein. Le duo décide alors de se lancer dans le proxénétisme en important de Singapour ce qu’ils pensent être une prostituée, pendant que Kwan, numéro 1 des triades, voit en leur poisse une sorte de porte bonheur. The Days Of Being Dumb se divise en deux intrigues, l’une qui suit la non ascension des protagonistes, puis l’autre qui développe un triangle amoureux entre Keith, Fred et Jane (Anita Yuen dans son premier rôle), la mannequin prise pour une prostituée. La première est de loin la plus réussie, il est très agréable de suivre les mésaventures de Fred et Keith, d’autant plus que le duo au niveau de poisse poussé à son maximum, formé par Jacky Cheung et Tony Leung, fonctionne à merveille et on ne peut que rire devant les situations dans lesquelles ils se mettent, de l’élaboration de faux tatouages pour avoir l’air de durs, dont l’un ressemble à un dessin de maternelle, à la découpe d’un cadavre qui vire au naufrage d’un bateau, en passant par une tentative de racket dans une chambre froide, The Days Of Being Dumb est un métrage très drôle, au personnages secondaires qui le sont tout autant, en particulier Kwan, chef de triade superstitieux qui a le sens du spectacle.

Si coté comédie, et dans toute sa première partie, The Days Of Being Dumb remplit son contrat, on n’en dira pas autant sur l’histoire d’amour qui se développe dans la seconde partie du film. Finalement inutile au métrage, se terminant comme elle a commencé, c’est-à-dire sans prévenir, le versant dramatique qui ne fonctionne pas et occasionne un petit ventre mou en milieu de métrage n’a que d’intérêt quant à la sexualité de Jane qui donne une petite dimension sociale au métrage, l’homosexualité ayant été dépénalisé à Hong Kong l’année précédente et étant encore tabou, bien qu’à y réfléchir, le discours est un tout de même douteux ( Jane remercie Fred d’avoir refait d’elle une « vraie » femme après qu’ils aient couché ensemble). Mais une fois cette partie du film achevée, on retourne dans la comédie, mais cette fois-ci d’action dans un final explosif dans tous les sens du terme, aux éclats de violence surprenants mais aussi aux éclats de rire, ce qui manquait cruellement dans la partie précédente, qui par ailleurs contient des ruptures de ton assez brutales. En résulte un film des plus sympathiques, drôle et finalement expérimental, car c’est avec The Days Of Being Dumb, qui fait finalement office de brouillon, que UFO trouvera la recette qui lui apportera le succès.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le duo Jackie Cheung / Tony Leung
♥ Le monde des triades tourné en dérision
♥ C’est drôle
⊗ Une seconde partie moins convaincante
⊗ Le coté dramatique qui ne fonctionne pas
⊗ Un gros ventre mou en milieu de métrage
The Days Of Being Dumb est une bonne comédie où on prend plaisir à suivre les mésaventures d’un duo qui se met dans des situations toutes aussi délirantes et drôles les unes que les autres. Il est cependant dommage que la seconde partie du film ne fonctionne pas aussi bien, le coté dramatique étant source de longueurs.



Titre : The days of being dumb / 亞飛與亞基
Année : 1992
Durée : 1h32
Origine : Hong Kong
Genre : Comédie
Réalisateur : Blackie Ko
Scénario : James Yuen, Cheung Chi-sing et Joe Ma

Acteurs : Jacky Cheung, Tony Leung, Anita Yuen, Eric Tsang, Kent Tong, Chi-Shing Chan, Chi-Fai Chan, Chiu-Hang Au

 Ah Fei yu Ah Kei (1992) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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