[Film] The Comeback, de Chris Huo (2023)


Après avoir été blessé à la tête, un mercenaire devient amnésique. Sans aucun souvenir de son passé, il vit paisiblement sa vie sous le nom d’Oncle Hua et tient un petit magasin d’antiquités. Suite à une rixe avec des voyous, il passe à la télé. Apprenant qu’il est toujours en vie, son ancien disciple va se lancer à ses trousses avec ses hommes de main..


Avis de Nasserjones :
Dans la jungle du DTV chinois comme l’appelle si bien mon confrère Cherycok, deux personnalités sont un peu sorties du lot jusqu’à présent : l’acteur et artiste martial Tse Miu, dont la présence au générique d’un de ces DTV est un quasi gage de qualité, et le réalisateur Chris Huo. Après quelques heroic fantasy relativement quelconques, Chris Huo s’est fait remarquer en 2021 avec le très bon film d’action militaire The Sniper (à ne pas confondre avec les 392 autres films du même nom sortis un peu partout dans le monde). Dès lors, Chris Huo s’est spécialisé dans le film d’action bourrin où ça flingue et ça pète dans tous les sens, enchainant avec le très recommandable Blind War, le très loufoque King of Snipers et ce The Comeback. Il a même depuis sorti un autre actionner du nom de Hunt the Wicked que je n’ai pas encore eu l’occasion de voir.

Après le très fun mais très débile King of snipers, où Chris Huo s’essayait à la comédie d’action, il revient donc au film d’action plus sérieux dans la lignée de The Sniper et Blind War. La recette est donc toujours la même : beaucoup d’action, de bruit, du rythme, des explosions, des gunfights, des bastons à mains nues, au couteau… Le cas Huo divise un peu. Si pas mal de fans de cinéma d’action, notamment les fans de cinéma HK, apprécient la générosité de son cinéma et son caractère décomplexé et spectaculaire, beaucoup d’autres ne voient en lui qu’un tâcheron à la Olivier Megaton. Désolé pour Monsieur Megaton, mais c’est ce que j’ai lu de vous à droite à gauche. Chris Huo est en effet un réalisateur qui bouffe à tous les râteliers et mix un peu tout et n’importe quoi sans se poser de questions. Le résultat n’est donc pas toujours des plus digeste. Dans ce Comeback par exemple, on a un peu de Time and Tide de Tsui Hark, avec cette confrontation entre le vieux mercenaire et son ancien équipier, pas mal de Dante Lam pour le côté action militaire, un peu de John Wick avec des combats chorégraphiés un peu comme du break dance, un peu de Michael Bay aussi avec pas mal de plans très stylisés, d’effets clipesques de merde et de plans filmés avec des drones, et même un côté manga avec par exemple une tueuse qui utilise une moto qui roule toute seule et se transforme en sulfateuse. On ne peut le nier, il y a un côté production Luc Besson chez Chris Huo tellement c’est souvent du grand n’importe quoi et de la bouillie mal mixée. Simon Yam n’était pas vraiment le meilleur choix non plus pour ce film. Oui, Simon, on l’aime, c’est un des plus grands acteurs HK encore en activité, mais il est trop vieux aujourd’hui pour les rôles trop physiques et pas du tout crédible. Résultat, pour cacher le fait que Simon est aujourd’hui trop lent et trop raide pour se battre, Huo est obligé de monter les combats de manière encore plus cut que d’habitude, ce qui rend certains affrontements complètement illisibles. C’est d’autant plus dommage qu’en face, Andy On est impeccable en bad guy et toujours très convaincant dans les scènes de bagarre. Et puis au rayon des gros défauts du film, soulignons aussi l’horrible bande son dance très Luc Besson aussi.

The Comeback n’est définitivement pas le film d’action le plus subtile de l’année, mais pour une raison que je n’arrive pas vraiment à m’expliquer, dès The Sniper en 2021, j’ai de suite adhéré au style Chris Huo. Pourtant je déteste les productions Luc Besson ou les films du genre XXX auxquels on pourrait rapprocher Huo, mais disons que la sauce a quand même pris sur moi. Malgré toutes ses maladresses, il y a quand même une volonté chez lui de faire du bon cinéma d’action, d’innover, de surprendre. Contrairement à beaucoup de films d’action sans idée qu’on peut voir à longueur d’année, Huo cherche toujours à surprendre et à être original. On aura par exemple droit dans ce The Comeback à une scène où un des mercenaires experts en informatique utilise une armée de drones explosifs de la taille d’insectes qu’il lance sur des policiers du SWAT chinois, la fameuse scène de la moto sulfateuse, une scène où Simon Yam armé de pistolets à l’ancienne se lance dans une fusillade contre Andy On façon cowboy, ou le même Andy On qui utilise un fil de fer électrique sorti de sa montre pour trancher la gorge de ses ennemis. Quelque part, oui, on retrouve un peu de la folie du cinéma HK des années 80/90 chez Suiqiang Huo (son nom chinois). Toute comparaison avec les grands maitres du cinéma d’action de l’époque comme John Woo, Tsui Hark, Sammo Hung ou Yuen Woo Ping est bien évidemment vaine mais rapprocher Chris Huo à un Stanley Tong ou un Corey Yuen pourquoi pas ? Moi personnellement ça me va tout à fait comme ça. Et puis Simon Yam, Andy On et Yuen Wah au casting, ça fait toujours plaisir.

LES PLUS LES MOINS
♥ Beaucoup d’action
♥ Rythmé
♥ Spectaculaire
♥ Relativement court
♥ Andy On très cool en bad guy
⊗ Un mélange foutraque parfois indigeste
⊗ Les scènes de combats à mains nues trop cut
⊗ Simon Yam trop âgé pour les scènes d’action
⊗ La bande son horrible

Chris Huo continue son bonhomme de chemin dans le DTV chinois en livrant avec The Comeback un nouveau film d’action fun et explosif dans la lignée de The Sniper 2021 et de Blind War. Difficile de nier l’aspect foutraque et parfois indigeste de son cinéma, difficile aussi de nier sa générosité et son efficacité par moment.



Titre : The Comeback / 零号追杀
Année : 2023
Durée : 1h48
Origine : Chine
Genre : Action
Réalisateur : Chris Huo
Scénario : Wei Xiu-Liang, Wang Qian

Acteurs : Simon Yam, Andy On, Yuen Wah, Jiang Pei-Yao, Lei Mu, Ren Yi-Xuan, Waise Lee, Norman Chu, Wang Han-Yang, Ivan Wang, Wei Lu, Xu Zi-Li, Wang Jing-Yu

The Comeback (2023) on IMDb


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Auteur : Nasserjones

Fan névrosé de cinéma HK, élevé aux girls with guns et heroic bloodsheed, j'essaye depuis quelques années de me soigner comme je peux en m'ouvrant un peu plus à des films plus intimistes et différents. Des Philippines au Kazakhstan, de la Corée à l'Indonésie, je poursuis tant bien que mal mon auto-thérapie.
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