[Film] Skiptrace, de Renny Harlin (2016)

Un policier d’Hong-Kong doit retrouver un américain spécialiste dans les jeux de casino, venu se cachant en Europe avec une mafia russe et une organisation criminelle chinoise à ses trousses. Mais il s’avère que les deux hommes ont un ennemi en commun…


Avis de Cherycok :
Tous les fans de Jackie Chan de la belle époque attendent ses nouvelles bobines avec impatience. Mais tous les fans de Jackie Chan de la belle époque savent aussi que, si on enlève une ou deux réussites, sa filmographie de ces quinze dernières années n’est pas des plus reluisantes (oui, Chinese Zodiac reste toujours en travers de ma gorge). Le bonhomme vieillit, c’est certain, et il n’est plus à même de nous proposer les divertissements fous d’antan. Du coup, tous les fans de Jackie Chan de la belle époque craignent ses nouvelles bobines, surtout lorsqu’on retrouve un tâcheron tel que Renny Harlin à la barre. Cliffhanger, Die Hard 2, Driven, 12 Rounds, ou plus récemment La Légende d’Hercule, c’est lui ! Mais bon, il est assez moche de juger avant d’avoir vu donc la seule chose qu’on espère avant de se lancer, c’est que ce soit au moins sympa. Malheureusement, ah ah ah, que nenni ! Le résultat est au-delà de nos craintes. Alors désolé de l’annoncer cash comme ça à tous ceux qui espèrent encore et toujours un retour en force de ce bon vieux Jackie Chan, Skiptrace est sacrément naze.

Skiptrace reprend une très classique recette vue et revue des dizaines de fois, avec le flic et l’arnaqueur qui vont finalement se lier d’amitié car ils ont un ennemi en commun. Ce personnage ô combien original du chef de la Police qui est en fait de mèche avec le grand méchant de l’histoire. Un buddy movie usant de tous les poncifs du genre sans à aucun moment chercher à proposer quelque chose de nouveau. Hey, Rush Hour avec Jackie Chan, ça a super bien marché, alors pourquoi essayer de faire différemment ? Renny Harlin n’a jamais été un réalisateur visionnaire, ce n’est pas aujourd’hui que cela va commencer. Alors il emprunte un peu partout, à commencer dans le cinéma de Guy Ritchie pour la présentation des personnages façon écran fixes stylisés avec le nom qui s’écrit en gros. Et comme on a Jackie Chan dans le casting, on essaie de nous refourguer une tentative d’humour « à la Jackie Chan ». Sauf que le résultat est lourd. Renny Harlin aime s’appuyer sur le comique de situation sauf que lorsque c’est raté, ça désacralise absolument tout, jusqu’aux scènes d’action. On sourit à deux ou trois reprises mais dans 99% des cas, les gags retombent comme un soufflé. Jackie Chan ne nous aura jamais paru aussi fatigué, ses yeux sont rouges tout le long du film tel un lapin albinos, et Johnny Knoxville (Jackass, Le Dernier Rempart) parait par moments très détaché de son rôle. Et les rares fois où ils semblent avoir un regain d’énergie, c’est pour des scènes où ils semblent nous faire un concours de qui fera le plus le pitre.
A coté d’eux, on retrouve heureusement quelques têtes qui semblent (un peu) plus concernées par ce qu’ils font. Bon, Michael Wong nous fait du Michael Wong comme à son habitude en interprétant le même rôle qu’il a déjà joué des dizaines de fois ; Fan Bingbing (X-Men Days of Future Past, Bodyguards & Assassins) sauve les meubles grâce à son joli minois ; Eric Tsang (Infernal Affairs, My Lucky stars) et ses 5 minutes de présence à l’écran font le job ; on est content de retrouver le désormais trop rare Richard Ng (Mr Vampire, My Lucky Stars) dans un petit cameo ; et l’ancienne catcheuse à la WWE Eve Torres (Le Roi Scorpion 4) est sans doute celle qui tire son épingle du jeu avec son rôle façon Terminator à la russe et apporte une certaine fraicheur dans des scènes d’action, elles aussi, à coté de la plaque la plupart du temps.

Car si au moins ces scènes d’action valaient le détour, mais même pas. Alors oui, le final apporte quelques petits moments sympathiques en mode Jackie Chan’s Style, mais la mise en scène de Renny Harlin rend l’ensemble des plus indigestes. L’action est montée et mise en image avec les pieds, avec des plans étranges qui n’ont rien à faire là, qui certes pris à part ont un peu de gueule mais qui font tâche dès le plan suivant qui adopte un style différent. Il fait une tentative de montage dynamique sauf qu’on sait pertinemment que lorsqu’un combat est trop cut, il en devient vite illisible et gâche le plaisir de découvrir des chorégraphies qui semblaient pourtant plus travaillées que la moyenne. Alors il y a ci et là quelques très bonnes idées, comme la scène avec les poupées russes, ou les combats impliquant Eve Torres qui ont un côté très fun et comique, mais cette sensation de sentir Jackie Chan très fatigué, qui ne se contente désormais que de faire des acrobaties et peine parfois un peu à lever la jambe, avec des doublures de plus en plus voyantes (ben oui, il a dépassé la 60aine le bougre) est de plus en plus présente et pesante. Alors on compense par beaucoup d’humour aussi dans les scènes d’action, mais vu que lui aussi est à coté de la plaque…

Et ce ne sont pas les seuls problèmes de Skiptrace et on pourrait débattre encore un moment sur l’intérêt de la bobine. Mais citons tout de même un scénario qui prend des raccourcis pas possible, des faux raccords, un manque de logique totale avec notre duo de héros qui parcourt des distances hallucinantes à pied ou à cheval en un temps complètement improbable, des scènes inutiles sorties de nulle part et qui ne servent strictement à rien dans le récit (le repas avec les testicules d’agneau), des scènes assez étranges comme le passage chez les Mongols qui part sur de la chansonnette, ou encore ce twist ultra poussif en guise d’entame de scène finale. Et je ne parle pas de la BO car je pourrais devenir méchant dans le genre « jemenfoutisme ». Ce n’était pas un poil que le mec chargé de trouver les musiques avait dans la main, c’était un baobab, tout comme le gars chargé de la post-synchro qui a parfois fait un travail de sagouin (dans les passages chantés en Mongolie cités plus haut). Les SFX ne sont pas en reste, et il n’y a qu’à voir la scène de la tyrolienne pour s’en persuader. On a vraiment cette impression que l’équipe technique s’est dit que de toute façon, ça sera un succès vu qu’il y a Jackie Chan dedans. Et ils ne se sont pas trompés puisque le film a été un succès immédiat dès sa sortie en Chine, rapportant pas moins de 134M$US.
Heureusement, quelques points positifs tout de même. Le film étant une sorte de road trip d’aventures traversant la Russie et plusieurs pays d’Asie, les magnifiques paysages sont de mise (Désert de Gobi, de superbes rizières à terrasse,…). Et tradition oblige, le bêtisier dans le générique final nous donne le sourire. Il est d’ailleurs bien plus divertissant que le film lui-même.

LES PLUS LES MOINS
♥ De bien beaux paysages
♥ Quelques rares bonnes idées
⊗ Mise en scène ratée
⊗ Scènes d’action ratées
⊗ BO ratée
⊗ Humour raté
Skiptrace est bel et bien le ratage auquel on s’attendait. Renny Harlin nous prouve une fois de plus qu’il n’est pas un metteur en scène de talent, et Jackie Chan qu’il devrait arrêter ce genre de films et se concentrer sur des comédies pures ou des polars sérieux. Encore un coup dans l’eau.



Titre : Skiptrace
Année : 2016
Durée : 1h47
Origine : Chine / Hong Kong / U.S.A
Genre : Buddy Movie vu et revu
Réalisateur : Renny Harlin
Scénario : Jay Longino, BenDavid Grabinski, Chang Wen-Chia

Acteurs : Jackie Chan, Johnny Knoxville, Fan Bingbing, Winston Chao, Michael Wong, Eric Tsang, Eve Torres, Youn Junghoon, Charlie Rawes

 Jue di tao wang (2016) on IMDb
























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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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