[Film] Shinjuku Love Story, de Nasu Hiroyuki (1987)

Ichijoji est un jeune délinquant de 20 ans qui passe ses journées à trainer dans la rue, jusqu’au jour où il tombe sur Mari, une lycéenne de 17 ans venant d’acheter un chat. Ils tombent immédiatement amoureux. L’histoire serait bien plus simple si après avoir dû fuir un restaurant en courant après la perte du portefeuille de Mari, les deux tourtereaux ne se retrouvaient pas avec un clan Yakuzas, des cuisiniers et des flics ripoux sur le dos…


Avis de Rick :
The Shinjuku Love Story, sans être considéré comme un chef d’œuvre, c’est un de ces métrages des années 80 fortement apprécié des amateurs et qui me faisait de l’œil, malgré son réalisateur qui ne m’inspirait guère confiance, n’ayant vu de lui qu’un pinku de 1984 (Beautiful Wrestlers), et connaissait de réputation son dernier métrage de 2004, l’immonde apparemment Devilman. Mais il ne faut pas rester sur des préjugés, et j’ai bien fait, car le métrage, sans en effet être un chef d’œuvre ou un film culte, puisque s’articulant autour d’une histoire simple et prétexte, et déjà vu maintes fois dans le cinéma de genre, est un extrêmement solide divertissement, ultra généreux, ultra rythmé, qui ne semble d’ailleurs absolument jamais vouloir s’arrêter, ce qui explique sans doute sa courte durée de 1h35, tant tout semble condensé pour ne jamais nous laisser ne serait-ce que quelques minutes de répit passé la situation initiale. Au départ, nous suivons Mari et sa copine de lycée, à Shinjuku, qui vient d’acheter un magnifique petit chat qu’elle surnommera Chako. Mais le petit chat, loin de vouloir rester tranquille dans sa caisse, va s’enfuir, et c’est ainsi que Mari va rencontrer Ichijoji, un petit voyou sans grandes ambitions, auquel elle voudra payer un repas pour s’excuser du dérangement. Tout pourrait s’arrêter là, surtout si l’on cherche un peu trop longtemps la logique du métrage. Car ledit métrage, il ne cherche pas un seul instant la logique ou la vraisemblance. Nos deux héros, aussi improbable cela soit-il, tombent amoureux au premier regard. Immédiatement, Ichijoji va tout faire pour aider Mari, et après avoir tenté de parlementer suite à la perte du portefeuille de la jeune femme afin de pouvoir sortir sans trop de soucis du restaurant, tout se déclenche.

En gros, le métrage nous propose une course poursuite peuplée de personnages frapadingues et de situations qui le sont tout autant, sans temps morts. Chaque scène va pousser le bouchon toujours plus loin, et si l’on pourrait facilement sourire en se disant que ça n’a pas de sens, c’est en réalité l’effet inverse, tant il se dégage un certain charme et une efficacité redoutable du métrage. Au départ poursuivis dans la rue par les employés du restaurant (qui attaquent à coup de lancer d’assiettes, oui oui), notre couple va rapidement se mettre à dos deux flics ripoux, ainsi qu’un clan entier de yakuzas qui veulent récupérer le pistolet qu’Ichijoji vole très rapidement au clan. Car oui, dés que nos personnages tentent une bonne action, ça se retourne contre eux et la situation empire. Fuir des cuisiniers fous dans la rue, et voilà que la police s’en mêle, et bien entendu, ce sont les deux éléments de la police qu’il faudrait mieux éviter d’énerver. Ichijoji accepte d’être réglo avec Mari et donc de voler dans la caisse d’un petit club où ils trouvent refuge, et va donc demander un prêt rapide dans une agence, mais pas de bol, l’agence appartient aux yakuzas, et en une poignée de secondes, notre vaillant héros se retrouve une arme à la main, à devoir planter un yakuza et fuir tout le clan. Mais pas de bol, l’arme qu’il a volée faisait partie d’un deal bien particulier que le clan ne peut se permettre de voir tomber à l’eau, et ils voudront à tout prix le récupérer. Et c’est ainsi tout le long, sans une minute de répit, en faisant toujours plus de bruits, et en allant parfois tellement loin que l’on a un large sourire en voyant le spectacle. Car la dernière demi-heure notamment se lâche totalement pour rendre le film encore plus explosif qu’il ne l’était.

Car une course poursuite dans la rue et des duels aux pistolets, c’est cool, mais on peut faire mieux non, à coup d’assaut dans des refuges yakuzas à coups de cocktails molotov, poursuites à motos dans les rues, le tout jusqu’à une poursuite où l’artillerie lourde est de sortie, avec mitrailleuse XXL, lance-flammes, grenades et j’en passe, qui transforment le dernier tiers du film en pseudo Rambo où il ne faudra pas questionner la logique mais juste profiter de ce que le film propose. Car autant l’avouer, il y a finalement quelque chose de jouissif dans le métrage, qui ne ment pas sur la marchandise, qui ne perds pas une seconde, qui en fait toujours plus, si bien que parfois, l’on pourrait penser aux futurs jeux Yakuza, pour ce mélange improbable d’action qui détonne (on aura même un duel à un contre un au katana dans un long tunnel sous-terrain, rappelant Yakuza 0), le tout sur un ton léger, et avec ce mélange de sérieux (les yakuzas, des morts, des flics ripoux qui ne veulent pas faire des choses bien catholiques à Mari) et de second degré (certaines situations, le héros qui s’en sort toujours, l’histoire d’amour finalement peu crédible). Ou plus récemment, au film First Love de Miike. The Shinjuku Love Story n’est sans doute pas un incontournable, mais il est clairement un film d’action généreux, rondement mené, et en plus bien filmé et clairement ancré dans son époque à coups de chansons pop des années 80. Bref, un coup de cœur et un film qui fait du bien.

LES PLUS LES MOINS
♥ Généreux et rythmé
♥ Une poursuite de 95 minutes
♥ Casting et personnages attachants
♥ Ce mélange constant d’action sèche et de second degré
⊗ Mais oui le tout reste un peu improbable
note6
Une course poursuite entre flics ripoux, yakuzas, petite frappe et une lycéenne, le tout sur fond d’amour improbable et impossible, sans aucuns temps morts, et en allant toujours plus loin dans l’action. Fun, pas prise de tête, et finalement, charmant et attachant. Hautement recommandé aux amateurs.


Titre : Shinjuku Love Story – Shinjuku Jun’ai Monogatari – 新宿純愛物語
Année : 1987
Durée :
1h35
Origine :
Japon
Genre :
Action
Réalisation :
Nasu Hiroyuki
Scénario :
Nasu Machiko d’après le roman de Kuwahara Jôtarô
Avec :
Nakamura Tôru, Ichijôji Mina, Igarashi Izumi, Atô Kai, Daichi Yasuo, Enatsu Yutaka ; Furukawa Tsutomu, Gotô Yasuhiro et Ishii Hiroyasu

Shinjuku Jun'ai Monogatari (1987) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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