[Film] Scare Package, de Courtney Andujar, Hillary Andujar, Anthony Cousins, Emily Hagins, Aaron B. Koontz, Chris Mclnroy, Noah Segan et Baron Vaughn (2019)


7 réalisateurs, 7 contes de terreur, pas de smartphone.


Avis de John Roch :
C’est aujourd’hui un fait, pour attirer des spectateurs, les services de SVOD doivent sortir le porte-monnaie pour proposer des exclusivités, achetées ou directement produites. Shudder, la plateforme de SVOD spécialisé dans l’horreur l’a compris et produit également ses produits maisons comme Scare Package, un film à sketchs qui est autant un pastiche du genre qu’une mise en abyme de celui-ci. Cette anthologie propose sept sketchs, et comme toujours dans ce type de métrage, il y a du bon, du moins bon, et du navrant. Dans le genre, Scare Package se démarque dans sa structure, car au lieu de commencer par l’habituel fil rouge, il démarre avec Cold Open, qui met en scène Mike, un technicien d’un genre particulier, puisque c’est lui qui est en charge de mettre en place les évènements étranges qui surviennent dans un film d’horreur. Une poupée maléfique dans une maison ? Les plombs d’une maison qui sautent sans raison ? Un panneau qui indique la mauvaise direction à une bande de jeunes ? Ne cherchez pas, c’est Mike, c’est son boulot. Seulement il en a un peu marre et va tenter de devenir un personnage à part entière du film dans lequel il est embauché, sauf que ça ne va pas se passer comme prévu. Ce premier sketch annonce ce que va être Scare Package : un film blindé de références au genre, doublé d’un trip méta et d’une grosse dose de gore qui tache.

Fil rouge du métrage, Rad Chad’s Horror Emporium se passe dans un vidéo club tenu par Chad, chez qui Hawn se fait embaucher. Ce dernier va avoir affaire à plusieurs histoires venant de sources différentes : via des vhs qui tournent en boucle dans le vidéo club, ou racontées par Sam qui jalouse la prise de poste de Hawn. Dans les anthologies, les fils rouges sont souvent les morceaux les plus faibles, mais ici c’est réussi, en particulier grâce à son humour, qu’il soit référentiel ou non, et qui sait se renouveler dans les vingt dernières minutes. Mais avant d’y venir place aux cinq autres sketchs que propose Scare Package. Première réussite avec One Time in the Woods, dans lequel un homme commence à se transformer en créature sous les yeux de deux couples partis camper en forêt. Ces derniers stoppent la transformation, mais ils vont ensuite faire face à une autre menace car l’un d’entre eux est un serial killer. One time in the woods est un régal, un court ultra gore, qui joue avec certains codes du slasher et qui est rempli d’humour débile mais drôle, notamment ce pauvre gars à mi-transformation, et à moitié fondu, qui supplie pour que quelqu’un mette fin à ses jours. La suite est moins réjouissante, car M.I.S.T.E.R et Girls Night out of Body forme le duo de vilains petits canards de Scare Package. Dans le premier, un homme marié rejoint une association de machos qui veulent reprendre le pouvoir sur la gente féminine. Un sketch sans saveur, qui non seulement fait du mal au mythe du loup garou, mais est aussi assez maladroit dans son discours sur la virilité au sein du mariage. Girls Night Out of Body quant à lui tient du foutage de gueule, visuellement très moche, tout comme les maquillages, sans véritable histoire et sans une once de tripes, ce sketch est, en plus d’être le plus faible de l’anthologie, carrément infâme.

So Much to Do relève légèrement le niveau. Dans celui-ci, un homme se fait enterrer après avoir été marqué d’un signe Omega sur le front. Il ressuscite et prend possession de Franchesca. En rentrant chez elle, il s’installe devant la télé devant un show télévisé que suit la demoiselle en différé, elle va vouloir reprendre son corps, motivé par une chose : éteindre la télé car elle a horreur des spoilers. Si le début est assez mystérieux du fait de la faible durée du sketch, So Much to Do est un court énergétique, une grosse baston plutôt bien mise en scène, violente et par moment amusante, que seul une conclusion qui ne s’imposait pas vient un rien gâcher le plaisir. The Night He Came Back Again ! Part IV : The Final Kill relève la barre. Celui-ci met en scène une final girl confronté pour la quatrième fois à son boogeyman qui revient tous les quatre juillet. Elle en a un peu marre, alors cette année elle le neutralise pour se débarrasser de lui pour de bon. Un concept amusant, pour un sketch qui l’est, sorte de torture porn inversé à la sauce slasher, où Laurie Straude testerait toutes les méthodes possibles pour en finir avec Michael Meyers. Et la final girl en a des idées, de la simple électrocution au tir de fusil à pompe dans la tête, en passant par des mortiers enfoncé dans le gosier, des tentatives qui donnent des moments incroyablement gores et drôles, le boogeyman étant définitivement increvable. De loin le meilleur morceau de l’anthologie avec One Time in the Woods. Vient enfin Horror Hypothesis, qui est en fait la continuité du fil rouge. Chad se fait kidnapper et se retrouve avec d’autres personnes, prisonnier dans un laboratoire, en fait des personnages clichés de slasher : le beau gosse, le black, la final girl, la pétasse du groupe, le fumeur de joints, etc. Cette dernière partie reprend (repompe ?) celle de La Cabane dans les Bois, à la différence qu’ici, c’est un laboratoire qui étudie les victimes des slasher movies. Des études scientifiques pas si connes, comme celle qui consiste à mettre une victime et un boogeyman sur un tapis de course pour mesurer la distance à laquelle celle-ci tombe en courant, ou celle où l’on apprend que la voiture ne démarre pas dix-huit fois sur dix-neuf si le tueur est à au moins quatorze mètre du véhicule. Bien entendu le petit groupe s’échappe et va se faire tuer dans un ordre bien précis. Point d’orgue de Scare Package, ce final concluant le métrage avec tous les éléments qui ont précédé. Un final encore plus saignant que tout le reste du métrage réuni, des références partout, et toujours ce côté méta qui est bien plus intéressant que celui de la cabane dans les bois. Si les deux sketchs en milieu de métrage font tache, scare package est une étonnante surprise. Une déclaration d’ amour aux films des années 80, un hommage qui ne laissera pas de marbre les fans du genre.

LES PLUS LES MOINS
♥ Très généreux en gore
♥ Des SFX à l’ancienne
♥ L’humour
♥ Les références
♥ La mise en abyme qui fonctionne
⊗ Un gros ventre mou en milieu de métrage
⊗ Deux sketchs ratés
Malgré deux sketchs catastrophiques, dans son ensemble, Scare Package est convaincant. Le film plaira aux initiés qui s’amuseront à trouver les multiples références au cinéma d’horreur. Pour les autres, le métrage est suffisamment saignant et tout de même drôle pour passer un bon moment.

LE SAVIEZ VOUS ?
• On peut voir un poster de Camera Obscura, premier film de Aaron B. Koontz.
• John Bloom, plus connu sous le nom de Joe Bob Briggs, fait une apparition dans le film.
• Le cri Wilhelm est entendu dans le film.


Titre : Scare Package
Année : 2019
Durée : 1h47
Origine : U.S.A
Genre : Anthologie
Réalisateur : Courtney Andujar, Hillary Andujar, Anthony Cousins, Emily Hagins, Aaron B. Koontz, Chris Mclnroy, Noah Segan et Baron Vaughn
Scénario : Courtney Andujar, Hillary Andujar, Anthony Cousins, Emily Hagins, Aaron B. Koontz, Chris Mclnroy, Noah Segan et Baron Vaughn

Acteurs : Jeremy King, Noah Segan, toni Trucks, Chase Williamson, Baron Vaughn, Zoe Graham, Chelsey Grant, Aaron D. Alexander, John Bloom, Allan McLeod

 Scare Package (2019) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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