[Film] Salaar : Part 1 – Ceasefire, de Prashanth Neel (2023)


En Inde, il existe une cité nommé Khansaar city ne figurant sur aucune carte, autrefois bâtie par des tribus de barbares elle est devenue aujourd’hui un paradis du crime organisé. Dans cette ville de violence, Varadha un jeune chef mafieux sauve la vie de Deva et de sa mère. 25 ans plus tard alors que Deva vit en exil, Varadha le retrouve pour lui demander de l’aide.


Avis de Nasserjones :
En 2018, le réalisateur Prashanth Neel entrait par la grande porte avec son deuxième film K.G.F, un surprenant film de gangster au style visuel unique entre 300, Scarface et Mad Max imposant l’acteur Yash dans le rôle de Rocky, peut-être l’anti-héros le plus charismatique de ces dix dernières années, un mélange de Tony Montana, Conan le barbare et Che Guevara. Le film fut un très gros succès en Inde, succès qui donna suite à un deuxième volet, à ce jour quatrième plus gros succès de l’histoire du cinéma indien. Mais malgré ses indéniables qualités, le film était gâché par un montage odieux ultra-cut à la Tony Scott époque Domino. Prashanth Neel revient donc en 2023 avec ce Salaar et un nouvel univers proche de celui de K.G.F mais avec cette fois un montage beaucoup moins cut et bien plus digeste.

Il y a quelques jours, Cherycok mon collègue cinéphage de Darkside, assez hermétique au cinéma indien en temps normal, me disait qu’il était intrigué par ce film et qu’au vue du trailer il avait envie de tenter le coup. Avec toute l’honnêteté du monde, je lui déconseillais purement et simplement Salaar même si moi je me suis éclaté au visionnage. Car oui Salaar n’est toujours pas le film qui va réconcilier les pros et antis cinéma indien, loin de là même. Pour faire simple, Salaar est une sorte de RRR version dark et barbare. Alors ici, pas de passages chantés ou de bromance mais sensiblement les mêmes défauts inhérents aux blockbusters indiens, à commencer par une longueur excessive et inutile. Le film dure trois heures et soyons clair, il y a une heure en trop qui ne sert absolument à rien. Pendant une heure, on suit l’histoire d’une jeune indienne venue de New York qui se cache dans une petite ville chez la mère du héros. Après avoir été sauvée plusieurs fois par ce dernier, et alors qu’elle est exfiltrée de la région, dans la voiture, le chauffeur lui raconte l’histoire de son sauveur et c’est là que le film commence vraiment, au bout d’une heure… Alors oui, il y a quand même de la baston pendant cette première heure mais quand même, niveau narration c’est complètement insensé. Deuxième élément qui va en faire vomir plus d’un : les ralentis à la Zack Snyder. Il y en a partout, à chaque baston, chaque coup porté par le héros, même quand il se recoiffe. Le héros Deva, entièrement décalqué sur celui de K.G.F, en moins charismatique et moins cool mais avec les mêmes caractéristiques, tout aussi fort physiquement, capable d’envoyer un homme valser cent mètres plus loin d’une seule claque, est présenté comme un véritable demi-dieu grec. Ici l’iconisation est poussée au paroxysme. A chaque fois que Deva entre en action, il est filmé sur tous les angles en slow motion, musique tonitruante à la Hans Zimmer derrière, allumage de clope toujours en slow motion, il met ses lunettes noires toujours en slow motion et, trois/quatre minutes après tout ça, il se décide enfin à passer l’action. Et oui, c’est très important de fumer sa clope et de mettre ses lunettes de soleil avant d’aller tabasser des voyous. Je m’attendais d’ailleurs à voir débarquer 50 Cents à tout moment pour lâcher un couplet au côté de l’acteur Prabhas du genre : « yeah that’s gangster shit motherfuck ». Oui vous l’aurez compris Salaar a des allures de clip de rap américain, putassier et outrancier au maximum. Ajoutez à cela, une histoire vraiment confuse. Le film se passe pendant l’élection du nouveau roi de Khansaar où trois clans se disputent le pouvoir. Il y a des dizaines de personnages, tous cousins, beaux-frères et belles-sœurs entre eux et voilà le bordel pour s’y retrouver. Alors oui, entre ses longues trois heures, son scénario bordélique et ses ralentis à tout va, il faut être sacrément en forme et bien réveillé avant de se lancé dans l’aventure Salaar.

Si tout ce que je vous ai dit jusqu’à présent ne vous a pas découragé, sachez que Salaar est aussi un film unique dans son genre qui n’a pas vraiment d’équivalent ailleurs. Prashanth Neel a réussi à créer avec K.G.F et Salaar un style visuel et un univers totalement propre. Je ne sais même pas vraiment dans quel genre placer Salaar qui tient autant du film de triades à la Hongkongaise avec ses nombreux carnages à la machette, que du film de science-fiction post apocalyptique et de la dark fantasy à la Berserk. Car si les ralentis ne vous dérangent pas trop, c’est quand même assez jouissif de voir ce Gutz indien charcuter des hordes de cannibales, couper des têtes, arracher des bras, jeter ses adversaires en l’air comme des ballons de foot. Le réalisateur kannada invente sa propre mythologie avec ces tribus barbares qui autrefois massacraient et pillaient des villages, combattirent les colons anglais et fondèrent cette ville forteresse paradis du crime, et surtout ce héros surhumain capable d’affronter une armée à lui tout seul. Comme dans les autres blockbusters indiens récents comme RRR, Leo ou Jawan, ça flirte à plusieurs reprises avec le grand n’importe quoi. Ici le héros va par exemple attaquer une base militaire avec son 4X4 qui se transforme en char d’assaut et qui lance des missiles de son toit. Le seul mot d’ordre étant le divertissement, le réalisateur ne recule devant aucune idée farfelue tant que ça peut surprendre et amuser le public. La musique de Ravi Basrur contribue grandement à rendre le spectacle épique avec un thème principal entêtant et l’acteur Prabhas (La légende de Bahubali), bien que n’ayant pas la présence de Yash dans K.G.F, a quand même fière allure. Bref après RRR et Leo, et en attendant de voir Captain Miller, Salaar me conforte dans l’idée que la fraicheur vient en ce moment du cinéma indien.

LES PLUS LES MOINS
♥ Les scènes de baston barbares
♥ Le style visuel
♥ L’univers dark fantasy
♥ La bande son épique
⊗ La longueur (1h de moins aurait rendu le film plus efficace)
⊗ Trop de ralentis tuent le ralenti

Comme son grand frère K.G.F, Salaar est un film barbare et épique, unique et inclassable, entre film de gangster, ambiance science-fiction post-apocalyptique et dark fantasy. Sa longueur excessive et ses ralentis à la Zack Snyder en repousseront néanmoins plus d’un.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film n’est que le premier volet d’une saga en deux chapitres. La suite déjà tournée à 40 % devrait arriver sur les écrans en 2025.



Titre : Salaar : Part 1 – Ceasefire
Année : 2023
Durée : 2h55
Origine : Inde
Genre : Dark Fantasy / Gangster
Réalisateur : Prashanth Neel
Scénario : Prashanth Neel, Sandeep Reddy Bandla, Choudary Hanuman

Acteurs : Prabhas, Phrithviraj Sukumaran, Shruti Haasan, Easwari Rao, Jagapati Babu, Bobby Simha, Sriya Reddy, Ramachandra Raju, Mime Gopi, Tinnu Anand, Ramana

Salaar (2023) on IMDb


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Auteur : Nasserjones

Fan névrosé de cinéma HK, élevé aux girls with guns et heroic bloodsheed, j'essaye depuis quelques années de me soigner comme je peux en m'ouvrant un peu plus à des films plus intimistes et différents. Des Philippines au Kazakhstan, de la Corée à l'Indonésie, je poursuis tant bien que mal mon auto-thérapie.
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