[Film] Sadako DX, de Kimura Hisashi (2022)

Ichijo Ayaka, une étudiante, est sceptique concernant la vidéo maudite de Sadako, sensée tuer celui qui la regarde sept jours plus tard. Sa sœur, Futaba, meurt après avoir regardé la vidéo, mais seulement vingt-quatre plus tard. Ayaka décide d’enquêter.


Avis de Rick :
Il y a quelque chose de fascinant avec la saga Ringu entamée en 1998 avec Nakata Hideo, c’est que le tout semble baisser de qualité de film en film. On pouvait se dire au départ que c’est car le studio n’a jamais compris pourquoi le premier Ringu marchait, sauf qu’en 2019, le studio avait justement ramené Nakata pour signer l’opus sobrement intitulé Sadako, et c’était incroyablement mauvais. Mais pas mauvais au point d’en être drôle, comme certains passages de Sadako 3D des années avant, non, juste mauvais au point d’être dépité, si bien que trois ans après, j’ai intégralement oublié le film. Un film vide, de tout. Mais nous sommes en 2022, et le studio a décidé d’aller déterrer une nouvelle fois Sadako pour lui offrir une nouvelle aventure. Une résurrection donc ? Non, plutôt un clou de plus sur le cercueil de la pauvre Sadako. L’opus du jour, c’est donc Sadako DX, sorti au Japon et en festival dans le monde, et si l’accueil est aussi froid et mitigé que sur le précédent, il est fort probable qu’on en reste là et que Sadako DX ne franchisse plus la frontière Japonaise. Honnêtement… ce ne serait pas si mal en réalité, car à moins de nous sortir un coffret intégral (au moins, ça permettrait de voir débarquer en France le grotesque Sadako VS Kayako, seul sursaut qualitatif dans la saga depuis 20 ans), je ne vois pas franchement l’intérêt commercial de sortir ça, ou plutôt, le suicide commercial. Sadako DX partait mal dés le départ de toute façon, avec son annonce, avec Kimura Hisashi à la mise en scène. Réalisateur issu du monde de la télévision, on lui devait par exemple en 2020 Masked Ward, ou Mask Ward suivant les traductions, un thriller en milieu hospitalier pas vraiment bon, mais pas vraiment mauvais non plus. Sauf que là on ne parle plus d’un thriller sans grande ambition, mais de la saga Ringu. Ça ne sentait pas bon non plus avec les premiers posters, oscillant entre le risible et la faute de goût à faire craindre un Sadako contre Power Rangers. Puis la bête fut révélée au public Japonais fin Octobre, et personne n’en parla, ce qui n’est jamais bon signe. Le film fut ensuite présenté en festival à l’international, et à part quelques rares fans amèrement déçus, même son de cloche, personne n’en parla.

Je devais juger la bête, et même si j’ai été très con de choisir Sadako DX pour être mon film de Noël, et bien, cela ne reste qu’un dur moment à passer, 1h40 et on n’en parlera plus, promis. Sadako DX, que dire ? Compliqué, car autant l’approche plus décomplexée peut se comprendre, Sadako étant devenu une icône culturelle avec le temps, et effrayer comme à l’époque du premier Ringu paraissait juste impossible, autant le résultat final semble tellement à côté de la plaque qu’on en viendrait à se demander, les yeux rivés au ciel, pourquoi ! Pourquoi la Kadokawa nous a infligé ça ? Que lui avions nous donc fait ? On ne leur a probablement rien fait, mais eux, ils ont pu récupérer quelques billets sur le dos des fans. D’entrée de jeu, les règles changent. La vidéo ne tue plus en 7 jours mais en seulement un maintenant. Une approche différente donc, qui annonce en fait déjà que le film ne s’adresse pas au même public. Adieu le lent et infernal compte à rebours pesant sur nos personnages, maintenant, il faut du rythme, multiplier les personnages, les malédictions, sinon le jeune public, il s’ennuie. Encore une fois, pourquoi pas dans les faits, nouveau public, nouvelle approche. Dans le même ordre d’idée, on peut aussi dire adieu à la vidéo, si terrifiante et étrange dans le premier film, puisque la vidéo a été refaite, constituée ce coup-ci d’une vue subjective sortant d’un puits, avant que le dernier plan de la vidéo ne montre à son spectateur sa propre maison, depuis l’extérieur. Voilà d’ailleurs l’une des meilleures idées du métrages, cette fin de vidéo, à l’heure où la vie privée et la localisation facile via les GPS et téléphones est dans le fond un souci. Au lieu d’être dérangé par une vidéo étrange, les personnages sont dérangés par le fait que la vidéo s’adapte à son spectateur, lui rappelle bien que la malédiction sait tout de lui, sait où il se trouve. Cette idée, moins marquante à mes yeux mais intéressante, le film ne sait absolument pas quoi en faire, puisqu’après avoir exposé la vidéo devant les yeux d’une poignée de personnages, le métrage n’en fera absolument rien. Que reste-t-il donc ? Sadako !

Alors, là aussi, la déception sera énorme, puisque finalement, arrivé au bout du métrage, et vu que chaque personnage sera « tourmenté » par un fantôme bien à lui, bien personnel donc, on se demande bien… pourquoi Sadako ? Que fait elle là ? Alors oui, de temps en temps, après un bien ridicule mouvement capillaire, elle pointera le bout de son nez, histoire de rappeler que c’est censé être son film, notamment lors du final, mais que le tout semble forcé histoire de rattacher le film à la saga. Mais si encore là était le principal défaut du métrage, on lui pardonnera. Hélas… Rien ne va, que ce soit dans les personnages, au choix ridicules ou jamais intéressants, le scénario d’une mollesse folle, ses tentatives de peur bien ratées, ses fantômes qui se sentent obligés de faire bouger leurs cheveux pour faire peur (plot twist, ça ne fait pas peur), sans oublier l’aspect technique du métrage en général. Pas en terme de photographie, l’éclairage du film, bien que passe-partout et sans génie, n’est pas mauvaise en soit. Là où ça devient véritablement mauvais, c’est clairement en mise en scène, car Kimura Hisashi ne semble pas savoir quoi faire ou comment filmer ses scènes pour les rendre intéressantes. Alors dans des scènes « clés » ou d’ambiance, on le voit et on le comprend son découpage, sans génie certes, mais il est là. Mais dés que des personnages se posent pour parler dans un café, où se parlent au téléphone, c’est la catastrophe intégrale, tant on a l’impression que le réalisateur a tout filmé à deux ou trois caméras en même temps, avant de laisser le monteur se démerder, ce qui nous offre parfois un montage ultra vif pour de simples dialogues d’expositions, comme pour créer artificiellement du rythme dans un métrage qui en manque vu qu’il ne passionne guère. Inutile de rabaisser les acteurs, ils ne sont ni bons, ni mauvais, vu ce qu’on leur demande, et de toute façon, l’ambulance est déjà en feu vu tous les défauts évidents déjà évoqués, défauts souvent impardonnables et décrédibilisant le métrage dés lors que les tentatives de peur se transforment en ridicule.

LES PLUS LES MOINS
♥ Quelques rares idées ⊗ Mise en scène pas fameuse
⊗ Le film ne fait jamais peur
⊗ Sadako ridiculisée
⊗ L’utilisation abusive des cheveux
⊗ Le scénario peu palpitant et très éloigné de la franchise
note6
La pauvre Sadako, elle aura tenté la 3D, le reboot, la préquelle, le versus, et maintenant, avec Sadako DX, une modernisation à côté de la plaque, qui change beaucoup de règles et où Sadako elle-même ne semble pas à sa place.


Titre : Sadako DX – 貞子 DX
Année : 2022
Durée :
1h39
Origine :
Japon
Genre :
Fantastique
Réalisation :
Kimura Hisashi
Scénario :
Takahashi Yuya
Avec :
Koshiba Fuka, Kawamura Kazuma, Kuroba Mario, Ikeuchi Hiroyuki, Nishida Naomi, Watanabe Hiroyuki et Yagi Yuki

Sadako DX (2022) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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