[Film] Pluie d’Enfer, de Mikael Salomon (1998)


Il ne cesse de pleuvoir depuis plusieurs jours sur la petite ville d’Huntingburg. Le niveau de l’eau monte et le barrage situé en amont de la ville risque de céder. Les autorités décident d’évacuer la population. Seuls le shérif, ses adjoints et quelques habitants irréductibles restent sur place. Deux convoyeurs de fonds, Tom et Charlie, viennent chercher l’argent de la banque pour le mettre au sec. C’est le moment attendu par Jim et ses complices, bien décidés à s’emparer des trois millions de dollars qui dorment dans le coffre.


Avis de Cherycok :
Dans les années 90, le film d’action règne en maitre à Hollywood. Nikita, Terminator 2, Point Break, Rock, Les Ailes de L’Enfer, True Lies, Demolition Man, Heat, Le Fugitif … La liste est nombreuse, trop nombreuse semble-t-il pour le public au point qu’à la fin de cette décennie, le public semble avoir envie d’autre chose que d’un simple divertissement bas du front pim paf pouf boum boum. C’est peut-être pour cela que Pluie d’Enfer de Mikael Salomon s’est méchamment planté au box-office, récoltant à péniblement 20M$US pour un budget avoisinant les 70 alors que sur le papier, entre ses deux têtes d’affiches et son mélange film d’action / film catastrophe, sa route était toute tracée pour devenir un hit. Mais la sauce n’a pas pris alors que, bien qu’imparfait, le film délivre son quota de divertissement de manière plutôt correcte.

Il est vrai que le scénario est on ne peut plus basique, mais peut-on réellement reprocher ça au film alors que c’était le cas de bon nombre de blockbusters d’action des années 90 et qui ont acquis un statut de film culte ? Sincèrement non, il n’est ni plus intelligent ni plus con qu’un autre. Il va être question ici de deux convoyeurs de fonds qui vont se retrouver bloqués dans une ville où les pluies diluviennes ont pris le contrôle (en plus d’un barrage qui n’a d’autres choix que de lâcher du lest). Leur camion est en train d’être enseveli par les eaux et c’est à ce moment-là qu’ils vont se retrouver confrontés à trois voleurs bien décidés à voler le magot du camion. Mais alors que son collègue Charlie se fait tuer par les malfrats, Tom prend la fuite avec l’argent afin de le mettre en sécurité. C’est alors que commence un jeu du chat et de la souris dans une ville presque ensevelie sous la flotte, sous une pluie battante incessante. Pour mettre en scène le film, les producteurs font appel à Mikael Salomon, un réalisateur débutant puisqu’il n’avait jusque-là mis en boite que Kalahari (1993). Mais ce choix ne s’est pas fait par hasard puisque ce dernier a été directeur photo sur le Abyss de James Cameron et avait donc déjà l’expérience d’un tournage on ne peut plus humide, la majorité des scènes du film se passant dans des décors inondés ou dans des lieux bien humides. Un tournage éprouvant selon les dires de certains acteurs à cause de ces conditions particulières. Néanmoins, le résultat est des plus impressionnants avec cette immense décor de ville reconstruit dans un énorme studio afin d’être partiellement inondé. C’est vrai que le film en jette lors de ses nombreuses scènes d’action et le dosage entre film d’action et film catastrophe est plutôt bien dosé. L’un ne prend jamais réellement le dessus sur l’autre comme le souhaitait le studio qui tenait que Pluie d’Enfer reste avant tout un film d’action.

Il est vrai qu’à ce niveau-là, le spectateur ne sera pas déçu. Passé son introduction qui va rapidement nous présenter les personnages et mettre en place son histoire, le film va se lancer dans une course effrénée. Courses poursuites à pied, en bateau ou en jet ski, bastons, gunfights nombreux, on comprend pourquoi le nom de John Woo a un moment circulé pour mettre en scène le film. Ça n’arrête pas une seconde et le film est très rythmé. Trop rythmé peut-être même au point qu’il en devienne parfois répétitif dans le spectacle qu’il propose. Le scénario a beau nous balancer un retournement dans sa dernière partie, on a au bout d’un moment l’impression de revoir le même style de scènes encore et encore. Mais le problème est vite effacé grâce à la courte durée du film, 1h36 génériques compris. Il faudra faire également avec les nombreuses invraisemblances et incohérences car le film en est farci. Les plus flagrantes viennent du niveau de l’eau qui semble aléatoire en fonction des scènes ou qui monte parfois étrangement beaucoup plus vite que dans les scènes précédentes lorsqu’il est question de mettre un peu de suspense au moment présent comme lorsque Christian Slater se retrouve bloqué dans la cellule du commissariat. Mais, dans l’absolu, qu’importe tant le spectacle est généreux et qu’il semble vouloir en donner au spectateur pour son argent. Bien que Morgan Freeman semble parfois se demander ce qu’il est venu foutre dans 1m50 de flotte, les acteurs donnent de leur personne avec un Slater qui réalise bon nombre de ses cascades et qui semble vraiment croire au film au point d’en être également producteur. Mais la sauce n’a pas pris dans les salles obscures, aussi bien au niveau du public que des critiques de l’époque, bien qu’il aura fait les joies des vidéoclubs. Aujourd’hui encore, son score Metacritic atteint péniblement 36/10, le film obtient un 34/100 sur Rotten Tomatoes et, même chez nous, le film écope d’un 2.3/5 de moyenne sur Allocine.

LES PLUS LES MOINS
♥ Beaucoup d’action
♥ Très bons SFX
♥ Le casting de manière générale
⊗ Les incohérences donc
⊗ Morgan Freeman en deçà
Note :
Pluie d’Enfer ne mérite néanmoins pas le lynchage dont il fût la cible lors de sa sortie. Bien que bourré d’incohérences grosses comme pas possible, le film de Mikael Salomon est un divertissement généreux, certes bas du front mais devant lequel on ne s’ennuie pas.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Au moment du tournage, le film disposait de la plus grande toile de fond scénique peinte jamais utilisée dans un film.
• Morgan Freeman n’a pas aimé le film et a déclaré des années plus tard après sa sortie : « Est-ce que l’un d’entre vous a vu ce film ? Ne le faites pas, ne le faites pas. ». Dans une interview accordée en 1997 au magazine Empire, Minnie Driver a déclaré qu’elle détestait travailler sur le film en raison des conditions humides intenses et continues.
• Le matin suivant la première du film à Los Angeles, Christian Slater s’est présenté à la prison de Ventura City pour commencer une peine de 90 jours de prison pour des délits de drogue, coups et blessures. Il sera libéré après 57 jours et inscrit dans un programme de lutte contre la toxicomanie immédiatement après.


Titre : Pluie d’Enfer / Hard Rain
Année : 1998
Durée : 1h37
Origine : U.S.A
Genre : Que d’eau que d’eau !
Réalisateur : Mikael Salomon
Scénario : Graham Yost

Acteurs : Christian Slater, Morgan Freeman, Randy Quaid, Minnie Driver, Michael A. Goorjian, Dann Florek, Ricky Harris, Mark Rolston, Peter Murnik, Wayne Duvall

 Pluie d'enfer (1998) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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