[Film] Nobody, de Ilya Naishuller (2021)


Hutch Mansell est un homme apparemment banal et un père de famille sans histoire. Mais il souffre du trouble de stress post-traumatique, accumule tout un tas de frustrations et ne se sent pas assez considéré par les siens. Une nuit, des cambrioleurs s’introduisent à son domicile. Plutôt que de s’interposer, Hutch décide de ne pas intervenir. Cette décision lâche l’éloigne définitivement de son fils Blake et de sa femme Becca. Mais le cambriolage va aussi réveiller des instincts primaires et des compétences violentes qu’il croyait avoir oubliés. Il va alors se lancer dans une quête sanglante de vengeance pour s’assurer que plus personne ne le traite comme un moins que rien.


Avis de Cherycok :
J’avoue, je suis tombé sur Nobody complètement au hasard. Je n’en avais jamais entendu parler et je n’ai pas l’impression qu’il y ait eu beaucoup de communication autour. Je découvre même qu’il n’est pas encore sorti chez nous au moment où j’écris ces lignes (le 2 juin 2021 à priori) alors qu’il est sorti au cinéma ou en VOD un peu partout dans le monde. Et c’était une putain de bonne claque. Alors non, Nobody n’est pas le chef d’œuvre du siècle, loin de là, il n’en a d’ailleurs jamais eu la prétention. Mais en cette période de manque de films d’action qui suit cette longue période de blockbusters boursoufflés vitaminés aux CGI à foison, un film d’action aussi simple, basique, bourrin et fun que Nobody fait un bien fou ! Si vous êtes un peu nostalgiques des divertissements badass des années 80 et 90, il y a fort à parier que vous passerez un moment jouissif.

Après avoir expérimenté la vue subjective pour son premier film Hardcore Henry (2015), puis l’année suivante dans le vidéoclip False Alarm du groupe The Weeknd, Ilya Naishuller revient au long métrage avec Nobody, écrit par Derek Kolstad (John Wick) et produit par David Leitch (John Wick, Deadpool 2). Comme vous pouvez le lire dans le scénario ci-dessus, on est clairement en terrain connu. Cet ancien agent du FBI qu’on a mis à la retraite, qui essaie de refaire sa vie, mais qui à cause d’un évènement va devoir aller péter de la molaire en alignant des gnons par paquets de douze, ça n’a rien de vraiment nouveau. C’est du vu et revu, il faut l’avouer. Le film d’ailleurs en lui-même est assez prévisible, allant d’un point A à un point B sans jamais dévier d’un poil de cul de sa trajectoire. Nobody va en plus aligner cliché sur cliché à commencer par son grand méchant, un Russe très très méchant. Ah bah je vous avais dit qu’on était de retour dans les années 80/90 hein. Ajoutez à cela des personnages au final assez peu développés, tout comme l’univers du film en lui-même, et vous pourriez vous demander qu’est-ce qu’on pourrait bien trouver à ce film qui, il est vrai, n’a comme ça rien de vraiment bandant. Surtout qu’avec les Equalizer et les John Wick, on a pas mal œuvré dans le genre ces derniers temps au final. Sauf que Nobody est d’une efficacité redoutable. Ce genre de divertissement complètement badass, décomplexé au possible et qui va chercher le fun et le bourrin au point de proposer une réflexion proche du néant, quitte à tomber parfois dans l’improbable. Bordel ce que ça fait du bien ! Il a même reçu le Certified Fresh Tomatoes du célèbre site Rotten Tomatoes, c’est dire ! Certes, ça ne veut au final rien dire, tout comme une moyenne IMDB haute, mais là on peut leur faire confiance car des films qui vont à l’essentiel comme ça, sans chichi, sans fioriture, avec une efficacité à toutes épreuves, il y en a au final peu.

Si je cite les années 80/90, ce n’est pas un hasard car clairement on sent la nostalgie des films d’action de cette époque jusque dans la bande son assez géniale. Point de grosse tête d’affiche ici, c’était compliqué de se le permettre avec un budget « d’à peine » 16M$US. Mais néanmoins tout un tas de têtes connues à commencer par un Bob Odenkirk (Breaking Bad, Better Call Saul) à contre-emploi, absolument parfait en vengeur froid et ultra violent alors qu’on a plus l’habitude de le voir dans le registre de la comédie dramatique. Mais citons également Christopher Lloyd (Retour vers le Futur, La Famille Addams), Michael Ironside (Total Recall, Starship Troopers), RZA (Repo Men, L’Homme aux Poings de Fer), ou encore les artistes martiaux Alain Moussi (Kickboxer Vengeance et Retaliation) et Daniel Bernhardt (Bloodsport 2 à 4, Matrix 2) dans des petits rôles. Si Nobody fonctionne aussi bien, c’est par son action jouissive dès qu’elle se montre. Ilya Naishuller va se calmer dans ses délires visuels et proposer quelque chose de vraiment bien troussé au niveau de la mise en scène, mais également des chorégraphies fluides où chaque coup fait mal, très mal, mais aussi en termes d’inventivité afin de ne jamais lasser. Ça défonce des tronches en mode badass / punchlines à foison comme au bon vieux temps, avec un humour cynique savamment distillé. C’est ultra violent, bourrin au possible, sanglant même, parfois d’un mauvais goût assumé, mais toujours complètement jouissif au point de se marrer avec le film qui ne se prend clairement pas au sérieux et ce dès la première scène. Puis voir Christopher Lloyd s’éclater du haut de ses 82 ans, ça a une saveur assez indescriptible. Le casting s’implique à fond, on sent que les acteurs prennent un réel plaisir et rendent immédiatement leurs personnages attachants. Ajoutez à cela une très belle photographie de Pawel Pogorzelski (Midsommar, Hérédité), rendant les nombreuses scènes de nuit toujours lisibles, et vous obtiendrez un défouloir haut de gamme.

LES PLUS LES MOINS
♥ Les scènes d’action badass
♥ L’humour et les punchlines
♥ La mise en scène fluide
♥ Simple, dans le bon sens du terme
⊗ Personnages peu développés
⊗ Déjà vu
Note :
Dans le genre série B d’action qui défouraille, Nobody s’impose là. Pour son deuxième film, Ilya Naishuller nous propose un divertissement de premier choix, bourrin et jouissif à souhait. Mon coup de cœur de 2021 pour le moment, tout simplement.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Basé sur une idée de Bob Odenkirk, qui a lui-même fait face à un home invasion dont il est sorti indemne en piégeant les intrus dans le sous-sol. Il était frustré par la façon dont les autorités ont géré la situation et avait pensé à la façon dont il prendrait l’affaire en main s’il « était un dur à cuire ».
• Dans une interview précédant la sortie du film, la star Bob Odenkirk a déclaré s’être entraîné pendant deux ans pour préparer son rôle. Il est à noter qu’il est également producteur du film et que le rôle principal a été écrit spécialement pour lui.
• Une scène bonus est disponible dans le générique de fin.
• La scène où Yulian frappe aux jambes l’un des voyous (Daniel Bernhardt) dans un lit d’hôpital rappelle une scène similaire dans Birds of Prey (2020) où le même acteur a les jambes brisées par Harley Quinn.


Titre : Nobody
Année : 2021
Durée : 1h32
Origine : U.S.A
Genre : Fallait pas l’emmerder
Réalisateur : Ilya Naishuller
Scénario : Derek Kolstad

Acteurs : Bob Odenkirk, Aleksey Serebryakov, Connie Nielsen, Christopher Lloyd, Michael Ironside, Colin Salmon, RZA, Billy MacLellan, Alain Moussi, Daniel Bernhardt

 Nobody (2021) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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