[Film] Natural City, de Min Byung-Chun (2003)


2080 : Le futur, empli d’hommes et de machines. De ces deux castes va naître un amour contre nature. Elle, c’est Ria, une machine programmée pour danser. Lui, c’est R, un homme programmé pour détruire les machines rebelles. Malgré leurs différences, ils sont liés, l’un ne pouvant vivre sans l’autre. Seulement, tout cyborg possède une durée de vie limitée et Ria doit mourir dans quelques jours. Afin d’enrayer le cours du destin, R va s’allouer les services d’un cyborg savant qui prétend connaître le moyen de rallonger la vie de Ria. Mais pour cela R devra sacrifier la vie d’une humaine innocente. Dans le même temps, un cyborg de combat impitoyable poursuit la même quête : l’immortalité. L’affrontement entre l’homme et la machine s’apprête à changer le monde…


Avis de Ryô Saeba :
La SF et le cinéma asiatique n’ont jamais fait bon ménage, que ce soit à Hong Kong où le budget réduisait considérablement les opportunités, même si Tsui Hark ou encore Kirk Wong s’y sont tout de même essayé avec respectivement Wicked City et Health Warning, deux nanars tout au plus, au Japon avec récemment le très mauvais Returner, ou encore en Corée avec des films comme le médiocre Yesterday.

Mais depuis le boom du cinéma sud-coréen de ces dernières années, le budget des films Coréen devient de plus en plus important grâce à un public local grandissant et voilà que Natural City est lancé, un film de Science-Fiction à gros budget dont la photographie et les images de synthèse n’ont rien à envier au blockbusters US comme Minority Report. La grande question du jour est « y a-t-il du fond et de la profondeur derrière cette esbroufe visuelle ? » Car au niveau de la photographie, promotion et blockbuster, la Corée est beaucoup plus proche de Hollywood que de Hong Kong il faut le dire, et hormis quelques bonnes surprises comme Friend de Kwak Kyung Taek ou encore plus récemment Old Boy de Park Chan Wook, il n’y a souvent rien derrière ces belles images. Et bien malheureusement, c’est le cas de Natural City. Durant tout le film, on a une impression de déjà vu, l’histoire, les thèmes, les décors, l’action tout ça nous est familier. Et pour cause car Natural City puise dans beaucoup de gros chefs d’œuvres de la science-fiction. Ainsi la plus grosse référence qui est inévitable tant elle est énorme est celle de Blade Runner, dont la trame de départ, la plupart des décors et de l’univers sont tirés. Et puis on retrouve aussi dans les thèmes du film des références à Ghost In the Shell dans son traitement des cyborgs, ainsi que le thème souvent repris dans la science-fiction dans des œuvres telles que Gunnm ou Total Recall, de la séparation des classes, les déchets d’un côté et les riches de l’autre, vivant sur une planète paradisiaque inaccessible pour le commun des mortels. Quant aux scènes d’actions, on nous ressert du « Matrix Like » avec des ralentis et pirouettes en tout genre à outrance.

Mais imaginons un instant n’avoir jamais vu tous ces films et arrêtons de faire des comparaisons pour donner une chance au film et le voir comme entité propre, qu’en ressort-il au final ? Et bien pas grand-chose justement car tous les thèmes que le film explore ne sont finalement traités qu’en surface. Il n’y a guère que l’histoire d’amour entre R et Ria qui ressort du lot mais malheureusement elle est tellement mal introduite qu’elle peine à émouvoir. Dès les premiers plans, on nous introduit les deux personnages et leur relation sans aucun background au préalable, on se retrouve propulsé directement dans le film sans aucune explication. Le film est donc avant tout une histoire d’amour, sur fond de science-fiction, totalement inintéressante. Certaines scènes comme celle de la moto suivie de celle sous l’eau qui procurent une certaine émotion dans des films comme les Anges Déchus ou encore Secret Tears, sont ici complètement vide. Hormis ça, il reste les scènes d’actions qui sont beaucoup trop sous l’effet du ralenti constant, à l’image du combat final tourné entièrement au ralenti. Seule la séquence qui précède ce combat se révèle étonnement bonne, un peu plus brutale et spectaculaire que les scènes d’action précédentes.

LES PLUS LES MOINS
♥ Visuellement impeccable
♥ L’histoire d’amour réussie
⊗ Déjà vu maintes fois
⊗ L’action Matrix Like
Au final, même si Natural City se revendique presque comme une romance proche du film d’auteur, ce n’est rien de plus qu’un blockbuster complètement vide sans aucune saveur n’arrivant pas à se créer sa propre identité. A l’image de son pendant animé Wonderful Days, la réussite ne reste que visuelle, dommage.



Titre : Natural City / 내츄럴 시티
Année : 2005
Durée : 1h54
Origine : Corée du sud
Genre : Science-Fiction
Réalisateur : Min Byung-Chun
Scénario : Min Byung-Chun, Han Jae-Rim

Acteurs : Yoo Ji-Tae, Seo Rin, Laa Jae-Eun, Yoon Chan, Ko Joo-Hee, Jung Eun-Pyo, Shin Goo, Yun Ju-Sang, Eun Won-Jae, Kang Sung-Pil, Jung Doo-Hong

 Natural City (2003) on IMDb


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Auteur : Ryo Saeba

C’est véritablement Shaolin Soccer qui déclencha un élan de passion à partir duquel il se lança dans la vision de films sous titrés anglais. Et là ce fut le bonheur, il avait devant lui tout un pan du cinéma à découvrir, des genres propres au cinéma de Hong Kong comme le kung fu old school, les girls with guns ou encore le Wu Xia Pian...
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