[Film] Mutant, de John ‘Bud’ Cardos (1984)

Deux frères, Josh et Mike, partent en vacances dans une petite ville texanne, et constatent que beaucoup des habitants sont morts ou disparus. Quand Mike vient à disparaître, Josh fait équipe avec le shériff local et une institutrice pour le retrouver. Ils découvrent que les habitants ont été infectés par des déchets toxiques, qui les ont tous transformés en créatures à la recherche de sang humain.


Avis de John Roch :
Producteur, acteur, assistant à des postes divers et variés, chauffeur, cascadeur, dresseur d’animaux sur des tournages allant des très Z films de Al Adamson (l’homme qui tourne un film et se débrouille pour le sortir cinq fois à peine modifié) à Alfred Hitchcock (il a dressé les oiseaux dans le film du même nom), John ‘Bud’ Cardos a été également réalisateur et est pour beaucoup l’homme d’un seul film : L’Horrible Invasion, dont seule une image du métrage suffit à donner des sueurs froides à qui est arachnophobe. Pourtant, si sa carrière en tant que metteur en scène ne décollera jamais vraiment, John ‘Bud’ Cardos est un bon artisan dont la filmographie compte une dizaine de films allant de la SF au film de guerre en passant par l’horreur. A l’instar de The Dark sur lequel il remplaça Tobe hooper, John ‘Bud’ Cardos se retrouve parachuté sur le tournage de Mutant après que Mark Rosman (metteur en scène de House On Sorority Row et du remake du Sœur De Sang de Brian De Palma) se soit désisté. Certainement à cause d’un script qui à la base trouvait son inspiration dans le roman Le Fléau de Stephen King, avant d’être complètement réécrit après avoir été acheté, puis à nouveau modifié à la demande du producteur de Mutant, qui par ailleurs s’est barré avec la caisse de sa société après le four du film et n’est jamais réapparu depuis. Si l’on en saura jamais plus sur le script de base qui s’annonçait plus ambitieux, en l’état, John ‘Bud’ Cardos s’en tire honorablement avec Mutant, qui commence comme un film de rednecks avec ces deux frangins partis en road trip qui échouent dans une petite ville sudiste dont les habitants ne voient pas d’un bon œil le passage des rats des villes dans leur bourgade.

Mais cette petite introduction n’est là que pour planter le décor et présenter les personnages du métrage. Rapidement, l’intrigue va dévoiler son coté horrifique avec l’introduction des mutants du titre qui va aller crescendo dans l’ampleur des attaques jusqu’à la classique prise d’assaut en masse d’un lieu barricadé par les derniers survivants. Dans la forme, Mutant prend la structure du film d’horreur classique avec des scènes horrifiques qui montent en puissance jusqu’au final. Scènes qui en même temps dévoilent de plus en plus la menace : les habitants de la bourgade qui ont muté après avoir été contaminés par un produit chimique déversé par une usine pharmaceutique locale. Mutants qui rappelle des zombies en plus vivaces, mais pas que. Le produit chimique détruisant les globules rouges, c’est de sang dont ils doivent se nourrir, ce qui les rapproche d’avantage des vampires, sensibilité au soleil incluse. Sang mutant acide qui lui renvoie à Alien. L’originalité, c’est que les mutants se nourrissent via une plaie béante située dans le creux de la main qui suce et crame les victimes. Pas de morsures ou de viscères extirpés des cavités du corps donc, le film est de toutes façons chiche en moments sanglants, exception faite de quelques effets spéciaux discrets mais qui font le job dès lors que les transformations ont lieu. Mais malgré tout, les scènes impliquant les mutants sont correctement emballées avec une certaine énergie, la photographie est assez bien fichue dès lors que l’action se passe de nuit, certaines morts des personnages sont surprenantes avec parfois un petit coté jusqu’au-boutiste (les enfants ne sont pas épargnés), et il y a quelques bonnes idées ici et là.

Coté horrifique, Mutant, sans pour autant être une bombe ou un modèle du genre, s’en tire plutôt bien malgré quelques imperfections qui concernent les mutants eux-mêmes. Leur maquillage est pour ainsi dire un rien cheap, et pour des créatures sensées être rapides et vivaces, il est dommage que dans la plupart de leurs apparitions, les figurants ne font rien d’autre que d’agiter les bras en donnant un coté « agrougrou, je suis menaçant » de loin en faisant quelques pas vers leurs proies. L’Horrible Invasion nous l’avait montré, Mutant le confirme : si John ‘Bud’ Cardos est un bon artisan lorsqu’il s‘agit d’action, il peine en revanche à rythmer ses scènes d’exposition. La faute à une mise en scène qui a contrario de celles où figurent les mutants, s’avère être plate. Il y a quelques petites longueurs ici et la, d’autant plus que s’ils ne sont pas forcement mal écrits, les personnages tiennent du déjà vu. Incarnés par un casting de gueule parmi lesquelles figurent Wings hauser, Bo Hopkins (qui, après Sweet Sixteen sorti l’année précédente, revêt une nouvelle fois l’uniforme) on retrouve le shérif alcoolique au passé lourd qui à une relation je t’aime moi non plus avec la doctoresse du coin, le héros venu de la ville qui va emballer la pépé du coin moins redneck que la moyenne, la propriétaire d’une maison d’hôte qui cache quelques squelettes dans son placard. Il y a aussi Albert le redneck, l’habituelle menace humaine qui s’ajoute à celle surnaturelle qui apparaît ponctuellement dans l’intrigue comme un cheveu sur la soupe. L’intrigue justement, si elle n’est pas forcement désagréable malgré les petites longueurs susmentionnées, il est dommage qu’elle ne développe pas d’avantage certains éléments au profit d’autres parfois superflus. Il aurait été par exemple plus pertinent de s’attarder sur la relation entre les deux frangins, dont l’un disparaît en début de bobine pendant que l’autre est à sa recherche en même temps qu’il enquête sur les événements, ce qui aurait permis de donner un peu plus de puissance à leur retrouvailles qui n’a au final aucun impact puisque d’une part, le spectateur a un train d’avance sur cette partie de l’intrigue, et d’autre part celle-ci passe trop souvent au second plan. L’origine des mutants est également expédiée en deux temps trois mouvements, amoindrissant ainsi la thématique écologique du film. Au final, Mutant est un métrage imparfait et qui n’a rien de transcendant, mais reste une série B honnête et sans prétention.

LES PLUS LES MOINS
♥ La mise en scène sympa lors des attaques des mutants…
♥ La photographie des scènes nocturnes
♥ Le casting
♥ De bonnes idées
♥ Les effets spéciaux discret mais qui font le job…
⊗ … mais plate lors des scènes d’exposition
⊗ Quelques petites longueurs
⊗ Le maquillage des mutant un peu cheap
⊗ … mais trop discret

Mutant est un métrage imparfait et qui n’a rien de transcendant, mais reste une série B honnête et sans prétention. Pour un produit du genre, là est l’essentiel.


Mutant est disponible en Combo Blu-ray DVD chez Rimini Editions pour 24.99€.

En plus du film, on y trouve un livret de 24 pages écrit par Marc Toullec.



Titre : Mutant / La nuit des mutants / Night shadows
Année : 1984
Durée : 1h39
Origine : U.S.A
Genre : La nuit des morts-mutants
Réalisateur : John ‘Bud’ Cardos
Scénario : Michael Jones, John C. Kruize et Peter Z. Orton

Acteurs : Wings Hauser, Bo Hopkins, Jody Medford, Lee Montgomery, Marc Clement, Cary Guffey, Jennifer Warren, Johnny Popwell

Mutant (1984) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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