[Film] Men in Black, de Barry Sonnenfeld (1997)

Chargés de protéger la Terre de toute infraction extraterrestre et de réguler l’immigration intergalactique sur notre planète, les Men in black ou MIB opèrent dans le plus grand secret. Vêtus de costumes sombres et équipés des toutes dernières technologies, ils passent inaperçus aux yeux des humains dont ils effacent régulièrement la mémoire récente : la présence d’aliens sur notre sol doit rester secrète.
Récemment séparé de son vieux partenaire, retourné à la vie civile sans aucun souvenir de sa vie d’homme en noir, K, le plus expérimenté des agents du MIB décide de former J, un jeune policier. Ensemble, ils vont affronter une nouvelle menace : Edgar le cafard…


Avis de John Roch :
À une époque où le conspirationnisme et les fake news sont devenus une mode depuis l’élection d’un authentique psychopathe à la Maison Blanche, et depuis l’apparition d’un certain virus, revenons sur l’une des thèses les plus célèbres : les hommes en noir. Vous savez, ces employés d’une branche secrète du gouvernement qui rendent une visite à ceux qui se la jouent David Vincent, pour éviter d’ébruiter une quelconque rencontre du troisième type. Et comme toujours dans les thèses conspirationnistes, beaucoup y mettent leur grain de sel mais personne n’est d’accord, tantôt bienveillants, tantôt malfaisants, parfois humains, parfois E.T, la représentation des hommes en noir est diverse et varié, mais c’est avec Men in Black que leur côte de popularité va exploser. Adaptation d’un comic book créé en 1990 par Loxell Cunningham, les droits sont achetés dès 1992, un scénario est écrit, mais la production est indirectement freinée par Barry Sonnenfeld, occupé par Get Shorty, qui est le premier choix des producteurs pour mener le projet à terme. Après avoir essuyé les refus de Quentin Tarantino et de John Landis, Men in Black revient sous l’aile de Sonnenfeld en 1996 et sort l’été de l’année suivante. Succès surprise de l’année 1997, et surprise tout court de cette année, Men in Black fait partie de cette espèce en voie d’extinction : le blockbuster estival certes commercial, mais qui ne prend pas son public pour une vache à lait, la machine Hollywoodienne à une époque où elle faisait encore rêver.

Men in Black est une origin story, qui va introduire tout un univers sur moins d’1h40. Une durée qui parait faible pour l’exercice, mais que nenni, le contrat est rempli avec brio. A l’heure où beaucoup pensent que la durée d’un film doit se faire de plus en plus longue pour développer correctement son univers, il serait bon de se rappeler que si le script est bien écrit et sait éviter de se perdre dans des moments inutiles, un film peut durer moins de deux heures, témoin est ce Men in Black qui en matière de scénario tient presque de la perfection. Pour cela, le métrage se débarrasse de tout élément superficiel et va à l’essentiel en introduisant dès les premières minutes les fameux hommes en noir dans une scène qui va texto les caractériser en les mettant face à des agents de l’immigration en plein contrôle de routine. Car grosso merdo, les Men in Black en sont, des agents de l’immigration, qui régulent les entrées et sorties des aliens sur le territoire. Les aliens sont des immigrés qui soit fuient des guerres, sont soit intègres et se sont adaptés au mode de vie terrien, ou plus grave sont là pour faire péter la planète. Men in Black serait-il une allégorie de la peur de l’immigration ? Venant du réalisateur qui a fait voler en éclat l’American way of life renvoyant directement à la gueule de l’Amerique bien pensante son mode de vie aseptisé et pseudo parfait dans Les Valeurs de la Famille Adams, ce n’est pas impossible.

Dans Men in Black, c’est donc tout un univers original qui est développé. Pour ce faire, le scénario le fait découvrir au spectateur en même temps que J, nouvelle recrue du MiB. Et pour éviter de se perdre dans des scènes d’expositions inutiles, le scénario choisit la voie de la course contre la montre dès son arrivée au sein de l’équipe, car la planète est menacée par une bestiole, qui déclenche un début de guerre intersidérale. Ce qui ne veut pas dire que le script se débarrasse du développement des personnages pour centrer son récit sur l’action, au contraire, ceux-ci sont caractérisés ce qu’il faut pour les rendre attachants et les faire exister à l’écran. C’est donc entre deux scènes d’action que les dialogues font progresser les personnages, ainsi le duo de men in black est totalement opposé : J est une jeune recrue qui découvre un nouveau monde tandis que K lui en a trop vu, et se remet en question quant à son choix de disparaître aux yeux du monde et aux sacrifices que cela a impliqué dans une scène discrète mais touchante. Ça fonctionne d’autant plus que le casting est parfait, Will Smith est impeccable, Tommy Lee Jones aussi en bourru qui ne laisse passer aucune émotion, mais c’est Vincent D’Onofrio qui vole la vedette en Edgar Bug, le gars est parfait dans le rôle d’un cafard géant coincé dans une enveloppe charnelle trop petite pour lui, d’autant plus qu’elle décrépie de plus en plus au fur et à mesure que l’intrigue progresse. Quant à l’univers du film, celui ci est non seulement bien exploité, mais également crédible en associant des événements qui ont marqués l’histoire aux agissements des aliens, ou en faisant de stars des extra terrestres, parfois amusants (Stallone, Dany DeVito), parfois faciles (Elvis). Les aliens sont tous aussi réussis et originaux les uns que les autres, rendus crédibles par les effets spéciaux déments de Rick Baker, récompensé d’un oscar pour son travail, qui ont réussis à traverser les âges sans prendre une ride. On en dira pas autant des CGIs qui ont pris une légère baffe, mais à une époque où ceux-ci n’étaient employés qu’en cas de nécessité, ils sont tellement rares qu’on n’y prête pas attention.
Men in Black est rempli de bonne idées, les aliens donc, mais aussi des armes farfelues comme le cricket, flingue petit mais costaud, ou le neurolaser qu’on a tous rêvé de posséder au moins une fois, ne serait-ce que pour effacer un souvenir gênant d’une soirée trop arrosée. En définitive, Men in Black est un excellent divertissement, et un excellent film, rempli d’action et d’humour, sans pour autant laisser de coté son univers ou ses personnages.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un rythme parfait
♥ Un univers crédible
♥ Un scenario qui va à l’essentiel et qui ne se perd jamais dans l’inutile
♥ Le casting impeccable
♥ Les créations de Rick Baker, toujours aussi parfaites
♥ De l’action et de l’humour à tout les niveaux
♥ Des idées toutes aussi bonnes les unes que les autres
⊗ Des CGIs rares mais qui ont légèrement vieillis.
Rythmé, drôle, rempli de bonnes idées, porté par un casting solide, la liste des qualités de Men in Black est longue. Un excellent divertissement qui n’a pas pris une ride.

LE SAVIEZ VOUS ?
• La première fois que Steven Spielberg, producteur exécutif, a appelé Will Smith pour lui parler du film, celui-ci a cru à une blague
• Will Smith a improvisé la ligne de dialogue « Il pleut des Blacks à New York ? ».
• Les lunettes de soleils portées par les Men in Black sont le modèle Predator 2 de Ray-Ban. Après la sortie du film, les ventes de ces lunettes ont triplées et sont passées de 1.6 à 5 millions de dollars de recette


Titre : Men in black
Année : 1997
Durée : 1h38
Origine : U.S.A
Genre : The galaxy defenders
Réalisateur : Barry Sonnenfeld
Scénario : Ed Solomon

Acteurs : Will Smith, Tommy Lee Jones, Vincent D’Onofrio, Rip Torn, Linda Fiorantino, Tony Shalhoub, Siobhan Fallon Hogan, Mike Nussbaum, Jon Gries, Carel Struycken, un sosie d’ Emmanuel Macron

 Men in Black (1997) on IMDb


 

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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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