[Film] Les Traqués De L’An 2000, de Brian Trenchard-Smith (1982)

Dans un futur proche, sous un régime totalitaire, la chasse aux déviants est ouverte. Que vous soyez à peine soupçonné de prostitution, ou bien que vous vous exprimiez un peu trop librement, vous aurez droit au camp de rééducation. Au programme de l’établissement : séances de torture, gardiens sadiques et même organisation de chasse à l’homme.


Avis de John Roch :
Avec Les Traqués De L’An 2000, Brian Trenchard-Smith voyait les choses en grand. Nanti d’un budget confortable, son film devait être un récit d’anticipation se déroulant dans un état totalitaire. Le problème, c’est qu’il arrive au mauvais moment, quand le gouvernement d’Australie réduit le budget alloué à la culture, donnant un coup à une industrie cinématographique pourtant en grande forme. Son budget, Brian Trenchard-Smith le voit fondre de presque un tiers, le temps de tournage alloué également, quinze jours avant le premier tour de manivelle, le forçant à arracher du script les pages les plus ambitieuses et à se recentrer sur l’action. Les acteurs apprennent ça à même le plateau, les plus prestigieux font la gueule et renient ce qui est passé de récit de SF à métrage qui coche toutes les bonnes cases du cinéma d’exploitation, qui fut de plus l’objet d’un petit scandale à sa sortie pour sa violence gratuite et décomplexée. Il est clair que de fond, bien qu’il reste un petit relent du script d’origine, il ne faut pas en chercher dans Les Traqués De L’An 2000. Il s’agit d’un spectacle plus bête que méchant sans temps morts, bourrin et jouissif.

Ne cherchez donc pas de traces d’état totalitaire, vous n’en verrez pas, si ce n’est via des stock shots d’émeutes pour montrer que c’est la merde sans que l’on comprenne pourquoi, mais ça chauffe dans les rues. Mais puisqu’il n’y avait pas de pognon, Brian Trenchard-Smith va à l’essentiel et nous présente les protagonistes en deux temps trois mouvements, à renfort de tous petits flashbacks juste ce qu’il faut pour les connaître. Lui est un genre de leader de la résistance dur à cuire, elle s’est juste retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Il y a aussi un troisième personnage, caractérisée en un mot (c’est une prostituée. Voila, simple mais efficace), et d’autres qui vont les rejoindre dans un camp de redressement qui se résume à trois grandes tentes plantées sur un terrain vague. Il n’empêche que le camp, tenu par des gardiens castrés pour les rendre plus méchants, comme dans tout bon WIP qui se respecte, il fait peur : on y tabasse à mort des gamines pour montrer aux nouveaux arrivants que ça plaisante pas, on brûle vif ceux qui tentent de s’échapper et vaut mieux rester trop longtemps sous la douche. Le camp organise aussi une chasse à l’Homme, faisant miroiter liberté si il survit à qui accepte de s’y risquer, visiblement réservée aux hauts fonctionnaires et à la haute bourgeoisie, là encore sûrement des bribes du script d’origine qui laisse entrevoir une forme de lutte des classes.

Les Traqués De L’An 2000 est pour résumer une chasse du Comte Zarof se déroulant dans un futur dystopique. Quatre chasseurs, cinq proies qui ne vont pas tarder à prendre les armes pour se défendre, c’est tout ce qu’il faut à Brian Trenchard-Smith pour livrer un survival, bourrin et dynamique. Les Traqués De L’An 2000, c’est une succession quasi ininterrompue d’action où la violence est représentée de manière brutale typique de l’époque. C’est régressif mais jouissif, et en plus c’est généreux. Le film, malgré son maigre budget, en montre un maximum, le rythme est plus que satisfaisant, c’est filmé de manière dynamique, et paysage de l’Australie mis à contribution oblige, c’est très agréable à l’œil. Tout comme le film dans son entièreté, si ce n’est un coté un peu kitch (le mini tractopelle orange flashy…) et un manque de moyens parfois flagrant (le final, bien que spectaculaire est limité). On regrettera aussi que malgré tout, Brian Trenchard-Smith n’ait pas donné un peu plus de profondeur à ses personnages, parce qu’à part ce chasseur accompagné d’une bête de foire et une aristocrate perverse que l’on retiendra plus pour leur coté haut en couleur que pour leur personnalité, on ne peut pas dire qu’ils brillent par leur utilité ou leur présence et au final on ne s’attache à personne et tout ce que l’on attend c’est qu’ils se fassent massacrer, ou qu’ils massacrent selon là où vous en êtes dans le film. Reste que ça, Les Traqués De L’An 2000 le fait très bien. C’est pas très fin, c’est régressif mais aussi jouissif, généreux, très bien rythmé et en plus visuellement c’est loin d’être vilain. En voila un qui n’a pas volé sa réputation de classique de l’Ozpoloitation.

LES PLUS LES MOINS
♥ C’est très bien rythmé
♥ C’est généreux
♥ Un spectacle régressif mais jouissif
♥ Les décors naturels
♥ Le dynamisme de la mise en scène
⊗ C’est pas très fin
⊗ Le manque de pognon qui se sent parfois

Classique de l’Ozploitation, Les Traqués De L’An 2000 est surtout connu pour sa violence gratuite et décomplexée. Il est clair que ce n’est pas très fin, que le spectacle est purement régressif, mais c’est aussi un film plus bête que méchant, jouissif, généreux, très bien rythmé et en plus visuellement c’est loin d’être vilain.



Titre : Les Traqués De L’An 2000 / Turkey Shoot
Année : 1982
Durée : 1h33
Origine : Australie
Genre : Que la chasse commence
Réalisateur : Brian Trenchard-Smith
Scénario : Jon George, Neill D. Hicks et George Schenck
Acteurs : Steve Railsback, Olivia Hussey, Michael Craig, Carmen Duncan, Noel Ferrier, Lynda Stoner, Roger Ward, Michael Petrovitch, Gus Mercurio
Turkey Shoot (1982) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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