Quand un sceptre magique transporte accidentellement la journaliste April O’Neil dans le Japon du XVIIe siècle, les quatre Tortues Ninja se précipitent à sa rescousse !
Avis de John Roch :
Shredder définitivement mort, les tortues ninja peuvent passer à autre chose dans le troisième et ultime volet. Alors qui va se frotter aux frangins cette fois ci ? Bebop et Rocksteady, après avoir été remplacés par les gogols Tokka et Rahzar ? Non. Krang ? Non plus. Quelqu’un d’autre ? Toujours non, et pourquoi pas un voyage dans le temps, vaguement basé sur deux volumes du comics ? Comment ça non, non et non ? De toute façon pas le choix, c’est bien dans cette voie que s’est engouffré Les Tortues Ninja 3, pour le pire épisode jamais fait, films originaux, remakes et reboots compris. Par quoi commencer ? C’est la première question que je me suis posé dès que j’ai entamé cette chronique après avoir éteint la télé, épuisé par ce film. Oui, épuisé, je suis pourtant le premier à défendre les tortues ninja, même les récents pourtant si mal aimé mais ici, aucun argument serait valable pour tenter de donner un minimum envie de faire découvrir le film à quiconque, c’est même le contraire. Alors je vous le dis, je le crie, fuyez Les Tortues Ninja 3 !
Japon, 1604. Le pays est déchiré en deux, d’un coté le seigneur Norinaga, qui sympathise avec le commandant Walker, un Américain qui tente par la force et ses canons d’imposer un accord commercial entre le Japon et les U.S.A., et de l’autre les rebelles qui s’opposent à cet accord. Kenshin, le fils de Norinaga, fait partie de cette faction, menée par Mitsu, dont il est amoureux. Pendant ce temps, de nos jours à New York, April O’Neil rend visite aux tortues ninja pour leurs ramener des cadeaux qu’elle a déniché aux puces, après un générique où les résidus du ninja rap se font encore sentir. Parmi les breloques, un sceptre ancien. Pendant ce temps au Japon, Kenshin découvre lui aussi le sceptre et l’active, pendant qu’April l’a en main dans le présent. L’objet est en fait une machine à voyager dans le temps, et Kenshin et April échangent leurs places dans leurs époques. Aux tortues d’aller dans le passé pour récupérer la journaliste. Ils vont échanger leurs place avec quatre guerriers, dont Casey Jones va s’occuper.
Le principe du voyage dans le temps au cinéma est casse gueule : des incohérences sur la temporalité aux conséquences des actions passées sur le futur, ce genre d’exercice a 1001 pièges à éviter pour que l’œuvre soit crédible, Les Tortues Ninja 3 n’en à rien à foutre. Déjà de mettre en parallèle les deux époques ruine complètement le principe du voyage dans le temps, l’échange entre Kenshin et April est rien de plus qu’une facilité du scénario pour justifier le thème, avec une approche débile : ceux qui s’échangent dans le temps doivent avoir la même corpulence, en découle donc que les Japonais sont taillés comme des gonzesses. Ne nous attardons pas sur les quatre guerriers qui n’ont pas d’équivalent à la carapace des tortues (de plus comment ceux ci ont pu tenir le sceptre ensembles en pleine bataille, chacun sur un cheval ?).
Et maintenant un petit cours d’histoire. Le saviez vous : le premier Américain a avoir entamé une relation commerciale avec le Japon est le commodore Perry qui, armé de canons, a terrifié les habitants de l’archipel et a imposé l’ouverture du pays du soleil levant au commerce international. Walker, le méchant gaijin du film en est une incarnation, cela ne fait aucun doute. Un film qui veut donner un cours d’histoire aux plus jeunes, c’est bien, ça donne un coté ludique, où est le problème ? Et bien le voici : Perry a mis les pied sur le sol Nippon pour la première fois en 1853, le film se passe en 1604, date à laquelle selon Leonardo les échanges commerciaux entre les deux pays à débuté. Alors certes, les films à base de sauts dans le temps sont la cible préférée des chasseurs de faux raccords, qui passent au crible les métrages pour relever les anachronismes : un film de 1953 diffusé pendant l’ année 1951, une chanson de 1987 qui passe sur une radio de 1985, ou le dernier jean levis de juin 1995 porté en mai de la même année ou que sais je encore. Mais ici, se planter de deux cent cinquante ans (250 ans !), c’est prendre son public pour une buse, tout simplement, et ceci peut importe le publique visé.
S’il est historiquement erroné et que le voyage dans le temps est tout pété, quand est-t-il du reste du scénario ? C’ est une abomination. Les dialogues déjà, il y en a trop, à un point où on pense à voix haute “mais fermez vos gueule!” qui vient du fond du cœur. Les tortues et April ne s’arrêtent jamais de causer, une torture. Vous voyez l’hystérie des dialogues de L’Arme Fatale 4, pourtant un pionnier en la matière ? Multipliez-le par quatre. De plus, ils sont d’une pauvreté affligeante, aux mots branchés de l’époque et blagues sur les Japonais ridicules et clichés s’ajoutent des lignes sûrement improvisés à même le plateau, aucun scénariste ne peut accoucher d’autant de pages de parlotte non-stop. Le scénario a également des idées étranges, comme de faire des Kappas (créature mythologique Japonaise) des sosies des tortues ninja. Ces dernières sont alors persuadées qu’elles en sont les descendantes, en oubliant sans doute qu’elles sont nées dans le New Jersey, grâce à un produit radioactif. Le film donne également un double rôle à Elias Koteas : Casey Jones et ce qui semble être l’un de ses ancêtres, à l’intérêt limité (le gentil qui est en fait méchant pour mieux redevenir gentil). Coté personnage, le quintette est donc insupportable, et c’est Casey Jones qui est le personnage le plus fun du film. Attention, il revient mais hors de question qu’il se batte, il ne faudrait pas choquer les parents (il s’en chargera en interprétant son meilleur rôle dans le Crash de David Cronenberg, un choc quant on associe l’acteur à Casey Jones). Il sert donc de moteur comique aux scènes se passant dans le présent, certes navrantes mais bien plus drôles que les aventures des tortues. Ces dernières ont par ailleurs perdu en charisme, elles ressemblent désormais à des figurines géantes aux yeux tout gros tout mignons, aux expressions limitées, ce qui enlève la seule qualité sur laquelle les deux premiers opus étaient inattaquables. Et ce n’est rien comparé à Splinter, une marionnette super cheap qui ne fait illusion à aucun moment. Reste les scènes d’action, où les tortues redistribuent enfin des coups de tatanes et se resservent de leurs armes. Mais à la vue du reste du film, on ne prend aucun plaisir à les regarder, on prie pour que le film finisse vite.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Casey Jones et ses nouveaux potes d’un autre temps ♥ …heu… ♥ On entend la chanson Tarzan boy de Baltimora à un moment (et au bout du générique de fin, si toutefois vous le regardez) |
⊗ Les tortues sont d’une laideur ⊗ Scénaristiquement raté ⊗ Donne envie d’acheter un casque anti bruit ⊗ Un film insupportable, tout simplement. |
Si Les Tortues Ninja 3 a mis fin aux aventures cinématographiques des quatre frères, ce n’est pas pour rien. Ratant tout ce qu’il entreprend, ce film est une abomination qui ne plaira ni aux grands, ni aux petits. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• En V.O, Walker (Stuart Wilson) est appelé le “Zorro dude” par les tortues. Stuart Wilson jouera plus tard dans le masque de Zorro.
• Mitsu apparait dans le jeu TMNT: Tournament fighters sur super Nintendo, le personnage s’y nomme Aska .
• Les têtes de Michelangelo et Leonardo qui ont servi au film ont été acheté 3800 dollars par Michele Ivey, une fan.
Titre : Les tortues ninja 3 / Teenage Mutant Ninja turtles 3
Année : 1993
Durée : 1h36
Origine : U.S.A
Genre : Torture ninja
Réalisateur : Stuart Gillard
Scénario : Stuart Gillard
Acteurs : Paige Turco, Elias Koteas, Stuart Wilson, Sab Shimono, Vivian Wu, Eidan Hanzei, John Aylward, Mark Caso, Matt Hill, Jim Raposa, Corey Feldman, S